Depuis le début de l’année, les joueurs Français alternent le bon et le moins bon sur le circuit et dans les Grands Chelem. Alors, y a‑t‐il des raisons de s’inquiéter pour eux ou doit‐on attendre une éclaircie pour l’été ?
Un premier semestre qui inquiète…
L’année 2017 ne restera pas dans les mémoires comme la meilleure saison des Français. Peu, cette année, ont retiré leur épingle du jeu, et particulièrement pas les nouveaux « Mousquetaires ». Gaël Monfils, souvent blessé, n’a gagné que cinq matchs en cinq tournois entre l’Open d’Australie et Roland‐Garros, où il s’est à chaque fois incliné en huitième de finale. Des résultats peu satisfaisants, qui rendent le Parisien friable mentalement, en manque de victoires. Son seul fait d’arme cette année ? Une finale à Eastbourne, perdue face à Novak Djokovic. Guère encourageant pour la deuxième partie de saison où il devra défendre plus de 1600 points ! Richard Gasquet et Gilles Simon ne sont pas non plus dans la meilleure forme de leur vie. Le Biterrois, diminué par une appendicite, a loupé presque toute la saison sur terre battue, et a du mal à se remettre dans le bain : il s’est lourdement incliné au premier tour de Wimbledon face à l’éternel David Ferrer et a déclaré forfait au tournoi de Båstad cette semaine. Des résultats en demi‐teinte, tous comme ceux de Gilles Simon. Le Niçois traverse une mauvaise passe psychologique. Stressé, sans confiance en lui, il n’arrive pas à reprendre le dessus et à jouer un match plein. Avec un bilan de onze victoires, pour seize défaites, il s’enfonce dans une crise de plus en plus profonde. Son coéquipier de Coupe Davis Jo‐Wilfried Tsonga est, cette année, le joueur le plus irrégulier. Vainqueur de trois tournois sur le circuit ATP, il s’est incliné au premier tour de Roland Garros (pour la première fois depuis 2005), puis au troisième tour de Wimbledon. A l’exception de son quart de finale à l’Open d’Australie en janvier, JWT a déçu dans les tournois du Grand Chelem. Résultat, il oscille entre la dixième et la quinzième place.
Pouille décevant en Grand Chelem, Herbert/Mahut, rien ne va plus
Un constat relativement similaire pour Lucas Pouille. Après une année 2016 extraordinaire, marquée par deux quarts de finale et une victoire sur Rafael Nadal, le Nordiste marque le pas dans les Grands Chelems. Diminué au début de l’année par une blessure au pied, il s’était incliné au premier tour de l’Open d’Australie. Perclus de crampes à Roland‐Garros, il n’avait pas pu dépasser le troisième tour, son meilleur résultat en 2017. Le protégé d’Emmanuel Planque doit digérer son nouveau statut. Plus vite sera le mieux puisqu’il a encore un quart de finale à l’US Open et un titre à Metz à défendre. Enfin, en double, c’est à la paire Mahut/Herbert de décevoir. Ex numéro 1 mondial, Nicolas Mahut est retombé à la dixième place, pénalisé par la perte du titre à Wimbledon. Herbert, lui, est désormais 13ème. Mais plus qu’un classement, ce sont surtout leurs performances qui inquiètent. Depuis Roland‐Garros, les Bleus n’ont gagné qu’un seul match, pour quatre défaites, sans oublier leur expérience mitigée en Coupe Davis.
Pourquoi il ne faut pas s’inquiéter…
Monfils et Tsonga, attendons l’été américain…
L’heure est loin d’être grave pour le clan tricolore, qui place trois de ses membres dans les vingt premiers joueurs mondiaux. Le total le plus élevé avec l’Espagne, gage de régularité à défaut de grands titres. Si l’on se penche sur Gaël Monfils, tout porte à croire qu’il peut réaliser une tournée américaine de grande qualité. En effet, le Parisien affectionne particulièrement cette période, pour rappel, il avait rejoint les demi‐finales à l’US Open la saison dernière après un titre à Washington et une demi‐finale au Masters 1000 de Toronto. De plus, la saison 2017 de « la Monf » n’a rien d’inquiétante. Il a encore connu des soucis physiques, à la cheville notamment, ce qui ne l’a pas empêché de réaliser une belle saison sur gazon, avec une finale à Eastbourne et un troisième tour à Wimbledon. Honorable étant donné son amour très relatif pour cette surface. D’autre part, le 13e joueur mondial n’a pas de réelle contre‐performance à son actif dans les deux premiers Grand Chelem de l’année. Il a perdu deux fois en huitièmes de finale face au futur finaliste, Rafael Nadal à l’Open d’Australie, Stan Wawrinka à Roland Garros. Rien de transcendant, rien d’alarmant non plus pour le Tricolore, dont il faudra juger la saison après la tournée américaine, durant laquelle il peut faire des étincelles…
Tsonga, lui, est en reconstruction. Son début de saison se divise clairement en deux parties. Avant et après la naissance de son enfant. Avant, le Manceau est très convainquant avec un quart de finale en Australie, trois titres, à Rotterdam où il bat Gilles Muller, Marin Cilic, Tomas Berdych et David Goffin, à Marseille et à Lyon. Après, ses contre‐performances (malgré un trophée à Lyon) s’expliquent par une déconcentration logique suite à un tel événement. Une blessure à l’adducteur gauche est en plus venue le gêner dans ses déplacements. Rien d’alarmant donc pour le natif du Mans, dont les échecs s’expliquent par ce bouleversement qui a affecté sa condition physique et sa vivacité sur le terrain. Il devrait profiter de l’été pour se forger un physique plus solide, qui aidera sans nul doute la confiance à revenir. De leur côté, les situations de Richard Gasquet et de Gilles Simon dépendront de leur capacité physique pour le premier, et mentale pour le second, à rebondir. Un rebond qui devrait être facilité par l’expérience des deux hommes sur le circuit.
Pouille et Mahut, tout n’est pas noir…
Quant à Lucas Pouille, sa saison peut évidemment être perçue en deçà des attentes placées en lui. Néanmoins, le Nordiste a gagné à Budapest, à Stuttgart, joué la finale à Marseille et les demies du côté de Dubaï et Monte‐Carlo. Une saison loin d’être ridicule pour le jeune Français qui devra seulement retrouver la flamme en Grand Chelem. Même combat pour Nicolas Mahut et Pierre‐Hugues Herbert. Hormis les tournois du Grand Chelem dans lesquelles ils nous avaient habitué à jouer les premiers rôles, ils ont disputé une demi‐finale à Monte‐Carlo et ont surtout remporté Rome. En dessous des attentes, certes, mais rien qui justifie un pessimisme exacerbé.
Finalement, ce panorama nous confirme que la saison des Bleus est, jusqu’ici assez moyenne. Cependant, l’espoir est permis pour ce mois d’août américain, et surtout pour la suite de la Coupe Davis. N’enterrons pas trop vite cette équipe qui est encore en course pour transformer une saison décevante en saison historique…
Maxime Perriot et Justine Texier
Publié le mercredi 19 juillet 2017 à 17:00