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Radwanska à l’as­saut du mont Williams

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Serena Williams affronte Agnieszka Radwanska à 15h00, en finale de Wimbledon. Au‐delà de ces deux joueuses, c’est un duel de géné­ra­tions qui va se nouer sous nos yeux : celle des tren­te­naires ou, plutôt, du début des années 2000, face à la jeune garde montante, encore décriée comme manquant de régu­la­rité et de charisme.

A gauche de la chaise : 13 titres majeurs en simple, 14 en double, deux médailles d’or olym­pique, une Fed Cup, 123 semaines à la place de numéro un mondiale, 30 ans. Serena Williams. A droite de la chaise : une finale et cinq quarts en Grand Chelem, dix titres, le plus grand à Miami, 23 ans. Agnieszka Radwanska. Et pour­tant… C’est bien la seconde qui est actuel­le­ment la mieux classée des deux, troi­sième joueuse mondiale, et qui, en cas de victoire, devien­drait la patronne du circuit féminin. Le diffé­ren­tiel est flagrant. Les parieurs ne s’y trompe pas… Serena est créditée d’une cote de 1,06, contre 5,20 à son adver­saire. Les confron­ta­tions directes ne sont pas plus opti­mistes pour la Polonaise : deux rencontres déjà jouées entre ces deux filles et deux victoires de l’Américaine, facile. Un point, néan­moins : c’était en 2008. A Wimbledon, en quarts, Williams avait infligé un cinglant 6–4 6–0. Et pourtant…

L’eau a coulé sous les ponts. La native de Cracovie est devenue une place‐forte sûre et bien défendue du circuit WTA. Huitième joueuse mondiale en début d’année, 14ème début 2011, elle s’est imposée depuis mars comme une pension­naire incon­tour­nable du top 5, à force de régu­la­rité, d’ab­né­ga­tion, de travail et de variété. Son style de jeu complet, sans gros coups forts, mais fait de finesse et d’in­tel­li­gence tactique, a mis à mal les meilleures depuis deux saisons : elle cumule ainsi cinq succès contre le top 3 dans ce laps de temps. Et s’est imposée dans six Premier Events, après trois ans de disette. Ce qu’on lui repro­chait, elle l’a foulé au pied durant cette quin­zaine : elle qui semblait faire un blocage mental au stade des quarts en Grand Chelem a vaincu le signe indien. Quelques fois, il faut un petit coup de pouce du destin : Samantha Stosur, Na Li, Vera Zvonareva, Maria Sharapova ou encore Kim Clijsters… Ses prin­ci­pales adver­saires dans sa moitié de tableau ont toutes préco­ce­ment baissé pavillon. Résultat, elle arrive en finale en ayant battu Rybarikova, Vesnina, Watson, Giorgi, Kirilenko et Kerber, soit une seule joueuse du top 10. Elle peut y voir une bonne étoile et penser que son heure est venue.

Un parcours idéal pour Radwanska… ou pas !

Elle peut aussi penser que voilà un parcours trop facile, qui pour­rait la laisser désarmée au moment d’af­fronter une joueuse aussi compli­quée que Serena Williams. On dit souvent qu’il faut des matches déli­cats, qui vous mettent à l’épreuve de votre volonté, pour réussir les plus grandes perfor­mances. En l’oc­cur­rence, Radwanska en a été un peu sevrée. Pis, on pour­rait penser que c’est un avan­tage physique assez déter­mi­nant, surtout face à une Serena qui, elle, a bataillé contre Zheng et contre Shvedova. Mais Agnieszka souf­frait, hier, d’une infec­tion respi­ra­toire. On l’es­père remise pour cet après‐midi… 

Ce qui est sûr, c’est qu’elle devra déployer des trésors d’in­tel­li­gence pour contrer la puis­sance de Serena Williams, en coup droit… et au service. L’Américaine se montre incroyable dans ce dernier secteur du jeu depuis le début du tournoi. Il est évident que si la Polonaise veut s’im­poser, elle devra trouver LA solu­tion pour embêter sa vis‐à‐vis sur ses jeux de retour. Et être intrai­table sur ses propres enga­ge­ments, elle qui fait parfois preuve de faiblesse en deuxième balle. En somme, titiller la perfec­tion. Ce n’est qu’à ce régime‐là, qu’elle peut espérer remporter Wimbledon et devenir numéro un mondiale. Affirmer avec fermeté que les tren­te­naires sont désor­mais dépas­sées et qu’un vent de fraî­cheur va désor­mais souf­fler sans discon­ti­nuer dans les prochaines années.