AccueilNadal : "Je suis triste pour Andy"

Nadal : « Je suis triste pour Andy »

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« Happy birthday Rafa », c’est ainsi que l’Espagnol a été accueilli en salle d’in­ter­view. Ce dernier a tout de même attendu la fin du tie break du premier set entre Federer et Nadal pour venir répondre aux ques­tions des jour­na­listes. Un Rafa très concentré et bien décidé à ne pas laisser échapper le titre :

Qu’est-ce qui a fait la diffé­rence aujourd’hui ?

Dans ce type de match, ce sont toujours des petites choses. Je pense que j’ai vrai­ment très bien joué au début du match dans le premier set. Après, 5–1, il me semble que j’ai commencé à faire quelques erreurs. J’ai perdu un petit peu ma manière de jouer. Et j’ai fait deux erreurs idiotes à 3015, à 5–2. Quand je suis revenu avec mon coup droit sur une balle très longue. Ensuite, il a bien joué. Puis, il y a eu le service contre le vent à 5–4. C’était vrai­ment un jeu crucial selon moi. Donc, j’ai gagné le premier set. Avec le premier set pour moi, je me disais le match va être long. C’est le genre de condi­tions qui m’aident.

Rafa, tu as sauvé 15 balles de break sur 18 et tu as fait 16 breaks sur 30. Penses‐tu que tu as su jouer les points impor­tants mieux que lui ?

Oui, c’est vrai que j’ai sauvé beau­coup de balles de break. J’ai su sauver des points sur des moments impor­tants. J’ai toujours eu le score en ma faveur, j’ai toujours mené au score. Il m’a breaké au début du second set mais j’ai débreaké. Il n’y a eu aucun moment un break en sa faveur. Ceci étant, il a eu beau­coup d’op­por­tu­nités au premier set, j’ai dû sauver beau­coup de points impor­tants grâce à mon service. Comme je vous le disais précé­dem­ment, pour gagner ce genre de match, cela se joue sur de petites choses. C’est le joueur qui a un peu plus de chance que l’autre sur ce type de point, qui a le plus de chances de gagner. Aujourd’hui, c’était moi. Je me qualifie pour la finale. 

Jouer avec autant de vent sur le Central avec des tour­billons de pous­sière, c’était difficile ?

C’était diffi­cile. De l’ex­té­rieur, vous ne pouvez pas vous imaginer comme c’est diffi­cile de jouer dans de telles condi­tions. Pendant un moment, cela allait. Puis à d’autres, quand on joue avec le vent, à la droite de l’ar­bitre, c’était très diffi­cile. On avait peur de frapper contre la balle parce que le vent était complè­te­ment dingue et chan­geait de direc­tion à tous les moments. C’était très très diffi­cile. Je n’aime pas jouer avec le vent mais bon, quand il y a du vent, il y a du vent, il faut adapter son jeu.

Est‐ce que ta confiance est revenue ou as‐tu eu encore des doutes pendant le match ? Comment tu vas te sentir pendant la finale ? Tu seras en mesure de jouer ton meilleur tennis ?

Ce sera une finale de Roland Garros. On sait que sur une finale, on peut avoir des problèmes mais on ne peut pas avoir de doutes. Pour ce qui est du niveau, non. Par contre, perdre… Le doute fait partie de la vie, cela fait partie du sport. Je pense que tout le monde le vit, le ressent, je ne suis pas l’ex­cep­tion à la règle. Si vous faites la compa­raison entre main­te­nant et il y a une semaine, c’est tota­le­ment différent.

Rafa, tu as 25 ans aujourd’hui, quand tu repenses à ta carrière et à ce que tu as accompli, quel est ton sentiment ?

Mon début de carrière remonte à 9 ans, cela fait long­temps que je suis sur le circuit, que je vole à travers le monde. Beaucoup de choses ont changé. Ce qui n’a pas changé, c’est le plaisir de jouer au tennis, le plaisir de faire les choses bien et le plaisir de me retrouver avec un bon clas­se­ment pour pouvoir jouer le match que j’ai joué aujourd’hui, celui que je vais jouer dimanche. C’est une chance.

Pour parler de Murray, de la diffi­culté à jouer sur cette surface, s’est‐il amélioré de ton point de vue ?

J’ai toujours apprécié Andy comme joueur, comme homme. À chaque fois que je le bats dans ce genre de match, je suis triste pour lui parce qu’il mérite de gagner un Grand Chelem, cela ne fait aucun doute. Il va gagner parce que son niveau est abso­lu­ment fantas­tique. Il manque quel­que­fois de chance. Il s’est beau­coup amélioré, c’est un joueur très complet. Il peut jouer magni­fi­que­ment sur d’autres surfaces. La terre battue n’est pas sa surface de prédi­lec­tion mais il s’est amélioré d’année en année. Maintenant, on va aller sur gazon, c’est un très bon joueur sur gazon ou surface dure, il aura toutes les chances de gagner. Il aura une très belle année.

Rafa, vous vous attendez à ce que Borg soit dans les gradins pour la finale ? Vous pouvez espérer égaler son record ?

Non, je n’y pense pas. J’ai énor­mé­ment de respect pour le grand Borg mais je me concentre pour bien jouer, ce qui est pour moi beau­coup plus impor­tant. Je veux gagner Roland Garros, c’est plus impor­tant que de faire aussi bien que lui. Alors main­te­nant, si Borg est là, je serais ravi de lui dire bonjour mais ce n’est pas une raison pour laquelle il doit être là.

C’était un match très intense. Murray a été très combatif, en plus le vent était très chan­geant, c’était dur.

Oui, merci beau­coup. En effet, le match a été très complet, très intense, il y a eu des occa­sions diffé­rentes. Comme vous l’avez vu, il y a eu 3 sets, on a joué pendant 3 heures et plus, plus d’une heure par set. Il y a eu des échanges très longs. Beaucoup d’échanges, des jeux qui ont été très prolongés, des moments très intenses, des situa­tions compli­quées aussi bien pour lui que pour moi. Je pense que cela a été un match de très bon niveau de mon point de vue. Le premier set surtout jusqu’à 5–1, mon niveau était très élevé. Après, j’ai baissé un peu. J’ai joué un peu plus le long de la ligne, cela m’a fait faire des erreurs alors que j’au­rais pu concré­tiser et finir ce set mais bon, j’ai réussi quand même.
Le match a été très dur et tout le temps j’étais au‐dessus, et j’ai franchi chaque obstacle, même si parfois le contrôle m’échappait un peu, ce qui est logique lors­qu’on a un joueur aussi bon que Murray. J’ai réussi à dicter les jeux je pense, c’est très positif.

Le fait d’ar­river à cette finale, est‐ce quelque chose de spécial par rapport à d’autres finales ?

Chaque fois que je viens ici, je dis la vérité. Je dis ce que je pense. Je viens ici tous les jours et à chaque fois que je vous parle, je vous dis la vérité. Je ne jouais pas bien au départ, j’avais dit qu’il fallait changer la situa­tion et avoir une meilleure atti­tude et que si ce n’était pas le cas, je pouvais rentrer à la maison. En fait, heureu­se­ment, les choses ont changé pour moi. J’ai été très présent aux moments cruciaux, les choses se sont bien dérou­lées. Bien sûr, je suis très content. Je vais bien fêter ça parce qu’être en finale à Roland Garros, ce n’est pas si évident. Tout d’abord, c’est quelque chose que l’on rêve d’at­teindre, on n’est jamais sûr de l’at­teindre. C’est un rêve, devenu réalité. Je suis vrai­ment très content d’être en finale, dans un des tour­nois les plus impor­tants du monde sur terre battue. J’ai toutes les raisons d’être content surtout que j’ai dû résoudre des situa­tions très diffi­ciles lors de la dernière semaine et demie. Je suis en finale, je suis très content. Il fallait que j’ou­blie cette anxiété, ces craintes. Maintenant, j’ai confiance. On n’a pas beau­coup de confiance lors du premier tour, lors du deuxième tour, on se dit : « Il ne faut pas que je perde, sinon mon clas­se­ment va souf­frir ». Maintenant, je suis plus libéré, j’ai bien défendu mes points, je n’ai plus cette crainte de voir mon clas­se­ment dégrin­goler. Celle‐ci est une année magni­fique pour moi. Voilà ce qui compte, ce que je retiens. Une très bonne année, je suis très content. Il y a peut‐être eu deux inci­dents mais mis à part cela, je suis très content. Je ne garde que du positif de tout le reste, pour moi. 

C’est une journée spéciale : ton anni­ver­saire et tu passes en finale. Comment as‐tu géré tes émotions ?

L’émotion est tout à fait gérable. On peut jouer bien, on peut mal jouer mais les émotions, on peut très bien les gérer puis­qu’on a de l’ex­pé­rience. J’ai le carac­tère suffi­sant, et l’ex­pé­rience pour bien gérer mes émotions. Dans tous les cas, il faut bien gérer ses émotions que l’on perde ou que l’on gagne. La semaine prochaine, je serai au Queen’s. Si tu perds ce tournoi, la semaine prochaine, tu as une autre occa­sion de gagner. Lorsque tu perds, tu rentres à la maison et tu recom­mences. Les émotions sont les mêmes, j’es­saie de gérer, de contrôler, je suis très content et satis­fait de tout ce que j’ai accompli. Je remercie égale­ment tous ceux qui m’ont soutenu, entouré. Grâce à eux, je suis ici maintenant.

Rafael, à 25 ans, quelle est la diffé­rence entre ce Rafa de 25 ans et celui de 19 ans ? Il y a un record que tu as battu, tu seras le joueur n°2 qui a réussi à gagner ici, qu’en penses‐tu ?

Chaque joueur est diffé­rent. Chaque moment de chaque carrière est diffé­rent. Ce sont des choses très banales. Le numéro 1, le numéro 2, pendant 10 ans, il y a toute une série de choses qui se sont produites. Ce n’est pas toujours le numéro 1 qui doit gagner les tour­nois. C’est évident, il ne peut pas gagner tous les tour­nois. Chaque tournoi est diffé­rent et a ses propres chal­lenges. Tous les jours, tu vas sur un court et tu peux gagner ou perdre.
Le Rafa d’il y a 7 ans par rapport à celui d’au­jourd’hui, quand on a 18 ans et que l’on gagne la première fois, on se dit : « Ca y est, j’en ai gagné un, je vais peut‐être avoir une carrière un peu plus tran­quille ! ». Pas du tout, pas du tout, mensonge ! Ceux qui gagnent, conti­nuent d’avoir de la pres­sion, ils ont plus de pres­sion et essaient de gagner de plus en plus. Arriver à la finale de Roland Garros, c’est toujours une envie renou­velée, elle ne change pas. Elle est vrai­ment extra­or­di­naire. Je souhaite conti­nuer comme cela.

De votre envoyée spéciale à Roland Garros.