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Gasquet fait le point

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Dans les allées du Tennis Club Weissenhof, Richard Gasquet s’est longue­ment confié à la presse. Décontracte et souriant, le numéro 2 fran­çais fait le point sur ce week‐end en Allemagne, sa probable acces­sion au top 10 et la future demi‐finale de Coupe Davis. Interview.

Richard, c’est une victoire à 3–0, nette et sans bavure. On imagine que vous êtes super heureux, vous qui avez apporté votre pierre à l’édifice…

C’est clair que je suis très heureux ! D’autant plus que je suis passé près de la défaite. Ca aurait été dur pour moi d’être le seul à avoir perdu, le samedi soir. Je suis donc content d’avoir pu gagner mon match et qu’on ait passé ce tour. Sur le papier on était supé­rieur, mais l’Allemagne reste une belle équipe.


Quelle est la force de cette équipe ? On a l’impression que ce groupe a muri…

Oui tous les joueurs sont hauts au clas­se­ment. On est tous dans les 15 premiers. Ce sont tous de très très bons joueurs. Et puis on a plus d’expérience par rapport aux années précé­dentes. Tout ça fait que l’équipe est belle. C’est bien d’avoir gagné 3–0, c’est bien pour moi d’avoir pu jouer. Le week‐end a été beau pour l’équipe et pour moi‐même. 

Qu’est-ce qui se passe à l’in­té­rieur de cette équipe ? Il y a une concur­rence ? Une émula­tion ?

Aujourd’hui Gilles est quand même 16e mondial et il n’a pas joué. Ces choses se voit très rare­ment dans les autres équipes. Donc voilà, une fois c’est moi qui joue, une fois c’est un autre… Il n’y a pas de jalousie par rapport à qui joue. Vendredi, je me suis senti porté par tous les autres. Ils m’ont encou­ragé du début à la fin. C’était impor­tant. Vraiment l’équipe est saine aujourd’hui, il y a une belle émula­tion. C’est vrai­ment super. Il faut qu’on continue, on sait qu’on peut aller loin cette année dans la compé­ti­tion. Donc il faut poursuivre !

« Je n’étais pas sûr de retrouver le top 10 un jour. C’est une très belle progres­sion pour moi »

C’est une riche idée d’accorder des points en Coupe Davis parce que grâce à votre victoire, vous allez peut‐être passer Top 10. C’est symbo­lique 3 ans après l’avoir quitté ?
Ça fait long­temps que je n’y ai pas été. Je n’étais pas sûr de le retrouver un jour non plus. C’est vrai­ment une très très belle progres­sion pour moi. Je pense que ça se joue avec Roddick (Ndlr, l’Américain est aujourd’hui 10e et Gasquet 11e). Mais bon, peut‐être que ce serait mieux aussi que Roddick vienne à gagner cet après‐midi pour rece­voir les Américains à Paris. Alors peut‐être qu’à choisir, je préfé­re­rais être 11e.

Vous êtes prêt à sacri­fier votre cas personnel pour l’esprit d’équipe ?
Oui c’est sûr ! Entre aller jouer en Espagne et rece­voir les Etats‐Unis… Ce n’est pas pareil ! Alors si je dis aux autres : « Je préfère être 10e et on va en Espagne », je pense que ça ne va pas passer (Rires) !

Ce n’est peut‐être pas pour demain ce Top 10 mais ce sera vrai­sem­bla­ble­ment pour les jours qui viennent. Ça repré­sente quoi de revenir dans le Top 10 ?
Beaucoup. C’est clair que, comme je l’ai dit, je n’étais pas sûr de revenir dans les 10 premiers un jour. Aujourd’hui c’est dû à la saison que j’ai fait, j’ai gagné beau­coup de matches, je suis toujours allé loin dans les tour­nois, j’ai été assez régu­lier. C’est vrai­ment impor­tant pour moi et je suis très heureux d’avoir pu y revenir.

A l’Open d’Australie vous étiez au‐delà de la 30e place mondiale. Quand est‐ce que s’est produit le déclic ?
A ce moment‐là, j’étais déjà 30e, ce n’était pas si mal ! Parce que l’année d’avant, en arri­vant en Australie, j’étais 90e. Là j’étais quand même beau­coup plus bas. Mais voilà, c’est petit à petit, à force de gagner des matches, de m’en­traîner. Il n’y a pas eu de déclic parti­cu­lier, il y a eu vrai­ment une conti­nuité dans le travail. Je me suis beau­coup entraîné, j’ai fait beau­coup de tour­nois. Après tu gagnes, tu gagnes. Et la confiance vient en gagnant. 

« Être dans les 10 meilleurs joueurs du monde, c’est quelque chose de grand »

Ca change la vie d’être Top 10 ? On est dans un certain confort ? Votre « cote de marchan­dise » prend de la valeur ? Est‐ce que c’est vrai­ment autre chose ?
Oui c’est toujours diffé­rent de quand tu es 90e ! (Rires) Je suis surtout heureux du clas­se­ment. Ça repré­sente quelque chose. Être dans les 10 meilleurs joueurs du monde au tennis, c’est quelque chose de grand. Je suis très heureux d’y être. Je ne sais pas si ça élève ma « cote de marchan­dise » ou quoi. Je suis simple­ment heureux d’y être.

Maintenant, objectif Top 5 ?
Je ne l’ai jamais été. J’avais dit à l’époque où j’étais 7e que je visais les 5 premiers. Et je suis descendu de l’autre côté (Rires) ! Je vais déjà essayer d’être dans les 10 premiers, d’y rester, et on verra bien. Je me sens bien dans mon tennis, j’ai bien joué derniè­re­ment. Je suis content d’avoir pu gagner ici. Je sens que je progresse donc il faut continuer. 


Comment allez‐vous gérer l’été ? Vous vous êtes retiré de Stuttgart. L’idée c’est de partir en vacances pour se reposer ? Et quel est le plan de bataille pour repartir à fond en Amérique du Nord ?

L’idée c’est de se reposer puis de s’entraîner pour les tour­nois vrai­ment impor­tants : Montréal, Cincinnati, l’US Open. Et puis il y a encore la Coupe Davis juste derrière. C’est vrai­ment très très long. Donc il faut se reposer avant d’aborder cela. Je peux me le permettre, j’ai bien joué derniè­re­ment. Je ne suis pas blessé, je me sens bien. Je vais essayer de faire une grosse période foncière, bien m’entraîner physi­que­ment pour être bien pour les États‐Unis. 

« Si on joue l’Espagne sans Nadal, c’est du 50/50. Sinon, c’est le défi ultime »

On va main­te­nant aborder les deux adver­saires poten­tiels pour les demi‐finales. D’abord, confi­gu­ra­tion Espagne. C’est une des équipes les plus dures à affronter, chez elle ?
Ça dépendra si Nadal vient ou non. Si Nadal vient jouer, c’est sûr que les Espagnols seront bien favoris. S’il n’y a pas Nadal, je pense que c’est vrai­ment diffé­rent. C’est du 50/50. On a des très bons joueurs dans l’équipe, un bon double. Donc ça dépendra beau­coup de Nadal. Mais quoi qu’il arrive, aller battre les Espagnols sur terre battue, ça restera très compliqué. Ils seront favoris. Si Nadal vient, ce sera une toute autre chose.

C’est un défi merveilleux à relever non ?

Oui c’est sûr que c’est un sacré défi. C’est la rencontre la plus dure. Aller battre l’Espagne chez elle sur terre battue, c’est le défi ultime de Coupe Davis. Surtout si Nadal est là. 

Et si c’était les Etats‐Unis ? Les Américains à Paris, ce serait une agréable surprise…

On préfé­re­rait tous les jouer eux plutôt que les Espagnols. C’est sûr que jouer à Paris, à Roland Garros, ce serait fabu­leux, excep­tionnel pour nous. 

Fish, Roddick sur terre…Ça ne fait pas peur si ?
Ça reste une belle équipe. Ils ont quand même de très bons joueurs, un grand double… Ça reste une équipe diffi­cile mais c’est à mon avis moins fort que l’Espagne chez elle.

Ou est‐ce que vous aime­riez jouer ?
A Roland Garros. Si les Américains gagnent…

Vous étiez où en 2002 quand Grosjean et sa bande battaient les Américains à Roland Garros ?
Dans les tribunes, avec Jo (Tsonga) d’ailleurs ! On était venu tous les deux voir le match. C’était il y a 9 ans. Ce serait fabu­leux que cette fois‐ci, ce soit nous qui jouions.

De votre envoyée spéciale à Stuttgart