AccueilWe Love Tennis MagTauziat : "La défaite fait partie du job"

Tauziat : « La défaite fait partie du job »

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Nathalie Tauziat et Olivier Malcor sont des coaches de joueurs en forma­tion, la défaite n’y a donc pas le même poids. Première partie avec l’an­cienne numéro trois mondiale.

En tant que coach, vous avez été confrontée à la défaite. Doit‐on la consi­dérer comme un échec ?

« Si on veut progresser, il est néces­saire de bien l’apprivoiser. La défaite fait partie du job surtout quand on est dans sa phase de construc­tion, quand on apprend le « métier » de joueur de tennis. L’athlète doit capter le positif et non le négatif. Pour cela, il doit accepter la défaite et savoir pour­quoi il n’a pas été bon. Lorsque la défaite se répète trop souvent, il doit se remettre en question. »

Avez‐vous le souvenir d’une « bonne défaite » ?

« Il y a des défaites qui sont très construc­tives, parfois plus que des victoires. Quand on a rien à perdre contre une meilleure joueuse et qu’on va dans le bon sens, on progresse. Cela peut servir de déclic. Si on perd et qu’on a donné son maximum, on s’amé­liore. On se doit d’être positif. »

C’est diffi­cile à faire comprendre à une joueuse qui se laisse dominer par des aspects psychologiques ?

« Tout dépend du profil de la joueuse. Certaines n’aiment pas discuter de leurs défaites, les analyser… Dans ce cas, c’est extrê­me­ment compliqué, les solu­tions sont faibles. J’avais une joueuse qui refu­sait de se voir jouer. Or, on ne peut prendre conscience de ses erreurs ou de ses défauts que lors­qu’on se revoit. Mais il y a aussi des joueuses qui vont dire : « Moi, je sais ce que j’ai fait et ce que je n’ai pas fait, etc. » Ce n’est pas mieux. Dans les deux cas, il n’y a aucune remise en ques­tion et il est ardu de les faire progresser. »

Vous trouvez qu’il est bon de discuter à chaud avec votre joueuse ?

« C’est un choix qu’on effectue sur le moment. Je m’adapte au scénario du match ou à l’attitude de la joueuse. Il m’est arrivé de prendre du recul parce que je n’avais pas envie de secouer ma joueuse, malgré ma colère (sourire), car elle avait donné le meilleur d’elle‐même. Dans ces occa­sions, je me suis dit : « Je suis énervée, mais je ne vais pas lui rentrer dedans tout de suite car, moi‐même, je risque de faire une erreur de jugement. » »

Comment peut‐on trouver une solu­tion pour inverser une spirale négative ?

« Si jamais ma joueuse n’est pas capable de gagner des matchs lors de gros tour­nois, je la fais descendre d’une caté­gorie pour lui redonner confiance. Si elle n’accepte pas ce choix, elle n’est pas faite pour le haut‐niveau… »

Avez‐vous des souve­nirs de discus­sions après des défaites, au cours de votre carrière ?

« Beaucoup, oui, car je me suis souvent remise en ques­tion. Ce sont des discus­sions à avoir. Je me souviens que nous dres­sions un bilan à l’issue de chaque saison pour savoir comment fran­chir un cap. Ma discus­sion la plus symbo­lique reste celle qui a entraîné mon chan­ge­ment de jeu, en 1995–1996. On ne m’avait jamais demandé de quelle façon je souhai­tais jouer. Je progres­sais, mais je n’arrivais pas à battre les meilleures. J’en ai eu marre. Grâce à cette discus­sion, j’ai pu mettre en place un jeu plus adapté au tennis moderne. »

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