Une carrière avortée, une reconversion express. Retirée des courts à seulement 23 ans, Corinne Vanier oeuvre aujourd’hui dans le développement d’évènements sportifs pour Lagardère Unlimited. Egalement impliquée au sein de la FFT, la gauchère a su rebondir après une carrière aussi courte que mémorable. Numéro un française en 1982 (54ème mondiale), « la McEnroe du tennis féminin » a aidé son sport à faire ses armes chez les dames. Elle essaie aujourd’hui de le relancer.
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QUE SONT‐ILS DEVENUS ?
- Pascal Portes
- Séverine Beltrame
- Nathalie Herreman
- Corinne Vanier
- Yaya Doumbia - à suivre
- Jean‐Philippe Fleurian - à suivre
- Olivier Delaitre – à suivre
- Mary Pierce – à suivre
Corinne Vanier. Votre nom évoque immédiatement votre victoire 7–5 7–6 contre Steffi Graf en seizièmes de finale de l’Open de Brisbane 1984. Vous avez longtemps été la seule Française à avoir battu l’Allemande. Si Mary Pierce (deux fois en 1994) et Julie Halard Decugis (en 1999) vous ont depuis imité, ce succès est‐il le meilleur souvenir de votre carrière ?
Il en fait partie mais en terme de tournoi je retiens plus ma demi‐finale à San Diego en 82 (tournoi équivalent à l’Open Gaz de France, ndlr.) où je perds contre Kathy Rinaldi. Quand je bats Steffi, je crois qu’elle est déjà dans le Top 30 (25ème mondiale, ndlr.) mais elle n’avait pas encore gagné sur gazon. C’était une belle performance mais j’ai battu d’autres joueuses du Top 20.
La légende autour de ce match fait état d’une petite apostrophe que vous auriez eu avec Peter Graf, père de Steffi, à l’issue de ce match. Dites‐nous en plus…
Oui c’est vrai ! Quand je l’ai battu, son père n’était pas content qu’elle perde contre une joueuse française aussi…mauvaise (rire). Quand elle est sortie du terrain, son père lui a mis une claque. Comme je connaissais un peu le personnage, je suis allée vers lui et je lui ai demandé : « c’est si honteux de perdre contre moi ? » Mais ça ne l’était pas tant que ça finalement et cette victoire a même longtemps été ma carte de visite dans ma vie après le tennis.
Vous n’aviez donc pas la langue dans votre poche. C’est d’ailleurs pour ce trait de caractère qu’on vous a surnommé « la McEnroe du tennis féminin ». Comment preniez‐vous cette comparaison ?
Nous n’avions pas exactement le même palmarès quand même (rire). Après c’est vrai que j’étais une gauchère avec un jeu porté sur l’attaque et un très mauvais caractère sur le terrain. Un caractère qui m’a d’ailleurs valu pas mal d’amendes.
Après des débuts précoces à 17 ans, vous avez décidé de mettre fin à votre carrière à l’âge de 23 ans et de reprendre vos études. Pourquoi avoir arrêté si tôt, vous êtes‐vous rendu compte que vous ne vouliez pas faire du tennis votre métier ?
Je ne me suis jamais préparée à être joueuse de tennis professionnelle, je l’ai juste vécu. Et quand le doute a commencé à s’installer, je me suis alors mise à douter du fait que je puisse atteindre le Top 10 ou même le Top 20, ce qui était à l’époque mon aspiration. Et j’ai finalement décidé d’arrêter et de me tourner vers la reprise d’études.
Vous vouliez côtoyer les sommets… Beaucoup soulignaient votre fragilité mentale, pensiez‐vous ne pas être capable de vous satisfaire d’une carrière de « second plan » ?
Quand j’ai intégré le Top 60, j’ai visé le très très haut niveau. Mais pour y parvenir, il faut y penser 24 heures sur 24 et ne jamais cesser d’y croire. Et ça n’était pas mon cas. Dès que vous commencez à douter, c’est difficile. Si j’ai pris cette décision, c’est peut‐être aussi que je n’avais pas tout ce qu’il fallait. Je pensais franchement que je n’avais pas les armes. J’étais déjà réputée très émotive sur le circuit et je n’ai pas su vaincre ma fragilité.
Une fois hors‐circuit et un diplôme de marketing et publicité en poche, vous avez enchaîné les sociétés (dont un passage chez IMG avec des responsabilités dans l’organisation de l’Open 13). Aujourd’hui, vous travaillez pour Lagardère Unlimited. Comment en êtes‐vous arrivée là ?
Je me suis longtemps épanouie dans le milieu de la communication et du marketing avant de me rapprocher du sport. L’histoire vous rattrape toujours et la mienne passe par le sport. J’ai toujours été épanouie avec les tâches qui m’ont été confiées. Aujourd’hui, ma mission chez Lagardère Unlimited est de développer de nouveaux évènements sportifs en France. C’est un challenge très intéressant.
Vous coopérez en parallèle avec la FFT, quelle est la nature exacte de votre rôle ?
J’assiste aux réunions du comité directeur qui ont lieu une fois par mois. Je fais partie d’un groupe de travail axé sur la communication.
Les dernières années semblent confirmer une certaine perte d’intérêt pour le tennis féminin. Est‐ce pour inverser la tendance que vous travaillez ?
En partie oui. Il y a deux aspects décisifs : ce qu’on propose en matière de produits tennistiques et les moteurs dont on dispose. Lorsqu’on a des numéros un françaises très médiatiques comme on en a eu avec Amélie Mauresmo, ça aide énormément. Les grosses locomotives jouent un rôle essentiel dans le développement du sport. Il y a des difficultés dans les clubs dues à une désaffection du public féminin. Nous travaillons pour trouver une solution à ce problème.
Vous parlez de locomotives. La numéro un française actuelle, Alizé Cornet, en est‐elle une ?
Oui, c’en est une. C’est sûr qu’elle n’a pas le même palmarès qu’une Amélie Mauresmo donc elle est un peu moins connue et moins présente médiatiquement mais c’est une vraie locomotive.
Sur un plan plus personnel, quels rapports entretenez‐vous avec le tennis dorénavant ?
Je joue toujours au Tennis Club de Paris, même si j’ai arrêté la compétition. Pour moi, le tennis a été l’école de la vie et je pense que c’est un sport qui allie beaucoup de choses : ça forge, ça apprend à connaître son corps et ses limites. Le tennis a une dimension très sophistiquée en terme d’école de la vie.
Lorsque vous vous retournez sur votre carrière un petit peu avortée, avez‐vous des regrets particuliers ou même des satisfactions ?
Non. Je n’ai ni de regrets ni de satisfactions particulières. C’est toujours flatteur d’avoir un peu de reconnaissance mais mon caractère ne laisse pas de places aux regrets. J’ai toujours agi à l’instinct. Si j’ai arrêté à cause de mes doutes, j’ai du mal à croire que les choses auraient pu être différentes, c’était mon destin.
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Corinne Vanier, 50 ans
Carrière pro : 1980–1987
Meilleur classement : 54ème
Publié le mercredi 23 avril 2014 à 14:16