La déception est énorme tant on attendait de cette demi‐finale. En trois petites manches, David Ferrer a annihilé avec une froideur chirurgicale les espoirs de voir enfin un Français revenir en finale de Roland. 6–1 7–6(3) 6–2 et un match à déjà oublier pour Tsonga. Difficile tant on imagine qu’elle laissera des traces indélébiles dans l’esprit du tricolore…
Un début catastrophique
On ne pouvait pas imaginer pire début de match pour Jo. Devant débuter face à des tribunes clairsemées, vidées de tant de soutiens potentiels, le Français doit composer par ses seuls moyens contre un David Ferrer en jambes. Bien que doté de belles dispositions physiques et techniques, Jo n’est pas le même à Roland sans ses supporters. Sur le premier jeu de Ferrer il ne peut rien. Et sur sa mise en jeu, il est crispé et se fait très rapidement breaker une fois. Puis une deuxième fois. A 5–0 et trois balles de set pour Ferrer, on voyait de loin le bagel arriver. Il n’en a rien été. Avec un peu d’orgueil, Jo met son petit jeu dans ce set (6−1, tout de même)et entretient l’espoir de ne pas voir une déroute. Le public est maintenant de retour, il va falloir se réveiller !
Des montagnes russes assassines
L’entame de cette deuxième manche est tout autre. Sensiblement plus concerné, Jo s’applique sur sa mise en jeu et devient plus constant, notamment en revers. En face, Ferrer semble un peu surpris par le regain de confiance du Français. Tsonga déroule et s’offre un break blanc immaculé qu’il confirme derrière. La machine est lancée ? Pas vraiment. La révolte de l’Espagnol ne s’est pas faite attendre et avec une agressivité décuplée, il en met nettement plus dans ses coups. Non seulement Ferrer débreake, mais il prend une nouvelle fois le service de son adversaire pour mener 4–3. S’envole‐t‐il lui aussi ? Ah non. Tsonga en remet une couche et débreake à son tour. L’ambiance est pesante, bizarre. Après le match incroyable qui a opposé Djokovic à Nadal, le flottement règne, le public n’y est pas encore. Jo, qui mène 5–4, tente tout ce qu’il peut pour terminer le travail mais Ferru tient bon. Le Français peste et s’en prend à l’arbitre, aux ramasseurs, à qui voudra entendre ses plaintes. Le tie‐break qui vient va finalement s’imposer comme un nouvel uppercut donné au numéro 1 tricolore. L’Espagnol totalement en roue libre et impressionnant au service – ce même service que Jo n’a pas depuis le début de la rencontre – asphyxie Tsonga. Une dernière petite amortie impossible et David termine ce set 7–6(3). Il faudra un exploit.
Une irrégularité qui coûte cher…
Plus le droit à l’erreur pour Jo donc. Du moins en théorie. Complètement libéré, David Ferrer lâche tous ses coups. Tsonga n’est là que par intermittence. Terminé le revers monstrueux. Adieu service impérial. Plus rien n’y est dans cette demi‐finale et la déception grandit au fur et à mesure que les jeux viennent s’empiler dans la poche d’un intraitable Ferrer. Lui aussi après tout tient à sa toute première finale en Grand Chelem après avoir échoué cinq fois à ce stade de la compétition. L’Irrégularité du Français est une trop belle occasion qu’il ne peut laisser passer. En 2h06, David va plus vite que la nuit et s’impose 6–1 7–6(3) 6–2. Il pourra se reposer demain. Tsonga aussi d’ailleurs, mais avec un arrière goût d’inachevé terriblement amer dans la bouche. Que s’est‐il passé ? La pression ? Un adversaire vraiment trop puissant ? Un manque d’engouement suite à une victoire de prestige contre Federer ? Nul ne sait comment analyser, comme ça, à chaud, ce nouvel échec sur terre battue, une surface sur laquelle il n’a jamais disputé de finale dans toute sa carrière. Il faudra revenir l’année prochaine. Et ne pas s’arrêter à un seul exploit cette fois‐ci.
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Publié le vendredi 7 juin 2013 à 20:36