AccueilFederer : "J'avais tout à fait confiance"

Federer : « J’avais tout à fait confiance »

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Roger is back et il est encore plus méchant ! Les fans criaient son nom quand ils l’ont vu arriver dans la salle d’in­ter­view, derrière les fenêtres. Le mythe n’a jamais été aussi vivant.

Est‐ce le meilleur match que vous ayez joué en 2011 ?

Oui, je pense. Enfin, j’es­père. Parce que je pense que l’on a joué à un très haut niveau, assez long, je parle pour moi en tout cas. Je pense avoir très bien joué aujourd’hui. Cela a été un démar­rage diffi­cile, j’ai pu breaker, puis il a débreaké parce que c’est comme ça qu’on joue l’un contre l’autre. C’est en général un match très intense, Novak est un telle­ment bon joueur et quel­que­fois il a tout dans la raquette pour me breaker. Et je voulais que le match soit aussi physique que possible. Je suis parvenu à le faire. Le premier et le début du second set ont été la clé du résultat au quatrième set. J’étais donc fort menta­le­ment. Nous savions qu’il fallait conclure parce qu’on savait tous les deux que l’on pouvait revenir demain aussi. Je suis content de ne pas avoir à revenir demain. Mais cela a été un très très grand match des 2 côtés.

En regar­dant le match, certains d’entre nous se sont dit : c’est du tennis vintage, un petit peu comme en 2008, êtes‐vous d’ac­cord avec cela ?

Oui, éven­tuel­le­ment. Mais je n’ai quand même pas disparu depuis 2008, j’ai quand même joué quelques bons matchs et fait quelques sacri­fices aussi, je n’étais pas en train de me bronzer sur la plage. Je suis ravi d’avoir fait ces efforts au cours des années. Et quand les choses comptent vrai­ment, quand il y a de grandes occa­sions comme aujourd’hui, c’était quelque chose de très impor­tant. Je sais que Novak avait beau­coup de pres­sion en entrant sur le court et je trouve qu’il l’a très bien gérée. Il a prati­que­ment poussé jusqu’au cinquième set. C’était un plaisir de jouer contre lui aujourd’hui. Pour lui, ses résul­tats montrent combien il a très bien joué cette saison. Donc, oui, il a joué un très très bon tennis. On a vu comment la foule m’a soutenu ici à Paris. Je sais que c’est pour moi un très très grand privi­lège que de vivre ces moments.

Est‐ce qu’à un moment du match, vous vous êtes dit « je pour­rais perdre ce match » ?

Non, très honnê­te­ment, j’avais tout à fait confiance. Je savais que ce match était à ma portée, même si j’ai perdu quelques points et au troi­sième set, je savais que je pouvais le battre, en tout cas c’était ce que je ressentais.

Vous êtes le dernier à avoir arrêté Djokovic, vous êtes celui qui a stoppé Rafa une fois, est‐ce que vous avez quelque chose contre les gars qui essaient de casser les records ?

Non, mais eux aussi m’ont arrêté de temps en temps. J’ai voulu jouer un grand match et atteindre les finales de Roland Garros. Je suis ravi de pouvoir le faire. Je n’ai pas gagné le tournoi pour l’ins­tant. Le trophée est toujours à gagner, et j’ai hâte de jouer contre Rafa qui est mon véri­table rival depuis toutes ces années. Je me souviens d’avoir joué à Miami pour la première fois, et c’est comme s’il fallait que Rafa soit toujours à la finale du tournoi de Roland Garros, ce qui en fait un tournoi spécial et j’ai hâte de jouer ce match après avoir battu Novak.

A 4–5, quand Novak servait pour le set, qu’est‐ce qui vous est passé par la tête et quelle est votre tactique contre Rafa ?

Être mené ou mener 4–5 quand on est breaké, à ce moment‐là, ça fait une grosse diffé­rence. Je ne sais pas comment expli­quer, vous êtes à 4 points au lieu d’être à 12 points, donc j’ai un peu raté, j’ai manqué de chance, je ne pense pas avoir pris de mauvaises déci­sions mais Novak est vrai­ment un très grand joueur. Je n’ai jamais aban­donné même si je me suis dit : « oh qu’il joue bien, il va conclure », et puis il y a eu des points plus durs, et je me suis dit « tiens je vais réussir à le rebreaker » parce qu’il jouait moins vite, il faisait plus noir, et je me suis dit « il faut simple­ment conti­nuer à jouer », et c’est là que j’ai eu un très beau jeu de retour. J’ai très bien servi égale­ment. Et bien entendu, je me sentais bien.

La dernière fois que vous avez battu Rafa ici, en avez‐vous tiré des ensei­gne­ments, allez‐vous refaire la même chose ?

On a aussi très bien joué à Madrid. On sait très bien combien de fois il m’a battu ici à Paris. Mais je suis heureux de n’avoir jamais aban­donné sous prétexte qu’il m’avait battu ici et je n’ai jamais arrêté d’y croire, c’est pour ça que j’ai gagné Roland Garros en 2009 et c’est l’une de mes plus belles victoires. Et j’ai encore la possi­bi­lité de battre Rafa et de remporter ce trophée ici à Paris. Je sais qu’il faudra que je joue un tennis extra­or­di­naire, j’en suis bien conscient mais j’ai déjà franchi une étape consi­dé­rable aujourd’hui. Et je vais bien me préparer pour la finale évidemment.

Roger, vous n’avez pas beau­coup utilisé les amor­ties. Pourquoi est‐ce que cela s’est produit ?

Parce que Novak joue beau­coup sur le fond de court, et il a des coups qui sont plats, profonds, très forts. Du coup, c’est plus diffi­cile de faire des amor­ties. Et puis quand on fait une amortie, il faut le faire de manière parfaite sinon il vous le renvoie à pleine vitesse et c’est aussi simple que cela.


Si tu compares ce match par rapport à tous tes matchs sur terre battue, c’est l’un de tes meilleurs, il est dans le top 3 ?

Oui, au niveau de l’im­por­tance, c’est clair que c’est le match le plus attendu de ma carrière avec quelques autres. Et être au meilleur de ma forme quand ça compte comme ça, c’est clair que cela rend les choses très constantes. Je suis très fier de ma perfor­mance aujourd’hui. Mais le tournoi n’est pas fini. C’est vrai que c’était un grand match, main­te­nant 1…2… 3… 7… C’est égal. L’important est que je fasse un très bon match contre un joueur qui est en forme. Cela va rester certai­ne­ment une victoire plus spéciale que d’autres, c’est normal.

Quand tu joues des coups incroyables comme aujourd’hui et que tu sens que le public se régale, est‐ce que tu as conscience de cela sur le moment, est‐ce que cela nourrit ta motivation ?

Oui, beau­coup même. Ce serait normal en Suisse, quand je joue là bas, que les gens soient derrière moi, mais on n’a pas de Grand Chelem chez nous en Suisse. Quand je joue à l’étranger et que je reçois une ovation, et que les spec­ta­teurs sont à ce point derrière moi, cela me rend très heureux et très fier. Même si je ne fais rien pour gagner le coeur des spec­ta­teurs, mais si cela arrive natu­rel­le­ment, je suis très content. Quand on voyage beau­coup, cela nourrit ma moti­va­tion dans le match et pour conti­nuer à jouer le plus long­temps possible. Cela me fait plaisir de jouer dans une telle ambiance. Je n’ai pas encore eu de matchs très très diffi­ciles et les spec­ta­teurs n’ont pas eu le temps peut‐être de s’ins­taller dans les matchs. Mais c’était un grand match, tout le monde l’at­ten­dait, c’était plein et l’am­biance était incroyable. J’aimerais les remer­cier pour ce spec­tacle. Cela m’a certai­ne­ment aidé à gagner aujourd’hui.


Depuis l’open d’Australie 2010, depuis un an et demi tu n’avais pas atteint la finale d’un Grand Chelem, est‐ce que le temps t’a paru long et est‐ce que tu as douté un moment de revenir dans une finale ?

Non pas vrai­ment. À un point près, je suis passé à l’US Open, mais j’ap­précie, je suis en finale contre Rafa. Je pense que j’ai une bonne chance de gagner même s’il est au meilleur de sa forme. Mais c’est comme ça. Novak a très bien joué, après il a très bien joué en Australie, l’année dernière j’avais un peu de peine, ici et à Wimbledon. Et Roddick et Berdych ont joué le match parfait même si j’étais au meilleur de ma forme ; il aurait perdu aussi j’au­rais perdu aussi… Il faut l’ac­cepter, j’ai toujours travaillé et toujours atteint les quarts, si ce n’est pas les demies, c’est un pas en avant, et si je suis déjà en finale j’ai­me­rais la gagner, mais je connais la diffi­culté contre Rafa mais je serai prêt dimanche.

Est‐ce que vous pensez que c’est votre meilleur jeu sur terre battue actuel­le­ment avec ce style telle­ment offensif ici à Paris ?

Honnêtement, je me sens très bien. Je bouge bien. Je ne suis jamais stressé. Si une balle passe à côté de toi, c’est parce que l’autre a bien joué. Ce n’est pas parce que je joue faux, ou mal. Cela fait du sens sur le retour, sur le service. C’est pour cela que je suis très content de mon jeu. Quant à savoir si c’est le meilleur, je ne sais pas, et je m’en fous aussi.

Quelle a été la clef aujourd’hui pour battre Djokovic ?

Rester avec lui, menta­le­ment, physi­que­ment, ne pas avoir peur d’en­trer dans les échanges, rendre les choses plus diffi­ciles pour lui parce qu’il joue avec énor­mé­ment de confiance. C’est clair que cela passe toujours à travers la tête à chaque fois, il arrive à chaque fois à sauver une balle de break, et j’en ai raté plusieurs aujourd’hui, d’un côté tu te dis « j’ai mal joué », de l’autre « il a bien joué ». Et c’est le côté confiance, que lui même prend souvent, et presque toujours la bonne déci­sion aussi et cela rend les choses compli­quées pour rester calme, mais voilà je me suis dit ça avant le match. Je n’avais pas peur de ne pas arriver à rester calme, je l’ai fait telle­ment souvent, le mental est un des points forts de mon jeu, plus le physique. C’est exac­te­ment le match que j’es­pé­rais, super diffi­cile au début, passer le cap, prendre l’avan­tage et conclure en 4 ou en 5, c’était un scénario parfait pour moi.


On a l’im­pres­sion que vous n’êtes pas tout à fait conscient du niveau de jeu extra­or­di­naire qui a eu lieu au premier set. Touts les obser­va­teurs disent ‑comme Santoro, Hagelhauer‐ que depuis 20 ans il n’y a pas eu un premier set d’une telle qualité. Rendez‐vous compte du niveau qu’il y avait ?

Ah oui ! (Rires) Je le sens même ! C’est nous qui avons couru. C’est pour cela que je dis que je le sentais, quand 3 à 5 jeux durent déjà une demi heure, chaque point à l’ar­rache, et chaque fois faire un point de dingue… pour gagner un point, je suis le premier à savoir à quel point je mets du travail dedans. Et honnê­te­ment les gens quel­que­fois l’oublie, mais c’était un peu comme ça en Australie, mais là c’est passé de son côté et cette fois‐ci de mon côté. Là bas c’était hyper physique, c’est d’ailleurs depuis ce match qu’il a ce bandage au genou, telle­ment c’était dur. Et aujourd’hui, on a vrai­ment joué très long­temps aussi, et c’est clair que d’un côté il était fatigué aussi. Mais c’est peut‐être plus la décom­pres­sion à la fin. Mais le premier set était immense. J’en suis bien conscient aussi, normal.

Tu as dit que tu n’a pas fait quelque chose d’ex­tra­or­di­naire pour avoir le soutien du public Français à l’étranger. Il y a Kuerten qui a dessiné sur le court, Schiavone qui donne des bisous à la terre, toi tu n’as jamais pensé à faire quelque chose de parti­cu­lier ?

J’essaie de parler Français ! Je n’y arrive pas très bien, je fais plein de fautes. C’est peut‐être ça… Je n’ai pas l’im­pres­sion que j’ai à faire quelque chose comme ça. Les gens savent à quel point j’adore Roland Garros, à quel point cela me tient à cœur, ça suffit large­ment. Chacun a son carac­tère, son tempé­ra­ment et c’est ce qui est beau dans le tennis, chacun est différent.

De votre envoyée spéciale à Roland Garros.

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