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Rafael Nadal : « Jouer Andy est un défi »

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Rafael Nadal avait une grande envie de parler après sa victoire aisée en trois sets face à Robin Soderling. Plus relax, moins renfrogné, l’Espagnol ne semble malgré tout pas encore tout a fait à l’aise. Peu de sourires et des réponses longues et alam­bi­quées ont jonché cette confé­rence de presse. Rafa se cherche encore mais a tenté de rassurer l’as­sem­blée composée de nombreux jour­na­listes espa­gnols : « En jouant ainsi, alors peut‐être je pour­rais gagner Roland Garros ». A noter que son père était assis discrè­te­ment au fond de la salle, situa­tion assez inha­bi­tuelle pour être signalée. Extraits.

Rafael, vous avez dit que peut‐être vous ne jouiez pas assez bien pour gagner le titre après le dernier match, est‐ce que main­te­nant vous diriez que vous avez changé un petit peu d’avis aujourd’hui ?
Il y a deux jours de cela, j’ai dit cela, c’est vrai :« Aujourd’hui, je ne joue pas assez bien pour gagner Roland Garros », voilà ce que j’ai dit. Et je peux dire main­te­nant, qu’au­jourd’hui j’ai bien mieux joué selon moi.

Rafa, vous allez jouer contre Andy, je crois que vous le connaissez très bien, pouvez‐vous nous parler de lui et comment vous avez vu l’évo­lu­tion de son jeu cette année ?
Je pense qu’il a très bien débuté la saison en Australie, après il a eu un mois où il n’a pas vrai­ment joué de son mieux mais après, il a fait son retour plutôt bon et il a fait un très bon tournoi à Monte Carlo selon moi. Il a fait un très bon tournoi à Madrid. C’était un match plutôt dur pour lui là‐bas. Puis après Rome, il a joué un match fantas­tique contre Djokovic, il était très proche, c’était un match très serré. C’était diffi­cile de le battre cette année. Sa perfor­mance est bonne cette année, il a atteint les demi‐finales. Ce sera un match diffi­cile. Et il sera diffi­cile pour moi de l’af­fronter en demi‐finales.

Je sais aussi que cela dépend de l’ad­ver­saire mais il y a deux jours, vous avez dit que vous ne pourrez pas gagner le tournoi et aujourd’hui étant donné la façon dont vous jouez vous pour­riez le gagner ?
Je suis en demi‐finales, c’est déjà pour moi un très bon résultat d’être en demi‐finales. Je ne sais pas. La sixième demi‐finale ici à Roland Garros, c’est facile à dire, c’est vrai, mais très diffi­cile à faire. Pour moi, c’est un résultat incroyable notam­ment lorsque je vois les tour­nants du tournoi, je n’ai pas toujours joué très très bien mais aujourd’hui j’ai bien joué en tout cas. À chaque demi‐finale, je crois que j’ai sorti un bon adver­saire, un adver­saire très costaud. Je ne sais pas si je peux gagner le tournoi. J’étais prêt à me battre contre celui qui était en finale deux fois pendant ce tournoi et numéro 5 dans le monde.

Que pensez‐vous de la demi‐finale Djokovic‐Federer ?
L’actuel meilleur joueur du monde contre le meilleur joueur de l’Histoire… Difficile ! Selon moi, ce sera un match extra­or­di­naire. Il est certain que c’est un match qui va être très diffi­cile. Je ne sais pas qui va gagner, les deux ont des chances d’ar­river jusqu’à la finale. Djokovic joue très très bien. Mais Roger a assez de poten­tiel pour battre n’im­porte quels autres joueurs. Vous savez que dans les derniers tours des Grand Chelem, Roger peut être très très bon.

Rafa, les matchs entre vous et Andy sont à chaque fois spéciaux, c’est un peu comme si vous aimiez bien jouer l’un contre l’autre. Lui dit qu’il aime bien jouer contre toi, est‐ce que c’est la même chose de ton côté ?
Je préfère jouer un adver­saire plus facile à jouer. Mais jouer contre Andy, à chaque fois, c’est un vrai défi car vous savez qu’il joue parti­cu­liè­re­ment bien, il est talen­tueux et l’on peut diffi­ci­le­ment le comparer à d’autres joueurs selon moi. En effet, il a tous les coups dans sa palette. Il peut être sur la défensif, il peut atta­quer, il court très rapi­de­ment, il se déplace bien. La seule chose pour le battre, c’est peut‐être jouer un très haut niveau et c’est ce que je vais essayer de faire.

Je suppose qu’au‐delà du score c’est la façon dont tu as gagné le match. Ce qui te rend le plus heureux aujourd’hui, c’est de pouvoir arriver en demi‐finales ?
Ce dont je suis le plus satis­fait sans aucun doute, c’est de voir l’évo­lu­tion de mon jeu et d’être en demi‐finales d’un tournoi aussi diffi­cile que Roland Garros, car c’est diffi­cile d’ar­river à ce niveau. Je pense que j’ai surmonté une situa­tion très diffi­cile. Je suis arrivé en demi‐finales sans avoir joué mon meilleur tournoi. Aujourd’hui, j’ai joué un très bon niveau de mon point de vue. J’ai trouvé aujourd’hui des solu­tions que je ne pensais pas pouvoir trouver. J’étais content de les trouver, et d’être resté concentré pendant tout le match. Vraiment, je pense que j’ai fait en sorte de ne pas perdre ma concen­tra­tion pendant tout le match. C’est ce qui me manquait le plus ces derniers matchs. Aujourd’hui, j’ai pu main­tenir mon niveau de jeu. C’est un adver­saire diffi­cile et il a fallut que je fasse de très beaux points pour arriver à mener au score. Il ne m’a fait aucun cadeau, il a fallu que je me batte jusqu’au bout. 

L’autre jour, tu expli­quais que tu avais l’im­pres­sion que dans ta carrière, chaque fois que plus le niveau de ton adver­saire est élevé plus tu élèves le tien. Tu as sorti des services excep­tion­nels pour les deux balles de break, dont une pendant le tie‐break. Est‐ce que tu les réserves pour ces moments là ?
Je ne réserve rien du tout, jamais ! J’essaie toujours de faire le maximum. A la ques­tion de savoir comment je monte mon niveau de jeu quand j’en ai besoin, je répon­drai que c’est l’adversaire qui vous aide à améliorer votre propre niveau.
Aujourd’hui, j’ai pu élever mon niveau suffi­sam­ment pour gagner, mais parfois cela ne suffit pas. Je ne sais pas si c’est quelque chose que l’on peut travailler, mais les meilleurs joueurs sont tous capables de faire ça, autre­ment ils ne seraient pas les meilleurs joueurs. Et moi, derniè­re­ment j’ai fait partie des meilleurs joueurs du monde et j’ai pu à chaque fois élever mon niveau. Peut‐être qu’un jour, cela ne sera plus vrai. Aujourd’hui, je l’ai fait, j’ai gardé la tête froide, je suis resté calme. J’ai atteint la demi‐finale d’un tournoi très impor­tant pour moi et pour d’autres aussi. J’ai accu­mulé un peu de points. Ce n’est pas le plus impor­tant mais c’est quelque chose de positif pour moi de pouvoir me main­tenir en très bonne posi­tion dans le clas­se­ment. Je cherche toujours à faire le service qui me permettra de gagner le mieux le point, j’essaye de le surprendre. Je ne veux pas lui donner une balle facile. Parfois, j’essaye de gagner du temps, de servir de manière à avoir plus de temps pour retourner. Au début, j’essayais de servir sur son revers pour le sortir du court. Quand vous servez toujours au même endroit, il va toujours vers cet endroit, j’essayais donc de le surprendre en faisant le contraire de ce que j’avais fait avant. J’ai utilisé ce service dans le tie‐break, cela m’a bien servi aussi 5–5 et à 2–0.

Le niveau du tournoi est très élevé, Murray avait beau­coup de diffi­cultés, toi aussi, est‐ce que c’est bien d’un côté que les gens se rendent compte que ce n’est pas si facile de gagner ?
Les spec­ta­teurs ne se rendent pas toujours compte des diffi­cultés jour après jour d’un joueur de tennis. Être sur le court tous les jours, jouer et puis essayer de se main­tenir à un très haut niveau, cela demande beau­coup de travail, mais tout le monde sait que tout peut arriver au plus haut niveau de la compé­ti­tion. Au bout du compte, il n’y a qu’un seul gagnant. C’est mathé­ma­tique. Il y en 128 à l’en­trée et 127 vont perdre à la fin, c’est toujours la même chose à chaque tournoi. C’est un sport qui est très exigeant du point de vue physique et mental et tech­nique aussi.

De votre envoyée spéciale à Roland Garros