La victoire de Stanislas Wawrinka à l’Open d’Australie a amené beaucoup d’espoir dans le tennis actuel. Notamment chez ceux qui doutaient de la capacité des poursuivants de Novak Djokovic, Andy Murray et Rafael Nadal à pouvoir inquiéter les tous meilleurs du fait du fossé conséquent qui s’était creusé. Avec cette consécration pour un joueur dont le talent n’est plus à prouver, certains ressentent comme un vent de fraîcheur et de changement. A 28 ans, Stan the Man peut‐il espérer lancer enfin sa carrière dans la cour des grands, et par la même occasion remporter de nouveau un titre du Grand Chelem ? Ou bien n’était‐ce qu’un feu de paille ? Eléments de réponse…
Non, c’était un concours de circonstances
Dire que la victoire de Stanislas Wawrinka à Melbourne ne m’a pas ravi, ce serait un peu fort quand même. On ne peut rester insensible à son tennis si particulier, alliant une puissance et une précision de tous les instants. Ajoutez à cela un physique enfin très étoffé, un mental de gagnant ainsi qu’une personnalité attachante et vous aurez un joueur de tennis enfin complet, sympa et apte à concurrencer les tous meilleurs. Néanmoins, je ne suis pas spécialement convaincu pour autant qu’il ait trouvé sa place parmi les cadors que nous avons cité au‐dessus. N’oublions pas que chez ces derniers, beaucoup de paramètres sont rentrés en compte. Impérial depuis trois ans à Melbourne, Novak Djokovic a clairement failli à la tâche et montré des lacunes inhabituelles dans sa défaite face à Stan. Si on voulait parler de Andy Murray, le Britannique a subi deux lois : celle d’un retour à la compétition progressif après une absence de quatre mois (tout le monde n’a pas la volonté et le physique de Nadal pour tout gagner d’entrée), et d’un Roger Federer de nouveau serein et confiant sur ses bases. Enfin, la victoire de Wawrinka en finale reste entachée de cette vilaine contraction musculaire qui a totalement anéanti Rafael Nadal en finale. Et encore, même là, on a vu que l’Espagnol pouvait trouver des solutions pour perturber encore le Suisse. Bref, si le niveau de jeu de Wawrinka sur cet Open d’Australie a clairement été à la hauteur du talent qu’on lui connaît, je doute que les leaders du haut de leur orgueil de champions sauront rester sur cet amas de contre‐performances lors des prochains tournois du Grand Chelem… Pour moi, c’était un accident de parcours. Un accident heureux, certes, pour voir un peu de changement dans le tennis ! Mais qui ne trouvera pas sa place dans la durée…
Simon Alves
Cela paraît difficilement réalisable mais pourquoi pas
Stanislas Wawrinka semble avoir atteint le pic de sa carrière. Un pic auquel rares sont ceux qui s’y attendaient. Un pic qui lui a permis de développer un niveau de tennis exceptionnel. Un pic qui peut aussi être éphémère. Comme au Tour de France, après avoir rejoint le sommet d’un col, une longue descente attend les coureurs. La trajectoire de Stan’ pourrait‐elle être la même ? Le Suisse ne peut‐il que redescendre après être monté si haut ? Avant l’Open d’Australie, Wawrinka faisait déjà partie des outsiders, c’est-à-dire de ceux qui pouvaient, par chance, opportunisme ou flamboyance, ce qui fut le cas de Stan’, prétendre à la victoire finale. Mais un outsider vainqueur ne devient pas pour autant favori. On s’en méfie plus. S’il on ne peut rien enlever au triomphe du Vaudois à Melbourne, il a su surfer sur de nombreux faits de jeu en sa faveur. D’abord un tableau privilégié marqué par le forfait de Golubev au premier tour après un set et demi et celui de Pospisil avant même le début du troisième tour. Ensuite, Wawrinka a affronté un Novak Djokovic qui avait, semble‐t‐il, oublié son mental légendaire à Belgrade avant de battre Tomas Berdych, adversaire à sa portée pour une demi‐finale de tournoi du Grand Chelem. Stanimal a enfin du composer face à un Nadal blessé en finale. La victoire est évidemment méritée. Réitérer une telle performance paraît compliqué mais n’est pas à exclure totalement. Avec un tel niveau, Wawrinka fait amplement honneur à son nouveau statut de numéro trois mondial et s’il semble difficile de faire mieux, le Suisse peut toutefois maintenir sa qualité de jeu et, au moins, disputer de nouvelles finales. C’est à ce moment là que nous verrons si Stan’ fait réellement partie des plus grands.
Anton Braün
Oui, c’est un tournant, mais…
Wawrinka, c’est comme le nouvel élève de l’école, on l’observe, on le jauge avant de l’intégrer ou non à son groupe. Stan a enfin réussi a se greffer au top 3 du tennis mondial, mais surtout il s’est débarrassé de la tutelle oppressante de Roger Federer. Alors oui, on voudrait le voir remporter d’autres titres du Grand Chelem afin d’échapper au rituel Tryptique Nadal, Djokovic, Federer. Tennistiquement c’est fort possible, le « Stanimal » nous a fait rêver avec un niveau de jeu exceptionnel contre Novak Djokovic mais il a aussi été très décevant contre Berdych. Stan pourra‐t‐il être constant ? C’est la seule inquiétude à son sujet et qui pourrait l’empêcher de s’imposer à nouveau en Grand Chelem. Mais s’il y a bien un moment ou le calife peut devenir calife, c’est maintenant : Nadal est en proie a de plus en plus de difficultés avec son corps et Roger est sur le déclin. Il reste donc deux adversaires à Stan pour devenir le nouveau Suisse dominant : Djokovic et lui‐même. Djokovic, car oui Stan l’a battu à Melbourne mais Nole a eu de nombreuses occasions de se défaire de Stan. Et lui‐même puisque s’il conserve ce tennis, Stan peut battre n’importe qui mais il faut ne pas reproduire la piteuse performance de la demi‐finale à Melbourne.
Martin Casamatta
Publié le mardi 28 janvier 2014 à 12:21