Comme vous le savez notre dernier numéro est consacré à Gaël Monfils. The Last Dance, voila le titre que l’on a choisi pour lui rendre hommage. Parmi nos témoins pour décrypter le phénomène, Carole Bouchard, journaliste sur le tour depuis plus de 15 ans.

Carole nous dévoile une anecdote assez symbolique et qui résume bien la gentilesse de la « Monf »…
As‐tu une anecdote avec lui qui résume le personnage ?
Janvier 2017, Open d’Australie. On est dans la foulée de sa demi‐finale à l’US Open, mais aussi de polémiques sur ses forfaits, dont celui de Roland‐Garros (virus). À Bercy, il fait cette conférence de presse en présence du médecin de la FFT. C’est tendu. Bref, à Melbourne, Gaël accepte une interview exclusive avec moi pour Le Parisien. Génial. On doit faire ça au stade, comme d’habitude, mais peut‐être trente minutes avant le rendez‐vous, je reçois un message : ça va devoir se faire à son hôtel, le Crown, parce que Gaël a déjà quitté le stade. Sauf que je suis au stade, que c’est le milieu de la journée et que j’attends David Goffin pour une interview. Je tente de demander un transport officiel du tournoi puisqu’il y a des navettes avec le Crown. Pas de place. Heureusement, David est à l’heure, donc je finis par tenter le sprint vers le tram. Je ne ressemble à rien, à courir partout, et je sais en plus que je vais rater ce rendez‐vous. Mais alors que je suis dans le tram, je reçois un message : Gaël me dit de prendre mon temps parce qu’il est encore en train de déjeuner.
J’arrive. Et j’attends. Hôtel magnifique, terrasse avec vue sur le Yarra, mais je n’ai pas le temps de ne pas être au stade. Mentalement, je fais la liste de tout le travail que je rate. Ma journée va être tendue. Mais je reste. Monfils, pour Le Parisien, ça passe avant tout. Et puis ça finit toujours pareil avec Gaël : je me dis « Mais c’est pas possible ! », et puis il arrive avec un grand sourire, s’excuse, prend sincèrement des nouvelles, sort deux bonnes blagues et tout est pardonné. On s’était mis d’accord pour vingt minutes d’interview, mais il m’accorde une heure et demie : il est honnête sur tout et va même chercher son ordinateur pour me montrer des photos de lui à l’hôpital afin de me prouver qu’il l’a vraiment eu, ce satané virus. Je n’en doutais pas ! Pas une question évitée, une montagne d’anecdotes, des réponses sincères, et puis tu éteins le dictaphone et il a encore plein de choses à dire. Jamais je n’ai regretté un seul entretien avec lui, peu importe les conditions. Et il a toujours répondu positivement.
Publié le samedi 6 décembre 2025 à 11:20