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Gianni Mina : « Sur le circuit secon­daire, le niveau est beau­coup plus serré »

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Pour son numéro 22, GrandChelem/welovetennis a décidé de faire la lumière sur le circuit secon­daire. Entretiens…

A la rencontre d’un circuit bien parti­cu­lier ; Stéphane Apostolou ; Claire Feuerstein ; Gianni Mina.

A suivre : Arnaud Clément, Eric Prodon, Stéphane Robert, Jarkko Nieminen, Frederico Gil.

C’est sur le circuit secon­daire que la majeure partie des stars de demain et des néo‐ex‐Juniors font leurs premières armes. Rencontre avec Gianni Mina, numéro deux mondial et fina­liste à Roland Garros chez les Juniors en 2009, qui entame son long chemin vers le top 100 en passant par la case Futures et Challengers. 484ème mondial ce lundi, il a remporté ses deux premiers 10 000 l’année dernière. S’il prend la mesure des efforts à fournir pour atteindre ses objec­tifs, il veut inté­grer le grand circuit le plus rapi­de­ment possible.

Maintenant que tu joues des Futures et des Challengers, quelle diffé­rence tu vois entre ces tour­nois et le circuit junior ?

Sur le circuit secon­daire, le niveau est beau­coup plus serré. Plus on progresse au clas­se­ment, plus on joue des tour­nois impor­tants, plus les joueurs sont solides, très solides. Ils ont de l’expérience, beau­coup moins de lacunes… Dans les tour­nois Futures, on rencontre encore des joueurs qui ont des points faibles sur lesquels on peut insister. Mais, à partir d’un certain niveau, les gars n’en ont plus. Ils n’ont plus que des domaines dans lesquels ils sont moins perfor­mants, mais ils n’ont aucune faiblesse majeure. Le résultat, c’est que chaque match est plus dur à gagner.

Aujourd’hui, quelle est ta répar­ti­tion de tour­nois, entre Futures et Challengers ?

Je suis 490ème à l’ATP. Il faut que j’atteigne minimum la 250ème place pour rentrer régu­liè­re­ment dans les tableaux des Challengers. En Guadeloupe, j’ai eu une invi­ta­tion, mais, sinon, je suis surtout engagé dans le circuit Future.

Ce circuit, c’est quoi, pour toi ? Une rampe de lance­ment vers le plus haut niveau ? On imagine que tu n’as pas envie de t’y éterniser…

Exactement. De toute façon, c’est de plus en plus dur de monter très vite tout en haut. Ceux qui y parviennent sont de plus en plus rares. Ce n’est plus comme avant, on ne peut plus grimper rapi­de­ment au clas­se­ment. Quand on regarde la moyenne d’âge dans le top 100… 27 ans ! Ca prouve que le niveau est beau­coup plus élevé.

Tu rencontres sur le circuit secon­daire des joueurs que tu croi­sais en Juniors ? Comment ils s’en sortent ?

Oui, il y en a quelques uns. Pour certains, ça se passe mieux que moi ; pour d’autres, moins bien. Il y a beau­coup de paliers à passer. Avec mon entraî­neur, je bosse beau­coup en ce moment, on travaille sur plein de choses. Pour l’instant, ça ne se voit pas forcé­ment sur le court (rires), mais, à force de bosser, ça va finir par payer !

Un titre en Future, ça repré­sente quoi pour toi, aujourd’hui ?

Des points ! (Rires) Si j’en gagne un, je prends au moins 80 places. Ce n’est pas négligeable !

Tu joues sur ce circuit depuis un an. Tu as peur, quelques fois, de ne pas réussir à en sortir rapi­de­ment ? Tu as envie d’en sortir ?

Oui, j’ai envie, très envie, même. Parfois, j’y pense trop. Heureusement, il y a des gens qui sont là pour me faire prendre un peu de recul, pour remettre les choses dans leur contexte. Ce n’est plus comme avant, il faut bien deux‐trois ans pour en sortir. Je n’ai pas le choix. 

Tu as discuté avec d’autres Français, plus expé­ri­mentés, sur cette étape, ce qu’il faut faire, ne pas faire ?

Oui. Certains m’en ont parlé. Et tous m’ont dit que c’était bien de passer cette étape‐là rapidement. 

Ca veut dire que tu partiras sur des Challengers et des qualifs de Grands Prix dès que ton clas­se­ment le permettra, quitte à perdre des matches ?

J’ai encore du mal à réflé­chir à ça. Pour l’instant, j’essaie juste d’atteindre une certaine soli­dité dans tous les compar­ti­ments de mon jeu, notam­ment au service où ça pêche pas mal encore. Je bosse beau­coup ce secteur‐là et, à mon avis, rien que d’avoir un meilleur service, d’être au point là‐dessus, ça me fera gagner beau­coup de matches. Pour l’instant, il n’est pas assez effi­cace. Quand je vois d’autres joueurs servir ici (NDLR : l’entretien a été réalisé au Gosier, en Guadeloupe) et que je fais la compa­raison… Je vois bien que je suis encore loin du compte. Mais, quand j’aurais atteint le niveau adéquat au service, avec ce qui en découle – des aces, des points gratuits –, les choses seront bien différentes.

L’année dernière, tu joues Roland Garros, tu perds et tu reviens aux Futures… J’imagine que ça ne doit pas être facile à gérer ?

C’est sûr que c’est diffi­cile. J’ai eu une wild­card, j’ai joué sur un grand court, contre Nadal… Et puis, je suis revenu aux Futures. Mais bon, il faut passer par là. J’ai eu la chance d’être invité. Je l’avais peut‐être mérité, mais, après ma défaite au premier tour, il m’a fallu vite revenir sur terre, tout simple­ment. Il ne faut pas se voir trop haut, non plus. 

Tu as déjà joué dans des condi­tions vrai­ment diffi­ciles sur un tournoi Future ? On imagine que c’est un peu rodéo quelques fois…

Ca, oui ! (Rires) Il y a des tour­nois où ce n’est vrai­ment pas facile de jouer. On est là pour disputer des matches, c’est ce qu’il faut essayer de se dire dans ces condi­tions. Il faut laisser filer et ne pas en tenir compte, faire son job, quoi, sinon, on ne joue plus de tournoi ! Après, j’ai déjà vu des arbi­trages pas toujours très corrects en Futures, mais c’est la même histoire pour le monde.

Certains joueurs choi­sissent juste­ment d’aller dans des coins diffi­ciles pour béné­fi­cier de tableaux moins forts qu’en Europe par exemple où les condi­tions sont plus agréables et forcé­ment, les tableaux plus relevés. Est‐ce que ces choix sont diffi­ciles pour tout parfois ?

Avec mes coaches, on préfère se concen­trer sur l’Europe. Notre poli­tique est axée sur le niveau de jeu : si je joue contre des adver­saires plus faibles sur des tour­nois moins relevés, je vais effec­ti­ve­ment gagner des matches, mais pour quoi faire ? Je serai, ensuite, inévi­ta­ble­ment amené à jouer des gars très forts sur des épreuves bien plus rele­vées. Or, si je ne me suis pas confronté à ce type de joueurs avant, je n’aurai pas le niveau. Je pour­rais jouer des Challengers à l’autre bout de la planète, battre des mecs moins forts, gagner des points et monter dans les 300. Mais, le but final, c’est de bien figurer dans les tour­nois les plus impor­tants et d’avoir un niveau de jeu élevé. Or, dans ces tour­nois plus impor­tants, si tu n’as pas le niveau de jeu, tu ne passes pas. Et tu redes­cends au clas­se­ment derrière. La seule chose qui peut me pousser à disputer des tour­nois peu relevés dans des bleds paumés, c’est la recherche de confiance. Il y a des fois où tu te retrouves dans une spirale de défaites ; gagner des matches, même contre des adver­saires plus faibles, ça aide à reprendre confiance. Généralement, on programme nos tour­nois quatre à six semaines en avance. Ca nous laisse le temps de voir.

Tu parles de programme… Qu’est-ce que tu as de prévu pour les prochaines semaines ?

Je vais faire une grosse semaine d’entraînement sur terre, puis un Challenger en France, suivi d’un Future en Espagne et de deux autres en France.