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Devenir prof de tennis dès 152 : Ils sont pour !

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GrandChelem se penche trop rare­ment sur des sujets de la pratique du tennis au quoti­dien. Alors, quand nous avons appris qu’une réforme prévoyait de faire baisser à 152 le clas­se­ment requis pour devenir profes­seur de tennis, nous nous sommes dit qu’il y avait, là, matière à débattre. L’occasion de donner la parole à ces ensei­gnants qui restent parmi les meilleurs témoins de la santé de notre disci­pline préférée. Notre volonté : prendre le pouls et comprendre les enjeux de cette réforme. Certains sont pour, d’autres contre, mais une chose est sûre : ces chan­ge­ments mettent un coup de projec­teur sur une profes­sion qui fait vivre le tennis chaque jour sur tous les courts du terri­toire. C’est peut‐être là l’es­sen­tiel. Lumière ce mardi sur ceux qui sont convaincus que ce chan­ge­ment de procé­dure est une bonne chose.

Olivier Letort
Formateur – Meilleur clas­se­ment : 26

« Ma première réac­tion ? Je me suis dit que c’était un retour aux sources (rires), car, histo­ri­que­ment, le cap était à 152. Pour moi, de toute façon, le clas­se­ment n’a pas tant d’im­por­tance. Être ensei­gnant, c’est une voca­tion. Je pense sincè­re­ment que le clas­se­ment 15 est une barrière pour beau­coup de personnes qui ont le goût de trans­mettre un savoir, qui ont plaisir à être sur le terrain entou­rées de gamins. Dans ce sens, c’est une belle réforme. On sait tous, par exemple, que les femmes passent mieux avec les enfants. Le niveau 152 permettra à plus de filles d’être candi­dates. Quand un gamin entre à l’école, je demande à l’ins­ti­tu­teur de lui apprendre à lire, à écrire, à compter. Pour le tennis, c’est la même chose. Cela privi­légie la péda­gogie, sans suréva­luer l’as­pect tech­nique. Enfin, je suis certain que plus de personnes vont tenter la forma­tion pour faire de ce métier un complé­ment de leur profes­sion. Et, là aussi, cela corres­pond à une demande actuelle, tant dans la flexi­bi­lité que dans le nombre d’heures à faire pour certains clubs. Selon moi, l’es­sen­tiel, au final, c’est le contenu de la forma­tion et c’est là‐dessus qu’il faut se battre. Rendre la forma­tion obli­ga­toire, ça a été une avancée. Néanmoins, je trouve très néga­tive la tendance qui consiste à obliger l’en­sei­gnant à devenir un admi­nis­tratif. L’enseignant doit être dans sa salle de classe. Et, sa salle de classe, c’est le court de tennis. »

Johan Tambute
TC Nogent‐sur‐Marne (94) – Meilleur clas­se­ment : 16
DE depuis 2006

« Sur le coup, j’ai trouvé que cette réforme consti­tuait un abais­se­ment du niveau d’exi­gence. Le clas­se­ment 15 restait un point de repère. Mais, après avoir pris du recul, j’ai accepté l’idée qu’en­sei­gner dans un club, ce n’est pas forcé­ment être fort au tennis. Comme, en plus, la demande a changé, il faut aussi que l’offre s’adapte. Néanmoins, je serai très attentif aux futurs diplômés. Par ailleurs, il existe de vraies diffé­rences entre les régions. En Île‐de‐France, nous n’avons pas les mêmes problé­ma­tiques que dans le Sud ou dans le Limousin. Car la réforme vise, en partie, à résoudre des soucis de zones blanches. Amener des profils diffé­rents à l’en­sei­gne­ment, donner leur chance à des personnes très moti­vées, cela va faire bouger les menta­lités. C’est positif, car on souffre parfois de notre immobilisme. »

Gregory Le Scour
TC Grigny (69) – Meilleur clas­se­ment : 15
DE depuis 2005

« Je ne vois pas une grande diffé­rence entre un 15, un 151 et un 152. En ouvrant à 152, j’ai le senti­ment que cela va créer plus de concur­rence et, donc, à terme, plus de voca­tions. Il y a plein d’exemples média­tiques de coaches qui n’avaient pas un grand niveau de tennis. Je pense, notam­ment, au père de Marion Bartoli. Pour moi, le clas­se­ment reste un faux problème, on ne peut pas se cacher derrière ça. Je recrute beau­coup de jeunes joueurs comme AMT pour animer mon club et je me réjouis de savoir que les plus motivés auront peut‐être la possi­bi­lité de se présenter aux sélec­tions plus faci­le­ment. Enfin, cela va créer une dyna­mique durant les tests de sélec­tion, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une bonne réforme, même s’il faudra faire un vrai bilan plus tard. »

Pierrick Vollerin
TC Saint‐Egrève (38) – Meilleur clas­se­ment : 151
DE depuis juin 2014

« Lorsque j’ai eu l’ambition de passer le DE, je n’étais pas classé 15. J’ai fait une licence STAPS et je l’ai passé avec une VAE. J’ai trouvé cela effi­cace. J’ai constitué un dossier, afin d’entrer en forma­tion et, pendant un an, j’ai préparé toutes les UC (NDRL : Unités de Compétence). Et j’y suis parvenu ! D’ailleurs, honnê­te­ment, j’ai effectué ma forma­tion avec des deuxièmes séries qui n’étaient vrai­ment pas motivés. Je pense donc que la réforme peut créer des voca­tions. Évidemment, il faut de la passion et de l’envie. Les entraî­neurs qui possèdent le même parcours que moi compensent peut‐être leur déficit par plus d’en­thou­siasme, plus de moti­va­tion pour l’enseignement. De toute façon, je ne veux pas que l’on me juge sur mon clas­se­ment. La crédi­bi­lité, je la gagne sur le terrain et dans la vie du club, au quotidien. »

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Retrouvez gratui­te­ment et en inté­gra­lité le numéro 48 « L’union fait la force » de notre maga­zine GrandChelem.. Bonne lecture !