AccueilRoger Federer : "C'est dur à encaisser"

Roger Federer : « C’est dur à encaisser »

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Voici de larges extraits de la confé­rence de presse du quin­tuple vain­queur Roger Federer, qui forcé­ment est arrivé un peu déçu mais a livré des réflexions toujours inté­res­santes sur le match contre Novak Djokovic.

Pouvez‐vous nous décrire l’am­pleur de votre décep­tion ? Vous avez joué un bon tennis dans le cinquième set. Avoir deux balles de match et ne pas conclure, ce n’est pas trop dans vos habi­tudes.
ROGER FEDERER : Il semble que si cette année, j’en ai perdu deux autres malgré des balles de match, le senti­ment après est le même, une impres­sion de vide car vous avez tout tenté, il y a peut‐être un facteur chance (on a demandé à Federer de déve­lopper ce point de vue, ce qu’il a décliné en esti­mant qu’il avait déjà tout expliqué, ndlr) ou peut‐être a‑t‐il bien joué, ou peut‐être que c’est moi qui n’ai pas choisi le bon coup, et lui si. Je ne peux pas remonter le temps, il ne faut pas éprouver de regrets. En finale, ça aurait été pire de vivre ce scénario, c’est la seule chose posi­tive que je retire de tout ça.

La fatigue a‑t‐elle joué un rôle ?
ROGER FEDERER : Non, je n’étais pas vrai­ment fatigué, certai­ne­ment tendu par la situa­tion et le public, c’était une atmo­sphère élec­trique. J’étais prêt physi­que­ment pour ce match, je n’avais pas perdu un set aupa­ra­vant ni perdu de temps sur le court. De ce point de vue, les sensa­tions étaient bonnes.

Vous attendiez‐vous à une finale Nadal – Federer vu le scénario de la deuxième semaine ?

ROGER FEDERER : Ce n’est pas ce que m’a fait ressentir mon équipe. J’ai préféré prendre les matches un par un, ne pas regarder au‐delà car avec la qualité des autres joueurs c’est exac­te­ment le genre de réflexions qui t’est fatal. J’avais quand même Soderling et Novak dans ma partie de tableau et le vent rendait les choses impré­vi­sibles. Aujourd’hui, nous avons joué dans de bonnes condi­tions, mis à part peut‐être les zones d’ombre. Je n’ai pas trop lu la presse, mais j’ima­gine qu’il y avait une certaine exci­ta­tion à l’idée d’une finale entre moi et Rafa.

Quand vous avez vu Rafa gagner, espériez‐vous encore plus le rejoindre ?

ROGER FEDERER : J’aurais adoré l’af­fronter pour la première fois ici, je suis bien sûr déçu d’au­tant plus que je suis passé à point d’y parvenir. Je ne sais pas comment ça se serait passé, mais j’au­rais tout fait pour gagner.

Y’a‐t‐il un aspect parti­cu­lier de votre jeu qui vous a fait défaut aujourd’hui ?

ROGER FEDERER : J’ai essayé d’être agressif tout en ne lui donnant pas trop de rythme, mais tout reve­nait et c’est comme ça que je l’ai laissé revenir. Sinon je crois avoir manqué trop de coups droits sur la fin, il m’a poussé à commettre ces fautes et je l’en félicite.

Etant vous‐même une légende, que pensez‐vous de la chance qu’a Nadal d’en­trer dans l’his­toire avec ces trois majeurs d’affilée ?

ROGER FEDERER : Ce serait fantas­tique pour lui et le tennis, c’est incroyable qu’à un si jeune âge il ait cette oppor­tu­nité. Je ne sais pas quand j’ai eu cette occa­sion pour la première fois à Paris, mais c’est sûr qu’il pour­rait y parvenir plus jeune que pendant ma première tenta­tive. L’âge n’a pas d’im­por­tance, je pense qu’il a ses chances, surtout que Novak est fatigué et que Rafa joue très bien. C’est exci­tant pour le tennis, je ne regar­derai pas, mais je souhaite une victoire de Rafa !

Pouvez‐vous revenir sur votre coup droit ?

ROGER FEDERER : Je ne vais pas rejeter toute la faute sur mon coup droit. J’ai été bon sur la balle de match à ce niveau. Sur la deuxième, j’ai mis un peu plus de sécu­rité, histoire que le coup joué ne soit pas le dernier, mais ça n’a pas marché, c’est comme ça.

Novak vous avait bien réussi ici même aupa­ra­vant. Qu’est‐ce qui a changé chez lui depuis, il a été incroyable sous la pres­sion, non ?

ROGER FEDERER : J’étais le favori, je ne pense pas qu’il avait telle­ment la pres­sion, mais c’est sûr qu’il a bien joué compte tenu des circons­tances. Il avait déjà très bien joué contre moi lors des éditions précé­dentes, ce n’est pas comme s’il ne pouvait jouer avec une telle pres­sion, il vient de le prouver, ça ne m’a pas surpris et les gens qui l’ont sous‐estimé, eh bien c’est qu’ils ne connaissent tout simple­ment rien au tennis ! J’avais l’im­pres­sion d’avoir le contrôle, mais j’ai manqué de combat­ti­vité dans les deuxième et quatrième sets au lieu de conti­nuer à le mettre à l’épreuve, mais bon ce genre de matches se joue à quelques points, comme ma finale l’an dernier, ça fait deux défaites dures à accepter en deux ans. Ce qui est positif, c’est que j’ai pratiqué un bon tennis.

Vous avez dit que ce serait dur pour Novak demain, avec ce Super‐Saturday. Comment imaginez‐vous son état demain, vous qui connaissez ce genre de situations ?

ROGER FEDERER : Demandez‐lui comment il se sent, bien sûr c’est dur, en plus on a joué en deuxièmes. Je ne veux pas cracher dans la soupe, mais c’est un programme compliqué, les demies le samedi, la finale le dimanche, c’est le point d’in­ter­ro­ga­tion du match à venir.

Vous avez eu des balles de match contre Berdych et Baghdatis cette année avant de perdre, pareil contre Rafa à Rome et Gasquet à Monte Carlo. Même pour un cham­pion comme vous, l’at­ti­tude change sur une balle de match ? Vous jouez diffé­rem­ment, ressentez‐vous davan­tage de pres­sion ?

ROGER FEDERER : Si vous êtes sur un jeu de retour, vous allez mettre un peu plus de sécu­rité, ne pas faire de fautes car cette balle de match pour­rait être la dernière. Quand vous servez il faut être agressif, c’est diffé­rent. Pour ce qui est d’au­jourd’hui, je ne sais pas quoi vous dire à part que c’est dûr à encaisser.

Avez‐vous pu parler à votre équipe, votre coach, votre femme ? Peut‐être pourront‐ils trouver les mots justes.

ROGER FEDERER : Pas besoin, je suis trop vieux pour ça ! Je ne leur ai pas parlé, je suis venu presque direc­te­ment vous voir. Tout mon clan est déçu, mais ça va aller.