Que penser de Roger Federer ? A moins de 2 semaines de Roland Garros, le Suisse est bien loin d’avoir retrouvé sa forme optimale. Avec 2 victoires pour autant de défaites sur terre battue cette saison, le numéro 1 mondial inquiète. Analyse.
Roger est‐il vraiment en méforme ?
Depuis le début de la saison sur terre, Roger Federer n’a disputé que 4 matches. Quatre petites parties pour juger de l’état de forme réel du numéro 1 mondial, c’est peu. Toujours est‐il que le niveau de jeu affiché dans chacune de ces parties est pour le moins inquiétant. Roger peine au service et galère avec sa première balle qui ne passe pas dans les moments importants (on se souvient de ces derniers jeux face à Gulbis dans la 3ème manche où Federer n’avait pas claqué la moindre première). Dans l’échange, le Suisse se montre souvent brouillon, et surtout très impatient. Mal placé, il multiplie les bois et les fautes directes. Face à des terriens de la première heure tels Montanes, cela ne pardonne pas. Alors comment expliquer ces faiblesses pour un joueur qui a pourtant fait ses preuves sur terre battue par le passé et qui était, d’autant plus, dans une forme exceptionnelle en janvier dernier à Melbourne ?
Premièrement, Roger manque de matches, de rythme, et donc de situations de jeu en compétition. Depuis l’Open d’Australie, il n’a disputé que 7 petits matches quand ses collègues du circuit les ont accumulés entre Indian Wells, Miami, Monte Carlo, Barcelone ou encore Rome. Ensuite sur les 4 matches perdus depuis Melbourne, 3 ont échappé au Suisse 7⁄6 ou 7⁄5 au troisième set (Baghdatis, Berdych et Gulbis). Au manque de rythme pourrait donc s’ajouter un petit manque de confiance. Enfin, n’oublions pas que Federer a dû stopper toute activité sportive pendant quelques temps en février dernier, la faute à une sérieuse infection pulmonaire qui a peut‐être fait plus de mal que prévu.
Federer peut‐il réellement prétendre à la défense de son titre à Madrid ?
La question mérite d’être posée. Bien que tête de série numéro 1 et tenant du titre, le Suisse n’est clairement pas favori sur la terre battue madrilène. Les Nadal, Verdasco, Ferrer arrivent nettement plus affûtés que lui et en l’état actuel des choses, bon nombre de joueurs du tableau apparaissent en mesure de poser des problèmes au Suisse. D’autant plus que son aura reconquise en janvier dernier en a pris une sérieuse claque avec l’accumulation de ces défaites prématurées. Néanmoins Federer reste Federer. En quelques coups de raquette, le Suisse peut toujours mettre n’importe qui à 3 mètres de la balle et revenir dans des matches mal embarqués. Avec quelques victoires en plus dans sa besace, l’actuel leader du classement ATP pourrait rapidement retrouver un niveau de jeu digne de son rang. Signalons enfin que depuis son élimination à Miami, le Suisse clame qu’il s’entraîne dur et meurt d’envie de rejouer des matches sur terre. Peut‐être qu’à Madrid les heures de travail accumulées porteront (enfin) leurs fruits.
Faut‐il s’inquiéter pour Roland ?
Roland Garros approche à grands pas et cela fait longtemps que le Suisse n’est pas arrivé Porte d’Auteuil avec un ratio victoires/défaites sur terre aussi faiblard (pour le moment). L’an passé, avant d’attaquer Madrid, Roger avait tout de même atteint le dernier carré à Rome en ratant de peu une qualification pour la finale. Cette saison, tant les résultats que le niveau de jeu affiché ne poussent pas au positivisme. Mais cette année la donne a changé. Federer n’arrive plus dans la peau de ce joueur obnubilé par la conquête d’un premier titre à Roland. Cette fois, c’est fait, il l’a sa réplique de la Coupe des Mousquetaires. Le défi consiste « juste » en la défense de ce titre, et c’est bien différent. « Finalement, il y aura moins de pression » concède Federer. « Les années passées, je ressentais énormément de pression parce que je basais une grosse partie de ma préparation sur ce tournoi, et ce dès décembre puis février. Je reprenais en avril, tout était fait pour que je sois le plus en forme possible à Roland Garros. Et cette fois, je n’ai pas à faire tout cela puisque j’ai déjà gagné le tournoi. Désormais, j’ai juste à me concentrer à jouer du bon tennis et à profiter du séjour, ce qui n’a pas toujours été le cas pour moi dans le passé. » Et si la réponse était là ? Et si Roger avait, même inconsciemment, un peu trop relâché la pression à l’approche de Roland ? Le Suisse n’en reste pas moins un formidable compétiteur doté d’un égo et d’une fierté de champion. « Défendre la Coupe des Mousquetaires et les 2000 points qui vont avec n’est pas quelque chose de simple. J’en suis bien conscient. Mais j’aime ce genre de défis. »
Plus récemment le Suisse affirmait ne pas s’affoler malgré la mauvaise passe du moment : « Je ne suis pas inquiet. Mon but n’est pas de remporter 12 tournois pendant l’année. L’important ce sont les gros évènements : les Masters 1000, les Grands Chelems, l’ATP World Tour Finals et rester n°1 mondial. »
Très Bien. Il va donc falloir s’y mettre, et dès cette semaine Roger.
Publié le lundi 10 mai 2010 à 18:38