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La fameuse incompétence…

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C’est une coutume, un sportif de très haut niveau ne réagit jamais à chaud après une décon­venue car cela pour­rait faire des vagues. Lorsque mes deux collègues sont revenus de la confé­rence de presse de Jo Wilfried Tsonga après sa défaite en demi‐finale, j’ai été plutôt surpris de leur compte rendu. Après la lecture de l’in­ter­view que le numéro 1 fran­çais a accordé à  l’Equipe ce mercredi, inter­view à mettre en paral­lèle avec les révé­la­tions d’Eric Winogradsky sur MCS lors de l’émis­sion Tribune Tennis, j’ai enfin toutes les infor­ma­tions pour clore le débat d’une possible mauvaise program­ma­tion vendredi dernier

« Jo a eu le choix, lors de la réunion pour la program­ma­tion ils l’ont appelé et il a choisi de jouer en deuxième » a expliqué Eric Winogradsky sur MCS. Une infor­ma­tion qui anéantit ma thèse de l’in­com­pé­tence des orga­ni­sa­teurs, même si au final ils auraient pu aussi faire preuve d’ini­tia­tive. « Cette program­ma­tion était une erreur » confirme encore Henri Leconte aujourd’hui dans l’Equipe, alors qu’Eric, l’an­cien coach de Tsonga, précise que Jo aurait fait ce choix parce que c’est vers 16H30 qu’il est le plus perfor­mant : « Il a d’abord pensé au moment où il joue son meilleur tennis et ce n’est pas à 13H mais en milieu de l’après‐midi ».

On a donc main­te­nant toutes les infor­ma­tions pour comprendre. Mieux page 6 de notre quoti­dien sportif, c’est Jo en personne qui s’est enfin exprimé sur l’af­faire : « Peut‐être que si j’avais joué en premier, cela aurait été plus simple. Mais c’est trop facile de dire ça ». Puis inter­rogé sur l’idée d’avoir la possi­bi­lité de changer une chose et de revenir en arrière, Jo répond avec un aplomb plutôt étrange si l’on croit Eric Winogradsky : « J’aurai demandé à jouer en premier. Mon erreur est là. Mais je n’en veux à personne, c’est moi qui aurais dû demander. Je ne pensais pas qu’ils allaient jouer cinq heures ».

Enorme, non ?

Par la suite Jo livre des confi­dences moins surpre­nantes à notre confrère Sophie Dorgan : « C’était bizarre. Je suis arrivé sur un court à moitié vide et il y avait aussi pas mal de vent. Ferrer a bien joué. J’ai eu l’im­pres­sion de ne jamais vrai­ment entrer dans la partie ».

Bref, quand je me lâche le soir de sa défaite, j’ai sincè­re­ment senti­ment qu’il y a eu une erreur de program­ma­tion et je suis loin de penser que les orga­ni­sa­teurs ont pris la peine de demander son avis à Jo. Mais au final, cela ne change rien, car autant Jo que la direc­tion du tournoi, personne n’a pris conscience qu’une demi‐finale peut se gagner sur ce genre de petits détails, personne n’a anti­cipé le « pire ». 

Et les détails peuvent peser lourd dans une carrière comme celui évoqué habi­le­ment par Christophe Belle, psychiatre, ancien 170e mondial toujours dans les colonnes de l’Equipe sur un autre sujet tabou dans l’hexa­gone : se donner la possi­bi­lité de perdre. « Nous, on a un système de clas­se­ment très précis à  la FFT, avec beau­coup d’éche­lons, et dès qu’on commence la compé­ti­tion, on ne se donne pas le droit de perdre contre moins bien classé, sinon c’est la honte. On retourne dans son club et on ressent ça quand on donne son résultat aux copains. C’est sans doute une expli­ca­tion de la fragi­lité mentale en France. » Là, je n’ai vrai­ment rien à ajouter.