Quel dommage que de n’avoir commencé à jouer qu’à partir du deuxième set pour Kenny De Schepper ! Contre un Steve Johnson certes pas flamboyant mais extrêmement appliqué, le Français s’est incliné sur le score de 6–1 6–7(5) 7–6(2) au bout d’un combat épique de 2h16 durant lequel le public a été survolté. L’Américain remporte son deuxième Challenger de l’année après celui de Dallas.
Ne vous méprenez‐pas : il peut y avoir des finales de Challenger qui vaillent le coup d’oeil. Le tout, c’est de s’y attarder et d’attendre qu’elles démarrent. Dans le cas de celle qui a opposé Kenny De Schepper à Steve Johnson dans cet Open de Guadeloupe version 2014, le début du vrai match ne s’est d’ailleurs pas fait au moment attendu. En effet, le premier set a été purement et simplement à sens unique. Totalement en place et en confiance sur son coup droit dans le plus pur style américain, Johnson a fait vivre un calvaire à un De Schepper encore endormi sur la plage. Des montées ratées, une frappe de balle plutôt molle, une attitude désabusée… En 20 petites minutes la première manche était bouclée sur le score de 6–1 pour le natif de Orange en Californie. Quelques points auparavant, Kenny s’était bousculé lui‐même en hurlant « C’est quoi ça ? », comme pour se réveiller d’une torpeur que le public n’a pu que contempler avec dépit.
Le géant s’accroche, le cogneur flanche
Mais à moins de croire aux contes de Charles Perrault, tout sommeil a une fin. Et celui de De Schepper a tiré sa révérence dans le deuxième acte. Plus sûr de lui au service, plus mobile sur le court, Kenny s’est clairement accroché… et a posé des problèmes à l’Américain qui, bien que toujours aussi sérieux, s’est retrouvé débordé lorsque le Bordelais a lâché ses frappes. Dans un tie‐break très tendu où les mini‐breaks se sont enchaînés, le coup de génie est venu. A 5–5, deuxième service pour Johnson, le Français s’est étendu de tout son long pour lâcher un retour slicé incroyable le long de la ligne à la grande surprise de l’Américain. La conclusion est venue derrière sur une montée au filet… et malgré les protestations du Californien qui voyait la balle faute, Kenny a recollé à un set partout. Match relancé, mais…
La fraîcheur qui manquait…
Et oui, encore un « mais ». La lutte a laissé des traces des deux côtés et le jeu s’est montré de plus en plus saccadé et blindé de fautes directes. Avec ses dernières forces, Kenny a notamment su sauver plusieurs balles de match à 5–4 pour Johnson. Mais dans le dernier tie‐break, c’est bien ce dernier qui a su faire preuve de plus de lucidité pour contrer les assauts au filet du Français. Avec une victoire 6–1 6–7(5) 7–6(2), voilà que Johnson remporte son deuxième Challenger de l’année. Pour Kenny, l’essentiel est sauf au classement avec une stabilité à la 63e place mondiale. La progression de Steve est en revanche plus belle, lui qui passe du 98e au 69e rang mondial. « Il y a eu un beau combat, je pense que le public s’est régalé », a déclaré Kenny. « Ce n’est qu’une défaite, ce n’est pas grave. Globalement la semaine a été positive. J’ai réussi à ré‐hausser le niveau et je sens que je progresse bien. Ce n’est qu’une défaite, ce n’est pas grave. Il y a eu un peu de fatigue à la fin et il avait un peu plus de jus que moi. Le public a été super toute la semaine, et ils ont été très fair‐play tout le match. C’était sympa. La tranquillité me plaît ici. Il y a moyen de décompresser », a‑t‐il ajouté avec le sourire. Fidèle à lui‐même, ce Kenny.
De votre envoyé spécial au Gosier.
Publié le lundi 7 avril 2014 à 02:11