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Monfils : « Une bonne gifle ! »

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Gaël Monfils a accordé un long et bel entre­tien à L’Equipe et notre confrère Frédéric Bernès. On vous conseille d’aller acheter votre quoti­dien préféré pour retrouver les propos de la Monf’ dans leur inté­gra­lité. Gaël fait le point sur sa situa­tion person­nelle, physique et morale. Il revient sur son parcours depuis l’an­nonce de son forfait à Roland Garros et sa manière de vivre cette période très déli­cate. Il s’at­tarde égale­ment sur sa prépa­ra­tion en vue de son retour à la compé­ti­tion. Les JO ? Peut‐être. La Coupe Rogers ? Peut‐être aussi. Extraits.

« Je n’ai rien dit pendant deux mois parce que c’était trop dur de parler. » Le décor est planté. Quand il parle de Roland Garros, Gaël Monfils prend les choses à cœur. Son forfait, cette année, le premier Porte d’Auteuil, l’a touché plus que tout. « Quand j’ai dû renoncer à Roland Garros, tout s’est effondré. C’est la première fois que je ne pouvais pas faire Roland et je l’ai très mal vécu. Voilà, ça s’est effondré. Se retirer de certains tour­nois, c’est chiant. Mais Roland, c’est mille fois pire. C’est le pire ! […] Je dépri­mais. » Ce qui l’amène à cette conclu­sion en forme de profes­sion de foi : « Mais, fina­le­ment, toute cette histoire m’a montré à quel point j’ai­mais jouer au tennis, à quel point j’ai­mais ce tournoi. Putain, qu’est‐ce que je l’aime ce sport ! »

Il recon­naît alors avoir profité de ce forfait pour se recen­trer sur lui‐même. Partir. Réfléchir. S’interroger. Mettre du sens. Et invo­quer ses anciens mentors comme l’on s’adresse aux dieux poru retrouver sa voie. « J’ai suivi Roland Garros, mais j’étais loin. J’ai commencé par me raser la tête et puis je suis parti très, très loin. Tout seul. J’ai bougé dans plusieurs endroits. Certains où je n’étais jamais allé. […] J’avais besoin de ça pour me poser les bonnes ques­tions. C’est dans ces moments‐là que tu te recueilles. J’ai eu une vraie commu­nion avec Philippe (Manicom, son ami et ancien kiné décédé il y a un an). J’ai terri­ble­ment pensé à lui, à ce qu’il me dirait s’il était encore là. C’est parti loin… Je me suis souvenu aussi des paroles de tous mes anciens entraî­neurs. Champi (Thierry Champion), Rodge (Roger Rasheed), Ol Delaître (Olivier Delaître), Luigi (Borfiga), Tariko (Benhabiles), Pier Gauthier. Je me suis fait une synthèse. » Ce qu’il en retire ? Une nouvelle ligne de conduite, une assu­rance plus ferme. « On m’a bridé et je me suis bridé. Ma fougue avait diminué. Faut pas se mentir. Le forfait à Roland, ça m’a mis une bonne gifle. Je ne veux plus que ça m’ar­rive. […] J’arrive à un moment de ma carrière où on ne m’im­pose plus les choses. Je dois me les imposer moi‐même. Être plus égoïste, devenir le leader de mon équipe, être celui qui donne la direc­tion. »

Un travail sur lui‐même

Après avoir décon­necté les fusibles, il fallait reprendre contact avec la réalité fort de ces ensei­gne­ments. Il a suivi Wimbledon. « Jo n’était vrai­ment pas loin d’aller en finale. Une fois passée la décep­tion de voir mon pote perdre, j’étais hyper content pour Murray. Il est costaud le gars, il faut lui dire bravo. Il lui manque la finale à Roland et il aura fait les quatre et il aura fait les quatre. Moi, je dis que ça se respecte. Après la finale, son discours m’a vache­ment touché. » Et, surtout, s’est préparé. Le travail comme salut. « Pendant trois semaines, Marc Raquil est venu s’ins­taller à la maison, en Suisse. Quantité, qualité, c’était hors du commun. Le coach est génial, l’homme est fabu­leux. J’ai vache­ment pris en force et je me suis énor­mé­ment asséché. Je n’ai jamais été gras, mais là… Je saute plus haut. Je saute plus loin. Je me fatigue moins en courant. »

Il est donc temps d’en­vi­sager le retour sur les courts, le retour à la compé­ti­tion. Oui, mais quand ? Aux Jeux Olympiques ? Ce serait un rêve, selon ses mots. Mais il avoue ne pas vouloir prendre la place d’un autre s’il n’est pas en mesure de faire quoi que ce soit dans le tournoi. Il n’aura pas de repères, encore moins sur gazon. Peut‐être est‐ce plus sérieux d’at­tendre le Masters 1000 du Canada, la Coupe Rogers. Moins risqué, plus de repos, d’en­traî­ne­ment et de sensa­tions. Ce Gaël nouveau, si c’est un Gaël plus raisonnable…