GrandChelem se penche trop rarement sur des sujets de la pratique du tennis au quotidien. Alors, quand nous avons appris qu’une réforme prévoyait de faire baisser à 15⁄2 le classement requis pour devenir professeur de tennis, nous nous sommes dit qu’il y avait, là, matière à débattre. L’occasion de donner la parole à ces enseignants qui restent parmi les meilleurs témoins de la santé de notre discipline préférée. Notre volonté : prendre le pouls et comprendre les enjeux de cette réforme. Certains sont pour, d’autres contre, mais une chose est sûre : ces changements mettent un coup de projecteur sur une profession qui fait vivre le tennis chaque jour sur tous les courts du territoire. C’est peut‐être là l’essentiel. Lumière ce mardi sur ceux qui sont convaincus que ce changement de procédure est une bonne chose.
Olivier Letort
Formateur – Meilleur classement : 2⁄6
« Ma première réaction ? Je me suis dit que c’était un retour aux sources (rires), car, historiquement, le cap était à 15⁄2. Pour moi, de toute façon, le classement n’a pas tant d’importance. Être enseignant, c’est une vocation. Je pense sincèrement que le classement 15 est une barrière pour beaucoup de personnes qui ont le goût de transmettre un savoir, qui ont plaisir à être sur le terrain entourées de gamins. Dans ce sens, c’est une belle réforme. On sait tous, par exemple, que les femmes passent mieux avec les enfants. Le niveau 15⁄2 permettra à plus de filles d’être candidates. Quand un gamin entre à l’école, je demande à l’instituteur de lui apprendre à lire, à écrire, à compter. Pour le tennis, c’est la même chose. Cela privilégie la pédagogie, sans surévaluer l’aspect technique. Enfin, je suis certain que plus de personnes vont tenter la formation pour faire de ce métier un complément de leur profession. Et, là aussi, cela correspond à une demande actuelle, tant dans la flexibilité que dans le nombre d’heures à faire pour certains clubs. Selon moi, l’essentiel, au final, c’est le contenu de la formation et c’est là‐dessus qu’il faut se battre. Rendre la formation obligatoire, ça a été une avancée. Néanmoins, je trouve très négative la tendance qui consiste à obliger l’enseignant à devenir un administratif. L’enseignant doit être dans sa salle de classe. Et, sa salle de classe, c’est le court de tennis. »
Johan Tambute
TC Nogent‐sur‐Marne (94) – Meilleur classement : 1⁄6
DE depuis 2006
« Sur le coup, j’ai trouvé que cette réforme constituait un abaissement du niveau d’exigence. Le classement 15 restait un point de repère. Mais, après avoir pris du recul, j’ai accepté l’idée qu’enseigner dans un club, ce n’est pas forcément être fort au tennis. Comme, en plus, la demande a changé, il faut aussi que l’offre s’adapte. Néanmoins, je serai très attentif aux futurs diplômés. Par ailleurs, il existe de vraies différences entre les régions. En Île‐de‐France, nous n’avons pas les mêmes problématiques que dans le Sud ou dans le Limousin. Car la réforme vise, en partie, à résoudre des soucis de zones blanches. Amener des profils différents à l’enseignement, donner leur chance à des personnes très motivées, cela va faire bouger les mentalités. C’est positif, car on souffre parfois de notre immobilisme. »
Gregory Le Scour
TC Grigny (69) – Meilleur classement : 15
DE depuis 2005
« Je ne vois pas une grande différence entre un 15, un 15⁄1 et un 15⁄2. En ouvrant à 15⁄2, j’ai le sentiment que cela va créer plus de concurrence et, donc, à terme, plus de vocations. Il y a plein d’exemples médiatiques de coaches qui n’avaient pas un grand niveau de tennis. Je pense, notamment, au père de Marion Bartoli. Pour moi, le classement reste un faux problème, on ne peut pas se cacher derrière ça. Je recrute beaucoup de jeunes joueurs comme AMT pour animer mon club et je me réjouis de savoir que les plus motivés auront peut‐être la possibilité de se présenter aux sélections plus facilement. Enfin, cela va créer une dynamique durant les tests de sélection, ce qui n’a pas toujours été le cas. C’est une bonne réforme, même s’il faudra faire un vrai bilan plus tard. »
Pierrick Vollerin
TC Saint‐Egrève (38) – Meilleur classement : 15⁄1
DE depuis juin 2014
« Lorsque j’ai eu l’ambition de passer le DE, je n’étais pas classé 15. J’ai fait une licence STAPS et je l’ai passé avec une VAE. J’ai trouvé cela efficace. J’ai constitué un dossier, afin d’entrer en formation et, pendant un an, j’ai préparé toutes les UC (NDRL : Unités de Compétence). Et j’y suis parvenu ! D’ailleurs, honnêtement, j’ai effectué ma formation avec des deuxièmes séries qui n’étaient vraiment pas motivés. Je pense donc que la réforme peut créer des vocations. Évidemment, il faut de la passion et de l’envie. Les entraîneurs qui possèdent le même parcours que moi compensent peut‐être leur déficit par plus d’enthousiasme, plus de motivation pour l’enseignement. De toute façon, je ne veux pas que l’on me juge sur mon classement. La crédibilité, je la gagne sur le terrain et dans la vie du club, au quotidien. »
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Publié le mardi 6 octobre 2015 à 19:44