Revenu sur le devant de la scène en s’extirpant des qualifications de l’ATP 250 de Saint‐Pétersbourg, Alexandre Sidorenko (dernier Tricolore vainqueur d’un Grand Chelem juniors à Melbourne en 2006) débute une nouvelle carrière, avec un nouvel entraîneur Didier Lanne. Alors qu’il avait pensé tout arrêter avant son opération au coude en février 2014, le Français de 27 ans estime qu’il peut encore progresser.
Vous avez disputé le Challenger d’Orléans où on a évoqué des problèmes de balles. Qu’est-ce qui s’est passé finalement ?
« La semaine qui précède Orléans, j’ai disputé l’ATP 250 de Saint‐Pétersbourg où les balles étaient identiques, les Head ATP. Mais la sensation était totalement différente, comme si on n’avait pas les mêmes balles. À Saint‐Pétersbourg, il s’agissait de la balle du circuit. A Orléans, c’était celle du commerce. Elles étaient très lentes et pour jouer c’est plus contraignant. J’en ai parlé avec Paul‐Henri Mathieu qui m’a dit qu’il avait ressenti des douleurs au bras. Si les balles sont lourdes, on le ressent tout de suite sur notre corps. »
Vous avez évoqué Saint‐Pétersbourg. C’était la première fois depuis 2010 que vous retrouviez un tableau ATP après être sorti des qualifications. La satisfaction devait être immense…
« Oui, ça m’avait manqué ! J’y étais sans pression, simplement pour faire un bon résultat. Tout s’est bien passé, en plus dans ma ville natale, ce qui donne encore plus de saveur. »
Y a t‑il eu un élément déclencheur ?
« Mon classement n’est pas encore très valorisant pour moi (437eme cette semaine) mais ça fait un petit moment que je sens que j’ai un bon niveau de jeu, à l’entraînement ou dans les tournois inférieurs (quart de finale à Bagnère de Bigorre et finale à Ajaccio, des Futurs) où ce n’est pas forcément plus facile d’évoluer. J’ai eu un peu plus de réussite dans les matches clés. »
Cette qualification change t‑elle vos objectifs pour la fin de saison ?
« J’essaie de faire plus des gros tournois, des ATP ou des Challengers. Tout peut aller très vite. Depuis le début de l’année, je me suis fixé un objectif : être aux alentours de la 200eme place mondiale. Je suis conscient d’en être encore loin, mais il reste presque deux mois de compétition. En plus, on est sur une saison indoor qui me réussit davantage. Cela m’encourage à continuer à me battre et à persévérer. »
Avec cet objectif d’être proche du Top 200, comment voyez‐vous la suite de votre carrière ?
« Je me suis posé beaucoup de questions après mon opération (au coude en février 2014) car j’ai beaucoup galéré… J’ai encore envie de m’accrocher et continuer ma progression. Je me sens encore jeune, je n’ai que 27 ans. Aujourd’hui on voit que de nombreux joueurs du Top 100 ont plus de 30 ans. J’espère revenir à mon meilleur classement, voire mieux. »
Quelles questions vous êtes vous posé ?
« C’était simplement savoir si je continuais ou si j’arrêtais… Avant l’opération, cela faisait 3 ans que je jouais mais j’avais toujours mal. C’était compliqué, le moral diminuait… Ce n’était plus possible de continuer ainsi. Il a fallu faire un choix. J’ai beaucoup réfléchi et je me suis dit que je tentais le tout pour le tout avec l’opération afin de ne pas avoir le moindre regret. Depuis, j’ai un ostéo pratiquement à temps plein. J’ai vraiment mis la priorité sur la santé. Pour l’instant tout se passe bien… Cette démarche paraissait inévitable. »
On doit vous le rappeler souvent, mais vous êtes le dernier Français vainqueur d’un Grand Chelem chez les juniors (Open d’Australie en 2006, ndlr). Avez‐vous des regrets ?
« On peut toujours faire mieux et tout refaire… Dans l’ensemble, je n’ai pas trop de regrets à avoir. J’ai fait des conneries, que j’ai payées par la suite. J’ai vécu de bons moments sur ces dix ans. J’ai eu la carrière que je méritais, mais je peux faire mieux. C’est la raison pour laquelle je fais tout pour revenir. Je ne me sens pas frustré de quoi que ce soit. »
Quand vous dites « conneries », lesquelles ?
« Ce sont des erreurs de jeune de 16 ans que j’ai fait à 20 ans… J’étais très encadré par mon père depuis tout petit et cela fonctionnait très bien. Sauf qu’à un moment donné, le discours est moins bien passé de mon côté. J’étais plus réticent à ses consignes. Je me suis éloigné du système qui marchait très bien entre nous. J’ai mal vécu de ne pas percer jusqu’au classement où j’estimais que je devais être… »
C’est étonnant, car c’est une relation que l’on voit surtout dans le tennis féminin. Cela vous semble inévitable de couper le « cordon » ?
« J’ai eu mon meilleur classement à 20 ans (145eme). Mon père s’est occupé de moi de 12 à 20 ans, et tout fonctionnait très bien. En tant que jeune garçon, il y a des périodes où c’est forcément plus délicat d’être sous l’autorité de son père, surtout quand il est entraîneur. Je le vivais très bien, d’autant plus que l’on avait des résultats. Quand ça commence à ne plus trop marcher, il faut savoir passer à autre chose et de manière intelligente. On a, peut‐être, essayé de rester ensemble trop longtemps quand ça ne fonctionnait plus… Le problème venait plus de moi car je commençais à être un peu différent, je n’étais plus le même. »
Quels conseils pourriez‐vous donner aux jeunes joueurs pour franchir ce cap entre les juniors et le monde pro ?
« Ce sont deux mondes différents. Il y a beaucoup de jeunes français qui ont été très bons chez les juniors et qui n’ont jamais percé chez les pros. Maintenant, être performant chez les juniors ouvre des portes pour le début de carrière. Quand tu commences, tu n’as pas de point et si tu n’as pas de wild‐card, c’est encore plus difficile. Il faut utiliser les bons avantages. Il faut se mettre dans sa bulle et se dire que l’on repart à zéro quand on commence dans le monde pro. Il faut aller au combat, c’est une nouvelle vie qui débute. »
À 27 ans, vous êtes jeune encore. De quoi rêvez vous ?
« Je ne me fixe aucune limite. Je suis plus fort que quand j’étais jeune, j’ai plus d’expérience. Je suis en bonne forme. Je pense pouvoir aller plus loin que ce que j’ai fait. Je dois continuer à travailler et garder cette constance que j’ai depuis un an environ. Je suis arrivé à un âge mature. »
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Publié le lundi 5 octobre 2015 à 20:00