En France, plus qu’ailleurs, le tennis est devenu un sport populaire grâce à de plusieurs phénomènes, celui du fameux projets 1000 courts, de la création de clubs dans les années 80 et d’une exposition télévisuelle grand public. Aujourd’hui tout cela est de l’histoire ancienne, un plus pour les détenteurs des droits, un vrai « drame » pour les amoureux de la petite balle jaune, privés du spectacle de cette semaine près de chez eux à Bercy, privés de trois levées du Grand Chelem. Du coup, notre sport se résume à 15 jours de terre battue, et à des tournois disons le de seconde zone.
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Pour qu’un sport dépasse le cercle des aficionados, il faut que celui‐ci soit exposé de façon optimum, ou du moins qu’il s’essaye quelques fois à élargir sa lucarne. Il fut un temps où le BNP Paribas Masters était sur « notre » télévision publique, idem pour la Coupe Davis. Ce temps est révolu, et si la TNT vient à notre secours (notamment Paris Première et Direct 8) pour nous offrir des tournois exotiques, force est de constater que le tennis à la télé, le vrai, celui de l’histoire, se traduit inévitablement par abonnement, ou pay per view. Alors, on ne viendra pas ici, critiqué les choix stratégiques d’un groupe comme Canal Plus vu la qualité du travail accompli, on expliquera peut‐être du bout des lèvres qu’une « exception tricolore » pourrait être mise en place quand l’évènement dépasse le cadre du court (NDLR : France Televisions a fait une offre pour diffuser la finale de Tsonga, le goupe Canal Plus a refusé). Dire que la victoire de Jo ce dimanche en est l’exemple parfait c’est inévitable et logique. Après l’utopie qui consiste à penser que le détenteur des droits puisse au moment ou ceux‐ci sont enfin rentabilisés tendre la main à son voisin public est un doux rêve. Au final, cela n’a pas que des points négatifs, cela permet à la presse de rejouer son rôle, cela permet au spectacle vivant de prendre tout son sens. « Si tu veux voir Tsonga, Monfils, ben paye ton billet et va au stade, va aux championnats de France Inter‐Clubs, surfe sur le net « . D’ailleurs au lieu de se plaindre de cette situation, nous devrions juste se réjouir que malgré certaines tempêtes, Roland Garros soit encore considéré d’utilité publique, si cela gêne forcément les cadres et entraineurs qui n’ont de cesse de nous répéter que trop de non spécialistes ne les jugent que sur ces quinze jours de compétitions, force est de constater que catalyser toute l’énergie d’un pays juste avant les vacances dans un lieu aussi chargé d’histoire est déjà un vrai coup de projecteur. A partir de cette analyse, on comprend aisément pourquoi l’emporter à Roland Garros aura toujours un effet plus extravagant que soulever le kangourou de Melbourne, la coupe en argent de Flushing ou encore celle dorée de Wimbledon. Amélie Mauresmo, qui cherche aujourd’hui à revenir au plus haut niveau avec l’humilité qu’on lui connait pourrait en témoigner avec sincérité, c’est d’ailleurs ce qu’elle a fait la semaine dernière au Cap d’Agde, à la National Tennis Cup où sur les 3000 participants on imagine que le taux d’abonnement à Canal Plus devait être proche de 99,9% !
Publié le mardi 4 novembre 2008 à 22:59