Amélie Mauresmo a annoncé la fin de sa carrière ce matin dans un restaurant d’Issy‐les‐Moulineaux. Très émue, la championne revient sur ce qui a motivé sa décision. Interview.
Qu’est ce qui a le plus motivé cette décision ? La lassitude physique ? Mentale ?
C’est un peu tout. J’ai ressenti des difficultés. Surtout mentales. Ma vie tennistique est en route depuis 25 ans. Je sens que j’arrive au bout du chemin. Des choses extraordinaires se sont passées. J’ai obtenu des résultats qui sont allés au‐delà de mes rêves. Le paramètre physique est aussi important. C’est de plus en plus difficile d’être au niveau, d’enchaîner les tournois. On est toujours sollicité. Aujourd’hui concrètement, je n’ai plus l’envie d’aller sur le terrain m’entraîner. A partir de ce constat très simple, il fallait prendre une décision qui s’imposait comme une évidence. Le moment est venu de tourner la page, de passer à autre chose.
Vous n’avez pas arrêter lors de l’Open Gaz de France 2010, dont vous êtes la tenante du titre, en février prochain ?
Non, jamais. Ce n’est pas possible. Il faut arriver en févier, après la préparation. Ça, je n’en ai pas envie. Il y a un gros boulot. Je ne me sens pas capable de le faire.
Avez‐vous pris cette décision seule ou avez‐vous beaucoup consulté ?
Seule. C’est une décision qui m’appartient à 100%. Toute l’équipe était derrière moi. Ils m’ont dit qu’ils croyaient en mes capacités. Je l’ai bien entendu. Ça a pesé dans la lenteur de ma décision.
Vous partez sans dire au revoir au public sur un court. Vous y avez pensé ?
Peut‐être que quelque chose sera organisé à Coubertin. J’ai vu Fabrice (Santoro) faire ses derniers matchs. Ce n’est pas quelque chose qui me tente. Mon truc, c’est de dire : j’ai fait cette dernière saison à fond, sans penser que c’était la dernière. Et puis voilà. Ça fait partie de mon personnage. De ma personnalité.
Vous n’avez pas de regrets, notamment celui de ne pas avoir réussi à Roland‐Garros ?
Non, je me retourne avec aucun regret. Mais avec une immense fierté. Je ne rêvais pas d’avoir ce palmarès. Gagner un grand chelem, oui. Mais être numéro 1 mondiale, je n’en parle même pas… La Fed Cup, c’était une aventure incroyable. Les trophées soulevés… Notamment à Paris, c’est juste magique. J’ai vécu dix ans incroyables. Magiques.
Y a‑t‐il des choses qui vous attiraient que vous n’avez pas pu faire pendant ces années ?
Je n’ai jamais eu l’impression de faire des sacrifices. J’ai vécu ça comme des choix. Je suis bonne vivante, passionnée de vin. Je n’ai pas développé mon palais de la meilleure manière ces dernières années. Mais je ne suis pas frustrée de ne pas avoir fait certaines choses. Je ne suis pas passée à coté de truc que je veux faire depuis quinze ans.
Vous sentez‐vous à l’abri d’un retour ?
La vie m’a appris qu’il ne fallait jamais dire jamais. Au delà de ça. Je n‘y crois pas trop. Les exemples récents de joueuse qui ont effectué leur retour, sont plus jeunes que moi. Je ne vais pas dire dans trois mois, je repars comme en quarante. Les chances sont minces.
Vous avez des projets d’avenir professionnels ?
Je suis open à tout ce qui peut se présente. La fédé, sous cette nouvelle présidence est plus ouverte. Moi j’ai plus envie de bosser avec eux.
Pensez‐vous avoir été appréciée à votre juste valeur ?
On me dit que non… Moi, dans le truc, je ne pensais pas trop à ça. Tout le monde va me parler de 2006 quand je gagne Wimbledon et que l’équipe de France de foot joue sa finale de coupe du monde le lendemain. On m’a un peu zappée. Mais pour moi, ce n’est pas le principal.
Comment avez‐vous vécu les derniers mois, depuis l’US Open ?
La période que j’ai vécue là était très douloureuse. Limite dépression. Je me suis un peu refermée sur moi‐même. J’ai vraiment passé quelques mois de souffrance. Il y avait en moi l’ange et le démon à coté de l’autre. Il y a eu une lutte. Maintenant, tout ça s’est apaisé. Je suis plus sereine. La décision elle‐même a été très douloureuse. Cette décision va changer ma vie. C’était un stress. Le cheminement d‘arrêter est très présent depuis cet été. Quand ça va repartir en Australie, y’aura surement un petit pincement. Heureusement. On ne peut pas se mettre sur off, et passer à autre chose.
Publié le jeudi 3 décembre 2009 à 13:33