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Tomic attaque Federer

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Chaque jour, la Rédaction vous offre son coup de coeur ou son coup de gueule de l’Open d’Australie.

« J’adorerais affronter Roger Federer au troi­sième tour. Encore faut‐il qu’il y soit. »

Non, vous ne rêvez pas. Bernard Tomic a bien prononcé ces mots. L’Australien n’a pas le melon. Mais une pastèque à la place de la tête. Une pastèque. ‘Faut dire qu’il en a les moyens. Bah oui, Nanard vient de remporter son tout premier titre au tournoi de Sydney, en battant, tenez‐vous bien… Kevin Anderson, Andreas Seppi, Jarkko Nieminen, Florian Mayer et Marinko Matosevic. Impressionnant. Et puis, atten­tion… Il s’est offert Novak Djokovic, numéro un mondial, en début de saison. Bon, c’était à la Hopman Cup, une exhi­bi­tion. Bon, en 2012, sur le circuit, face à Djokovic, il a pris 6–2 6–3 et 6–3 6–3. Mais si, mais si, à 20 ans, il peut se targuer d’une sacrée expé­rience : 52 victoires sur le circuit ATP ! Franchement, pour­quoi respecter Roger Federer, 878 succès en carrière au comp­teur, 17 trophées du Grand Chelem et 302 semaines passées à la place de numéro un ? D’autant que Bernard a quand même drôle­ment malmené le Suisse lors de leurs précé­dentes rencontres… Il y a un an, presque jour pour jour, à Melbourne, il s’in­cli­nait face à Roger… 6–4 6–2 6–2. Ah oui, mince.

Alors, recon­tex­tua­li­sons. Avant le début de l’Open d’Australie, Roger Federer a été inter­rogé sur une possible confron­ta­tion avec Bernard Tomic au troi­sième tour du Grand Chelem austra­lien. Ce à quoi le numéro deux mondial a répondu : « Il ferait une erreur de penser à notre possible match du troi­sième tour, il faut déjà qu’il y soit. Nous devons l’at­teindre tous les deux. » Rajoutant que ce n’est pas parce que Tomic a réussi deux bonnes semaines qu’il sera classé dans le top 10 à la fin de la saison : « A mon avis, (au sujet de Tomic) nous devons y aller palier après palier et voir comment les choses se passent. Parlons en termes d’an­nées. Tout le monde veut sauter de la 60ème place, son clas­se­ment, au top 10 en un an. Mais c’est diffi­cile à réaliser. La place de numéro 10 est très exigeante. N’oubliez pas l’ac­tuelle qualité des joueurs du top 10. »

Alors qu’il atter­ris­sait à Melbourne, frai­che­ment couronné de son titre à Sydney, Bernard Tomic a eu vent de ces mots du tren­te­naire helvète. Et ne les a pas appré­ciés. Le torse bombé, le visage haut et l’œil flam­bant d’in­di­gna­tion, il a paonné : « J’adorerais affronter Roger Federer au troi­sième tour. Encore faut‐il qu’il y soit. » Il se dit même qu’il aurait fait la roue – croyez‐moi… ou pas. « Roger perdra peut‐être avant et ne m’af­fron­tera donc pas. On ne sait pas ce qu’il peut se passer, le tennis est un drôle de sport. » Le tout avec un effort d’ar­gu­men­ta­tion, excusez du peu : « J’ai battu Djokovic, numéro un mondial, donc je suis capable de tout. » Imparable. Une victoire dans une épreuve de prépa­ra­tion comme la Hopman Cup… Référence. Sa rhéto­rique suscite l’ad­mi­ra­tion des plus grands – on m’a dit qu’Aristote a crié au génie du fin fond de sa tombe. Okay, Aristote n’a pas de tombe. Quand on sait que l’ami Nanard a affirmé derniè­re­ment : « Je vais prouver que je vais être le meilleur joueur qui ait, un jour, pratiqué ce sport. » Il ne doit pas connaître cette célèbre cita­tion du penseur grec sus‐nommé : « Qui peut le plus… peut le moins. »

C’est mon coup de gueule du jour. On aime­rait croire que Bernard Tomic s’est acheté une conduite durant l’in­ter­saison. Mais, après ses déboires avec la police de son pays, ces histoires de bagarre dans un hôtel, son évic­tion de l’équipe austra­lienne de Coupe Davis, il ne semble pas avoir bien progressé sur le plan de l’at­ti­tude. Un peu de retenue, un peu de respect, un peu de calme et de séré­nité ne seraient pas de trop. Non ? Enfin, chacun ses conduites imbé­ciles. Peut‐être cultive‐t‐il son image de bad boy. Peut‐être. Ce n’est certai­ne­ment pas la manière la plus intel­li­gente de se construire un palmarès. Parlez‐en à Roger, qui a fait, lui, l’ef­fort de se calmer pour percer au plus haut niveau. Avec le succès qu’on connaît. Faible, quoi…

« Roger, mon amour », le livre événe­ment sur Roger Federer, dispo­nible ici !