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Une Monf’ d’enfer !

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C’est fait ! Gaël Monfils sort David Ferrer au terme d’un match épous­tou­flant, 6–4 2–6 7–5 6–1 8–6, en 4h07 de jeu et deux jours. Le Français se qualifie pour les quarts de finale, où il affron­tera Roger Federer.

Un passing de coup droit et Gaël Monfils lève les bras au ciel, comme s’il venait de renverser une montagne. « Je me sens incroyable », explique‐t‐il au micro, sous les accla­ma­tions d’un Lenglen en feu. « C’est pas facile, je ne vous le cache pas, c’est pas facile, jusqu’au dernier point, c’était dur. » Le tee‐shirt pèse une tonne, une tonne de sueur, d’efforts et de terre. La fatigue luit derrière l’éclat de ses yeux, encore plein de l’adrénaline finale, des émotions vécues. Après une intense acco­lade avec Jean Gachassin et des mots d’Henri Leconte dans le creux de l’oreille, Gaël sort du court, épuisé, mais vainqueur.

Vainqueur, mais après quels efforts, quelle violence infligée à soi‐même ! On avait quitté Monfils et Ferrer après deux jeux de la quatrième manche. Le Français avait pris l’avantage à l’issue de la troi­sième, mais laissé son adver­saire le breaker à l’entame de la suivante. Cette dyna­mique d’hier est la même d’aujourd’hui : David Ferrer redé­marre pied au plan­cher, la moby­lette se fait 500 cm³, breake à nouveau et s’envole vers un cinquième set. La Monf’ subit la fougue du Valencian ; moyen au service, il ne peut déve­lopper son jeu à aucun moment. En face, David se fait Goliath, prend la balle tôt et monte à la volée quatre fois sur dix. 12 points gagnants, contre quatre à Gaël, la messe est dite en 36 minutes. 

Ce cinquième set que tout le monde atten­dait, c’est le set de tous les états, le set de tous les bois et de tous les métaux. David Ferrer l’attaque comme il a plié le précé­dent, Monfils est en galère et on se dit que ça pue la défaite, que le métro­nome espa­gnol est devenue horloge suisse, que – mince ! – on ne voit pas ce qui pour­rait le déré­gler. Et, pour­tant, Mister Gaël s’accroche, s’arrache et conserve ses deux premières mises en jeu. C’est parce qu’il boit du lait ? Peut‐être. Toujours est‐il que l’énergie semble revenue et c’est Ferrer qui, désor­mais, rate quelques coups qu’il ne ratait jamais. Un coup de moins bien qui fait les affaires de notre Tricolore : c’est un break et un aller direct pour les quarts de finale – il mène 5–2, plus rien ne peut lui arriver ! Ah bon ? Raté. Le Pou ne lâche pas sa proie, les pinces enfon­cées et scot­chées au derrière de Gaël – drôle d’endroit pour un pou, c’est vrai. Il refait son retard et revient de nulle part, sauvant des balles de matches et jouant son va‐tout. La partie s’équilibre vrai­ment, mais certaines situa­tions semblent se renverser. Monfils remporte plusieurs points après des échanges de plus de 20 coups, alors qu’il était large­ment dominé, jusque‐là, dans ces dispo­si­tions ; dans le même temps, il nous paraît à bout, physi­que­ment, perdant les eaux comme un Paulo ses matches, les yeux hagards, la respi­ra­tion saccadée. Ferrer, Don Rodrigue tout beau et tout frin­gant semble le dégouter de trim­baller une si grande carcasse. Mais au jeu du bras de fer, c’est le biceps d’ébène gonflé par les efforts qui prend le pas sur la teigne trapue. Gaël Monfils breake à 7–6, après avoir failli être lui‐même breaké, et conclut la rencontre au bout d’une ultime course et d’un ultime coup droit. C’était, aussi, une ultime volée du marri Valencian ; un choix qui lui avait souri les quatre heures précé­dentes. Mais le 57ème point gagnant de Monfils le met enfin KO. 

« J’ai prouvé que je pouvais encore très bien jouer ici et devant ce public incroyable. » C’est clair. Pourtant, Gaël Monfils était loin de nous avoir rassurés sur ses premières pres­ta­tions. Son manque de rythme et de compé­ti­tion sur terre lais­sait imaginer une sanc­tion immé­diate face à un David Ferrer impres­sion­nant depuis quelques semaines. « Ca n’avait rien à voir avec mes premiers matches. Je suis monté en puis­sance, j’ai enfin bien joué. » C’est clair, aussi. Le plus dur reste à faire : « Faut que j’arrête de perdre contre ce Suisse, fran­che­ment. » Et oui, c’est Roger Federer, le King, en personne, dans une très belle forme depuis le début de la quin­zaine, qui l’attend au tour suivant. Celui‐là même qui l’avait stoppé en quarts en 2009 et en demie en 2008. « Ca va être plus dur encore. Mais devant ce public fabu­leux, à la maison, je vais essayer de faire de très belles choses. » On s’en régale d’avance !