AccueilSchiavone : "Roland Garros, c'est mon rêve"

Schiavone : « Roland Garros, c’est mon rêve »

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Francesca Schiavone rayonne. L’Italienne se réjouit de défendre son titre samedi après‐midi sur le court Central. Toute cette joie lui rappelle ses premiers souve­nirs ici, alors qu’elle n’était une junior, venue regarder ses idoles Graf et Seles…

Elle ne vous a pas énervée, avec tous ses mouve­ments entre les points ?

« Dès le début du match, elle a commencé à faire ses mouvements.
Non, non, elle fait ça tout le temps. Elle bouge toujours comme ça. Moi, je fais les miens, elle, elle fait les siens ! ».

Parce que les joueuses, en général, cherchent à être concen­trées. Cela ne gêne pas ?

« Absolument pas. Parfois, elle a pris un peu trop de temps, mais à ce moment‐là, l’ar­bitre lui a donné un aver­tis­se­ment pour dépas­se­ment de temps. Chacun est diffé­rent, il n’y a aucun problème là‐dessus ».

Une fois encore, vous avez réussi à prouver que vous êtes une joueuse diffé­rente à Roland Garros : diffé­rente de partout, ailleurs, les autres tour­nois sur terre battue. Pouvez‐vous expli­quer comment vous avez réussi à refaire la même chose cette année que l’année dernière ?

« Je crois que c’est une ques­tion d’ins­pi­ra­tion. Quand j’étais jeune, je rêvais toujours à ce tournoi. Je pense que c’est quelque chose qui vient de très loin en arrière. Quand je viens ici, je sens quelque chose de très parti­cu­lier, c’est tout ».

Qu’est-ce qu’il y a dans votre jeu qui vous rend si effi­cace sur cette surface ?

« Parce que les balles rebon­dissent beau­coup. Et quand il fait soleil, c’est mieux pour moi. A ce moment‐là, je peux vrai­ment jouer long, avec des balles lourdes. Je trouve que les courts sont super, il n’y a aucun faux rebond. Bien sûr, c’est Roland Garros ! C’est bien pour moi. Je ne sais pas quoi vous dire… C’est bien pour moi, pour mon lift, pour pouvoir jouer des balles très diffé­rentes. Parfois, j’aime bien jouer haut, et brus­que­ment, une petite balle courte. J’adore tout mélanger ».

On aurait dit que 50 Italiens ont fait plus de bruit que l’en­semble du stade. Que pensez‐vous de cela ?

« Non, ce n’est pas vrai. J’ai vrai­ment trouvé que le public était fantas­tique avec Marion, ils l’ont soutenue dès le premier point et jusqu’au bout. Et je le comprends, parce que quand je joue à Rome, c’est la même chose. Je trouve ça super. Et c’était bien pour moi d’avoir 50 personnes de mon côté ! Je dois remer­cier ces 50 amis qui sont venus aujourd’hui, pour moi, c’est toujours un plaisir de jouer devant ce public et tous ces fans ».


Cette fois‐ci, vous ne serez plus une outsider pour la finale, au contraire, vous allez défendre votre titre. Qu’allez‐vous ressentir en entrant sur le court cette fois‐ci ? Ce sera diffé­rent de l’année dernière ?

« Ce sera une finale, et cette finale, bien sûr, n’a rien à voir avec un premier tour. Mais, c’est l’abou­tis­se­ment d’un grand rêve, de beau­coup de souhaits. Et en tout cas, je dois dire merci, je suis très recon­nais­sante de mon équipe parce qu’ar­river en finale, c’est une grande émotion. Et ce qui est bien, c’est de jouer au tennis. Parfois, on oublie le tennis. On commence à se sentir perturbée, à s’ana­lyser… Mais en fait, ce qui compte, c’est de jouer au tennis, tout simplement.
J’ai bien joué aujourd’hui, je suis contente, car mon adver­saire était très dure. Je pense qu’en ce moment, elle joue le meilleur tennis de sa carrière. Depuis l’Australie, c’est le cas, elle pousse beau­coup, physi­que­ment, menta­le­ment. Elle n’a plus des hauts et des bas. Au contraire, elle reste toujours à un niveau très haut. Et je savais qu’il fallait que je sois vrai­ment à 90 ou 100 % pour pouvoir bien jouer contre elle ».

Maintenant vous allez jouer Na Li en finale, c’est vous qui serez la plus âgée.

« Vous voulez dire que les années peuvent aider beau­coup, l’ex­pé­rience… Je dirais que l’âge main­te­nant a changé. Autrefois, les cham­pionnes étaient toujours très jeunes, Hingis, les Williams. Maintenant ça change. Comme je le disais il y a quelques jours, c’est comme le vin, plus il est vieux, plus il est bon ! Je suis donc contente d’en être là. Na Li, comme je l’ai dit précé­dem­ment, a extrê­me­ment bien joué contre Sharapova aujourd’hui, et aussi contre Azarenka l’autre jour. Il va donc falloir que je joue extrê­me­ment bien, que je sois forte menta­le­ment et physi­que­ment aussi. On ne se ressemble pas dans notre style de jeu, mais on est toutes les deux de fortes person­na­lités. Moi, je joue des kicks, des slices, des lifts, alors qu’elle, au contraire, elle s’ap­puie sur sa puis­sance. On verra celle qui sera la plus régu­lière. On verra celle qui atta­quera le plus, celle qui jouera le plus long. Je crois que ce sera une toute petite chose qui fera la diffé­rence ».


Vous avez dit que Roland Garros était impor­tant pour vous, quand vous étiez jeune. Pourriez‐vous nous donner plus de détails ?


« La première fois que je suis venue ici, c’était en juniors. J’ai joué les quali­fi­ca­tions dans un autre club, puis ensuite, je suis venue ici. J’ai joué le premier tour, le deuxième tour, et j’ai perdu en quarts de finale juniors. Pendant cette semaine‐là, il y avait un grand match, il y avait Steffi Graf contre Monica Seles. Je me souviens, j’étais allée voir ce match avec un appa­reil photo pour prendre des photos. Et chaque année, avant que je vienne ici, je regarde cette photo, en fait, il n’y a eu qu’une photo. Je me rappelle, j’étais au court Suzanne Lenglen, j’étais dans le public, comme tous les autres, et je me rappelle de ce moment. Je me suis dit : « Je veux jouer sur ce court‐là, je veux faire comme elle ! » Et c’est peut‐être ça qui peut faire la différence… ».


Elles étaient vos idoles ?

« Je me souviens que, dans ma chambre, j’avais deux posters, il y en avait d’autres, mais sur ces deux posters‐là, les deux joueuses étaient dessus. Steffi est un grand exemple d’une joueuse qui a beau­coup de variété de coups, et qui est très forte menta­le­ment. Monica SELES a beau­coup de talent pour se déplacer, et est aussi très forte menta­le­ment. Je trouve que ces deux joueuses étaient fantastiques ».

De votre envoyée spéciale à Roland Garros.