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Toni Nadal : « L’important c’est de gagner »

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WLT/GC gâte ses lecteurs. A quelques heures de la finale, Krystel Roche, notre envoyée spéciale, est allé inter­viewer Toni Nadal. « Oncle Mago » comme l’ap­pelle Rafa nous livre ses impres­sions et quelques clés avant cette finale historique.

Toni, comment s’est passée cette journée de batte­ment entre la demi‐finale face à Fernando Verdasco, et la finale, ce dimanche, contre Roger Federer ?
Hier soir (ce matin…) il était diffi­cile de trouver le sommeil, c’est normal… Rafa a dû se coucher très tard, vers six heures du matin, quelque chose comme ça. Il s’est levé à 13 heures environ, est allé un peu à la salle de gym, a fait quelques exer­cices. Puis nous sommes venus au stade en fin d’après-midi, vers 17h30, pour bouger, s’entraîner un petit peu. Nous n’avons rien fait de « parti­cu­lier » aujourd’hui.

Après sa demi‐finale, en confé­rence de presse, Rafael avait déclaré qu’il avait quelques petites douleurs au dos. Quel est l’état des lieux ? Aucune douleur à noter dans la nuit, ou à l’entraînement ?
Non, aucune. Le prin­cipal est de récu­pérer. Et la seule chose que nous souhai­tions, c’était bouger un peu aujourd’hui, s’entraîner tran­quille­ment afin que Rafa tape un peu la balle, ait de bonnes sensations.


Après s’être affrontés à 18 reprises, dont sept fois en finales de Grand Chelems, peuvent‐ils encore se surprendre l’un l’autre ?

Se surprendre ? Non, je ne crois pas. L’un peut faire un très bon match, et l’autre non. Ça, oui. Mais je ne pense pas qu’ils se surprennent. Tout dépend aussi de ta forme du moment, si tu es « dans un bon jour », ou pas. 


Disputer le titre à Roger : est‐ce la meilleure‐ ou la pire‐ nouvelle possible pour Rafa ?

Personnellement, je dirais qu’il est beau­coup plus exci­tant de jouer en finale le 100e mondial. Je n’aime pas retrouver le meilleur du circuit en finale, et ce, sur chaque tournoi. Bien évidem­ment, je préfè­re­rais que la victoire soit plus facile que diffi­cile. La personne qui dit le contraire, je ne la comprends pas. Tout simple­ment parce que pour moi, le plus impor­tant c’est gagner. Et je sais perti­nem­ment que nous avons plus de chances de gagner sans Federer qu’avec Federer. Alors… Je ne préfère pas le retrouver à ce stade du tournoi ! (rires)

Après avoir disputé un match aussi dingue que cette demi‐finale face à Fernando Verdasco, et s’être imposé au terme de 5h14 de jeu, n’y a‑t‐il pas un risque de se dire que l’on est d’ores et déjà arrivé au bout de son tournoi, alors qu’il reste le match le plus impor­tant à jouer ?
C’est peut‐être un peu son senti­ment aujourd’hui. Mais je peux vous assurer que dès demain… Rafa est un joueur expé­ri­menté. Il sait qu’il y a un monde entre la place de fina­liste et celle de vain­queur. On se souvient du nom de celui qui soulève le trophée, pas de celui qui a perdu au pied de la première marche. Nous en sommes conscients, c’est pour­quoi nous ne conten­te­rons pas de la victoire sur Verdasco en demie. Victoire qui a bien sûr été très impor­tante puisqu’elle a offert à Rafa la quali­fi­ca­tion pour la finale. Demain, Rafa aura toute la moti­va­tion possible pour réaliser le meilleur match qui soit.

Federer aura béné­ficié d’un jour de repos supplé­men­taire. Il sera donc plus « frais » que son adver­saire. Sur quoi Rafael devra‐t‐il mettre l’accent pour avoir, lui aussi, un avan­tage dans cette finale ?
L’avantage, c’est que lorsque nous finis­sons, nous allons à Majorque (rires) ! Plus sérieu­se­ment, sur le court… Federer, c’est… (soupir), c’est le meilleur joueur de l’histoire. De plus, il est le meilleur sur cette surface, et a déjà gagné quatre fois ici. Sans compter que Rafael a joué cinq heures, lui non…

Rafa reste toujours très admi­ratif de Federer, même si c’est lui, désor­mais, le n°1 mondial

C’est normal. Parce que Roger Federer est plus grand que Rafael, il n’y a pas de problème avec ça. Rafael a été le meilleur joueur en 2008, puisqu’il a gagné plus que Roger cette saison. Mais Federer a fait beau­coup plus que Rafa. Si l’on regarde les statis­tiques au même âge, honnê­te­ment, cela ne veut rien dire : au même âge, Hewitt était mieux que Federer, et fina­le­ment… Jusqu’à présent, Federer est mieux. Maintenant, si Rafael gagne encore 10 Grands Chelems, à ce moment là, je dirai que Rafael est le meilleur. On verra… (sourire)

Qu’as-tu pensé du parcours des fran­çais tout au long de la quin­zaine ? T’attendais-tu à ce que deux repré­sen­tants trico­lores aient atteint les quarts de finale ? 
Oui. Il y avait déjà deux fran­çais au Masters de Shangaï (Gilles Simon et Jo‐Wilfried Tsonga). Ils font partie des meilleurs, sont tous les deux dans le top 10 de toute façon. Simon est un joueur très diffi­cile, a fait un bon tournoi, a perdu contre Rafael, à l’issue d’un match diffi­cile. Tsonga est aussi un très grand joueur, et a perdu contre Verdasco, qui était dans une forme incroyable. Les deux ont atteint les quarts de finale. Ce n’est pas mal ! Je crois que ces deux‐ là sont très forts. J’espère toujours de Gasquet, qu’il aille, lui aussi, très haut, comme Gael Monfils.

Trouves‐tu que leur état d’esprit a évolué, qu’ils viennent avec plus de convic­tions et de confiance en eux, et croient davan­tage en leurs chances ?
Je crois que Simon a un esprit très combatif. Il est toujours là, est toujours fort dans sa tête. Tsonga, je le connais moins bien, et c’est toujours compliqué avec les bles­sures à répé­ti­tion. Mais c’est lui aussi avec un poten­tiel très grand. Il a un service très bon, un coup droit incroyable… Quelqu’un comme ça peut très bien gagner le tournoi lors d’une prochaine édition.

Krystel Roche pour GC/WLT à Melbourne.