À l’occasion de la Quinzaine du Cinéma sur WeLoveTennis et de la sortie du film Terre Battue mercredi, nous sommes allés à la rencontre de Stéphane Demoustier, réalisateur de Terre Battue. Il nous a notamment éclairé sur les conditions de tournage et la portée de son oeuvre.
Le tennis n’est pas un sport facile à tourner. Comment avez vous imaginé les scènes de match, avez‐vous fait appel à des doublures ?
« Je ne voulais surtout pas de doublures. Le désir de faire ce film était lié au désir de filmer le tennis donc j’ai fait le casting en ciblant des enfants qui jouaient à un bon niveau. C’était à mon sens le seul moyen d’atteindre une certaine vérité et de rendre compte de l’intensité de l’engagement qu’il y a chez ces jeunes joueurs.
J’ai cherché à filmer le tennis en essayant de restituer le plus possible “l’expérience” de celui qui joue. En cela, nous nous sommes immédiatement démarqués de l’esthétique télévisuelle qui privilégie le plan large pour saisir la totalité des échanges. Nous voulions de notre côté focaliser sur notre protagoniste, suivre ses mouvements et aussi donner à entendre les sons qu’il émet. Nous avons fait tout un travail sonore sur l’impact des frappes, le bruit des pas, les souffles, afin que le spectateur puisse réellement éprouver le jeu, au plus près du personnage. »
Le film se veut‐il comme un avertissement à certains parents qui imaginent leur fils comme un futur champion et qui sans empoisonner les adversaires, gardent un comportement limite sur le bord des courts ?
« Il me semble que tout a été dit sur l’investissement disproportionné de certains parents. Je ne minimise pas l’importance du rôle des parents dans l’encadrement d’un futur champion mais il est évident que certaines dérives sont nocives. Cet écueil est cependant identifié depuis bien longtemps et les instances dirigeantes sont en veille permanente sur ce point. Mon film déplace le curseur et cherche peut‐être à prendre plus de distance en questionnant, au sens large, les notions de compétition et de réussite. Jusqu’où est‐on prêt à aller pour réussir ? Mais aussi : où se situe la réussite, quels en sont les modèles ? Ces enjeux concernent aussi bien les parents que les enfants. »
Le tennis propose de multiples histoires plus ou moins réussies sur les liens familiaux, entre le père et son fils, le père et sa fille… Pour parvenir à réaliser ce film, avez‐vous fait appel à d’autres parents très impliqués dans la « carrière » de leurs progénitures ?
« J’ai moi‐même beaucoup joué quand j’étais enfant. J’ai été champion de ligue et j’ai grandi en faisant du tennis de compétition. J’avais donc en tête un certain nombre d’exemples « réels », concernant les parents qui accompagnent leurs enfants. Mais au‐delà de cet aspect, j’avais aussi une certaine connaissance du monde du tennis et de ses différentes facettes.
Peu avant de réaliser Terre Battue, j’avais fait un documentaire (les petits joueurs) sur 3 enfants qui participent aux championnats de France par équipe à Blois. Cela m’avait permis de confronter mes souvenirs à la réalité de ce qu’est le tennis de haut niveau aujourd’hui chez des enfants de cet âge. »
Dernière question mais pas des moindres : pourquoi avoir choisi le titre : Terre Battue ?
« Mon film ne parle pas seulement de tennis. Le tennis y est le reflet d’un monde plus vaste, il est à l’image de notre société. J’ai donc cherché un titre qui évoque spontanément le tennis mais qui puisse aussi avoir un double sens. Terre Battue s’est donc très vite imposé et nous n’avons jamais envisagé d’en changer. »
Kdotennis pour Noël, la bonne solution pour les amoureux de tennis de Rafa et de Roger
Publié le lundi 15 décembre 2014 à 14:27