Arnaud Clément s’est présenté devant la presse, hier, après la défaite française en Argentine. Le Capitaine tricolore revient sur la défaite des siens. Une déception, forcément. Qui n’entame néanmoins pas sa détermination. Il a d’ailleurs confirmé sa volonté de poursuivre à ce poste.
Arnaud, vous aviez déjà connu des défaites cruelles en tant que joueur, mais comment vivez‐vous cet échec en tant que capitaine ?
C’est très dur quand on est joueur. C’est très dur quand on est capitaine, mais cela l’est aussi pour tous les membres de l’équipe. Il y a énormément de déception. On est touchés par ce qui s’est passé aujourd’hui. Je savais qu’il allait y avoir des moments de joie, mais aussi des moments très durs. Et là, c’est un moment très dur quand on passe si près de remporter une rencontre. On était si près sur tous les matches qui ont été perdus. C’est là qu’on voit que la Coupe Davis, ce n’est pas seulement du tennis. C’est une compétition à part dans notre sport. En tout cas, c’est très dur pour nous tous ce soir.
Est‐ce que la pression était trop forte pour Gilles sur ce cinquième match ?
Je ne crois pas. Gilles a réalisé un meilleur match que vendredi. J’étais persuadé qu’il pouvait gagner ce match là et j’en reste persuadé. Encore une fois, cela ne s’est joué à rien, à quelques détails, deux ou trois points par set et à quelques frappes dehors.
Comme l’an passé, la France est stoppée dès le stade des quarts de finale. Avec une telle équipe, comment expliquez‐vous que cela s’arrête de façon prématurée ?
Quand on est arrivé en Argentine, on n’était pas forcément favoris. On s’attendait à une rencontre extrêmement serrée. Cela a été le cas. Elle n’a pas tourné en notre faveur. Le fait de jouer à l’extérieur n’est pas évident. Quand on regarde le record qu’ils ont ici [NDLR : 18 victoires de l’Argentine sur les 20 dernières rencontres à domicile, avant Argentine‐France], on peut imaginer que beaucoup d’autres nations se sont cassé les dents sur cette équipe, sur cet état d’esprit et sur ce public. On a perdu cette rencontre à quelques points. Bien sûr, cette défaite est prématurée car l’objectif était de gagner la Coupe Davis. On s’arrête en quart de finale. On ne refera pas l’histoire, mais si on arrive à passer dans ce genre de rencontres, en étant très près de la perdre, cela peut créer des choses. Cela peut donner de la confiance pour la suite. Cette année, ce ne sera pas le cas. J’espère que l’on ira plus loin l’année prochaine.
Dans cette équipe, on a l’impression qu’il y a « Jo » et les autres… Le ressentez‐vous comme ça ?
Non, je ne ressens pas les choses de cette manière‐là. L’état d’esprit est partagé par tous. Après, si on regarde les résultats de « Jo » pendant l’année, ils sont aussi meilleurs que les autres joueurs français. C’est le leader du tennis français au niveau du classement et des résultats depuis des années. Cela se confirme en Coupe Davis. J’ai la chance d’avoir « Jo » qui est à fond pour cette Coupe Davis chaque année, de la même manière que les autres joueurs. Bien sûr, je m’appuie sur « Jo », mais je m’appuie aussi sur les autres joueurs. Un seul joueur ne peut pas gagner la Coupe Davis. Il faut s’appuyer sur un groupe compact, solide et solidaire. Cela n’a pas souri cette année.
Quelles leçons allez‐vous tirer de cette rencontre et comment voyez‐vous l’avenir ?
Pour cette année, il n’y aura déjà pas d’avenir. Je pense prendre un peu de recul et analyser les choses à froid. Cela sera nécessaire. A chaque défaite, on doit apprendre des choses. Mais chaque défaite ne doit pas, non plus, engendrer une remise en cause totale du mode de fonctionnement.
Comment peut‐on rebondir après une telle défaite ?
Il faut que la dynamique reste intacte et que les joueurs et ce groupe aient envie de remporter la Coupe Davis chaque année, de se donner à fond. Bien évidemment, mon rôle est très important. Je pense que l’on aura une chance chaque année. Là, c’est évidemment une grosse déception à encaisser pour tout le monde. Dans un premier temps, on est un peu K.O. ce soir, parce que les joueurs se sont tellement investis dans la préparation et lors de chaque minute sur le court. La défaite en est d’autant plus cruelle, surtout quand on passe si près.
Quels ont été vos mots dans le vestiaire à Gilles et au groupe ?
Pour Gilles, par rapport à ce qu’il a fait aujourd’hui, je ne pense pas qu’il peut faire plus au niveau de la volonté. Quelque part, c’est la seule chose que l’on peut exiger à son joueur. Après, bien sûr, Gilles aurait pu mieux jouer sur quelques points. Il aurait pu faire tourner un set en sa faveur. Pour avoir été sur le court, on sait qu’en Coupe Davis, c’est très dur. Dans une ambiance comme ça, cela l’est encore plus.
Gilles est‐il maudit en Coupe Davis ?
Non, je ne crois pas. C’est sans doute un très mauvais concours de circonstances. Il a rencontré des joueurs de grandes valeurs à chaque fois, qui arrivent à se dépasser. A chaque fois, c’est beaucoup de frustration pour lui. Il se pose beaucoup des questions. Mais je ne crois pas qu’il soit maudit en Coupe Davis.
Allez‐vous rester capitaine de cette équipe de France ?
Oui. Si les joueurs veulent toujours de moi, je resterai capitaine.
Publié le lundi 8 avril 2013 à 14:37