AccueilLe blog de la rédac'Merci les sauvageons !

Merci les sauvageons !

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A quoi recon­naît on le fait que le tennis est à nouveau devenu un sport popu­laire ? Aux audiences ? Aux études marke­ting qui placent Federer et Nadal dans le top 10 des person­na­lités préfé­rées des jeunes ? Au marché du tennis et du nombre de balles vendues ? Au taux de remplis­sage de Roland Garros ? Au nombre de licen­ciés de la Fédération Français de Tennis ? Au prize money du prochain tournoi de Dubaï femmes ? Aux records que va battre Roger Federer ? Aux records que Rafael Nadal battra aussi ? 

Non à rien de tout ça, mais à des choses très simples comme celles que je vais vous conter. 

Nous sommes dimanche, Nadal vient de l’emporter. Mon fils à qui je sers du tennis du matin jusqu’au soir est fatigué. Fatigué de ces 4 heures de match, fatigué que sa soeur soit partie à sa compé­ti­tion de gym, fatigué de voir son idole courir dans tous les sens alors que lui est bloqué sur un canapé. 

« Papa, et si on allait jouer au tennis ? » 

Voila une idée singu­lière ! Jouer au tennis après en avoir bouffé pendant plus que de 4 heures. Mais le chal­lenge est inté­res­sant. Le site de Welovetennis est bien en place, le travail a été fait, les commen­taires vont « pleu­voir », il fait beau. De plus, quoi de plus naturel d’aller essayer de taper un coup droit croisé, ou de courir à la Rafa sur sa ligne de fond de court après avoir vu ces deux cham­pions se donner à fond 

Plutôt qu’un vrai court, on a choisi une partie d’un terrain de foot­ball en gazon synthè­tique séparé par la rambarde encer­clant le stade et qui jouera le role de filet. De l’autre côté de cette « rambarde », le chemin en macadam sera égale­ment un formi­dable terrain de jeu. En somme un peu le même dispo­sitif que la fameuse bataille des surfaces de Roger et Rafa l’an dernier. Mon fils est comblé, le match en trois sets gagnants peut commencer

La partie s’an­nonce âpre d’au­tant que je joue le role de Roger et mon fils celui de Rafa, que l’on joue avec une grosse balle en mousse. En même temps, des « jeunes de banlieue » comme disent nos médias tradi­tion­nels se tirent la boure sur un terrain à 7. Et il semble bien que tous les dimanches ils se soient donné rendez‐vous pour des chal­lenges foot­bal­lis­tique. Footballl et tennis coha­bitent donc avec un certain calme… avant que tout bascule sur un corner.

- Monsieur, c’est Roger ou Rafa qui a gagné ?

- C’est Rafael Nadal en 5 sets..

– Eh les gars, c’est Nadal qui l’a emporté…

- Quoi Roger a perdu ?

- Oui, il a même pleuré… au bout d’un match d’enfer…

- Et les gars, Roger a pleuré, j’y crois pas, j’y crois pas. Putain ça va vite, c’est dingue la rage de Nadal. Maintenant Roger ne le battra plus, il fait un complexe, c’est clair

- Ah bon vous croyez ?

-C’est la vie, le jeune a pris le dessus. D’ailleurs Djokovic le fera aussi un jour ?

- Pardon ?

- Oui, le serbe Djokovic, je l’aime bien ce gars, j’aime bien aussi le renoi, le métisse…

- Tsonga ?

- Oui, Tsonga, quel joueur ! et puis y a le tout maigre là..

- Gilles Simon ?

- Oui Gilles Simon, lui aussi il va faire des trucs… Mais putain Roger qui pleure j’en reviens pas, même si Rafa, quel mental, c’est dingue ! Avant Roger était imbat­table et là il perd trois finales face à Nadal, c’est terminé, c’est bien Nadal le plus fort !

Voila, au final à quoi on juge la popu­la­rité du tennis.. A ces cham­pions, à ces commen­taires, à ces impressions…Jamais je n’aurai pensé être apos­trophé, ques­tionné de la sorte sur la finale de l’Open d’Australie sur un terrain de foot par ceux qu’un certain ministre appel­lait des sauvageons..