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Maria Sharapova, « comme une mamie » – mais toujours aussi jeune…

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Maria Sharapova se prépare pour l’Open d’Australie. La Russe se confie, dans un entre­tien pour le Sydney Morning Herald, sur ses ambi­tions, son âge, sa vie… Pleine de séré­nité à l’at­taque d’un tournoi qu’elle a remporté en 2008, elle se sent, aujourd’hui, comme une jeune un peu vieille, une jeune vétéran et une vieille ado – mais qui a tout vécu.

« Si je suis capable de remporter un Grand Chelem après la bles­sure que j’ai eu (à l’épaule, en 2009), ce serait la plus grande victoire de ma carrière. Sans aucune doute. » On la comprend, Maria, qui, après être redes­cendue à la 129ème place mondiale en 2009, a terminé l’année 2011 en quatrième posi­tion. « Désormais, je sais ce qu’il m’a fallu traverser pour avoir la simple liberté de jouer au tennis, menta­le­ment et physi­que­ment et cette connais­sance alimente, aujourd’hui, mon désir d’avancer et de conti­nuer. Quand vous avez quatre ans, vous êtes en pilote auto­ma­tique. Vous êtes jeune, déter­minée à progresser, parce que vous apprenez chaque jour. Vous apprenez par l’ex­pé­rience, vous apprenez par les matches que vous disputez… Mais c’est quand vous êtes à l’arrêt et que vous devez repartir de zéro que vous testez réel­le­ment votre degré de moti­va­tion et votre déter­mi­na­tion. » Sharapova, qui est revenue, mi‐2009, d’une opéra­tion à l’épaule a effec­ti­ve­ment dû repartir de zéro. Le plus surpre­nant, dans cette histoire, c’est une ques­tion d’image : on n’ima­gine pas comme cette grande blonde, aux contrats publi­ci­taires fara­mi­neux, aux nombreuses acti­vités extra‐sportives, aux tenta­tions quoti­diennes innom­brables, aime son sport, aime le tennis, aime jouer, au point de consentir des sacri­fices inouïs. Serena Williams semble bien loin, qui explique, elle, jouer non par amour, mais guidée par un besoin fondamental. 

Cette capa­cité de travail et cette forme de sagesse, ce vécu, égale­ment, et cette carrière aux imprévus constants, font de Maria Sharapova l’une des joueuses les plus expé­ri­men­tées du circuit. A seule­ment 24 ans. « J’ai entendu quel­qu’un dire à quel point Petra (Kvitova) était jeune… Et, en fait, elle a 21 ans. Et, moi, je me disais : « Oh, mon Dieu ! 21 ! Qu’est‐ce que ça fait de moi ? Je suis comme une mamie ! (Rires) Comme je suis sur le circuit depuis le tout jeune âge, que j’ai commencé à gagner très jeune, ça me donne l’im­pres­sion d’être sur le circuit depuis très long­temps. Mais je ne le regrette pas. Je me sens toujours comme une adoles­cente. » Nous non plus, ça ne nous rajeunit pas… Et l’on se remé­more ce jour de juillet 2004, sur les vertes pelouses de Wimbledon… Elle s’offre alors au monde et le monde la découvre, cette grande blonde, aux jambes longues, longues comme l’Amour – le fleuve ! –, à la gestuelle déli­cate, et presque maniérée. Et l’on se remé­more cette fameuse étreinte du papa à sa fille, de ces étreintes slaves et ô combien fougueuses, dont la passion raconte, comme les pages d’un roman, le mael­ström d’émotions d’un jour d’accomplissement ou, plutôt, de nais­sance. Souvenirs…

« C’est quand vous êtes à l’arrêt et que vous devez repartir de zéro que vous testez réel­le­ment votre degré de moti­va­tion »

« Comme une adoles­cente. » Une ado que le jeu, le court et l’enjeu trans­forment : dès l’instant où l’échange s’engage, raquette en main, et jusqu’au dernier coup, n’existent ni paix, ni calme, ni déli­ca­tesse. Ses cris crépus­cu­laires et ses frappes surpuis­santes forment une paren­thèse dans son élégance natu­relle. Mais, surtout, une ado en quête de pléni­tude et de simpli­cité. « J’ai une vie tout à fait normale en‐dehors du tennis. Et c’est juste parce que j’ai choisi d’être normale et j’ai choisi de vivre une vie simple. J’aime la simpli­cité dans ma vie. Pour moi, revenir à la maison, les premiers jours, ce sont toujours les plus beaux de mon année, parce qu’a­près avoir voyagé et été sur la route, où chaque chose est prise en charge, où vous êtes conduite de partout, guidée, où vous êtes amenée au restau­rant… J’apprécie de pouvoir revenir à une forme de vie beau­coup plus réaliste. »

C’est cette « simpli­cité » qui lui permet, au quoti­dien, de trouver son équi­libre. Et de garder de la moti­va­tion, malgré le passage des saisons. « Je sais ce que j’ai dans ma vie et je sais qu’une carrière de tennis ne peut durer long­temps. Vous savez que vous ne serez capable de faire ce que vous faites dans un temps limité. Vous savez qu’à un certain point, votre corps ne vous permettra pas de conti­nuer à faire votre métier. » Or, quand on aime la compé­ti­tion comme peut l’aimer Maria… « Il n’y a rien qui m’ap­porte autant que le tennis et l’amour de la compé­ti­tion dans ma vie, que ce soit la mode, un shoo­ting photo… »

Pour conclure, telle­ment sûre d’elle : « Dans mon travail, dans ma carrière, tout est sous contrôle, tout est entre mes mains, et ça me donne une grande liberté, d’une certaine manière. Parce que je sais que si je perd un match, c’est parce que, moi, j’ai perdu ce match ; c’était entre mes mains. » Et si elle déci­dait de remporter cet Open d’Australie ? 

Le premier titre du Grand Chelem de Maria Sharapova, c’était en 2004…

Le livre « Grand Chelem, mon amour » est dispo­nible. Retrouvez les 40 matches de légendes de la décennie 2001–2011. Un livre de la rédac­tion de GrandChelem/Welovetennis.