Ce week‐end, le tennis suisse s’apprête à fêter un petit événement : le retour du héros maison en équipe nationale après deux longues années d’absence. Nullement déboussolé par sa défaite surprise contre Jo‐Wilfried Tsonga en quart de finale de Wimbledon, Roger Federer a décidé d’être de la partie contre le Portugal, l’objectif étant une qualification pour les barrages d’accession au groupe mondial.
Une décision somme toute banale et pourtant… Avec 48 matchs à son actif en Coupe Davis sous les couleurs rouge et blanc, l’ancien numéro 1 a montré, s’il le fallait, son attachement à son pays. Il n’empêche, depuis deux ans les critiques fusent à l’encontre de Federer, jugé « individualiste », « peu patriote », « non reconnaissant »… n’en jetez plus. Si la presse n’est pas tendre à l’égard de l’attitude du Bâlois envers son équipe nationale, les Suisses eux ne lui pardonnent toujours pas son faux bond de septembre dernier. Initialement prévu pour affronter les représentants du Kazakhstan, Fedex déclara forfait au dernier moment. Résultat, une défaite humiliante 5 à 0 pour les Helvètes et une relégation à la clé. Il a beau se défendre : « Cela a été une horreur […] Personne ne peut imaginer que cela ne m’ait pas affecté « , le mal est fait, il est le coupable tout désigné de cette débâcle. Forcément.
Or aujourd’hui Roger a semble‐t‐il pris la démesure de la désaffection d’une partie du public à son endroit. Car malgré ses exploits, ses seize Grands Chelems glanés, ses soixante‐sept titres décrochés, ses 285 semaines à la tête du classement ATP, son manque de sérieux envers la délégation suisse restera son talon d’Achille au moment de construire sa légende. Pour autant à 29 ans, le Suisse assure être prêt à franchir le Rubicon, quitte à mettre entre parenthèse sa carrière individuelle : « Si je joue, c’est une priorité. Ma priorité est donc de revenir dans le groupe mondial avec la Suisse ». Mieux, quelques jours plus tard lors d’une interview pour le site d’information TsrSport.ch, il récidive : « Si je décide de me concentrer sur la Coupe Davis, je devrais jouer moins de Master Series […] Je perdrais peut‐être des places à l’ATP, mais c’est un choix que j’envisage pour l’avenir ». Certains objecteront qu’il a déjà fait le coup par le passé, d’autres qu’il est sincère, l’avenir tranchera.
Quoi qu’il en soit, le numéro 1 Suisse fait bel et bien partie de l’équipée à Bern. Débarqué lundi dernier en vu de l’affrontement prochain contre le Portugal, Federer paraît requinqué après une période difficile pour lui à gérer. Sobrement sur sa page officielle Facebook, il déclare » à Bern, entrain de passer du bon temps avec l’équipe Suisse pour la Coupe Davis. ». Sourire aux lèvres, attitude décontractée, et regard malicieux, la photo qui accompagne son message ne laisse planer aucun doute sur la joie retrouvée du Champion. Il faut dire que l’ovation qu’il reçue à son arrivée, puis le millier de supporters venu assister à son entraînement, lui qui s’attendait à une volée de bois verte, ont certainement dû le convaincre qu’il avait fait le bon choix en renouant avec l’équipe nationale. Qu’elles semblent loin désormais ces paroles prononcées par Roger Federer en 2010, qui pour se justifier de son absence prétendait que « La date ne me convenait pas » car « J’a[vais] d’autres priorités »
Dans quelques jours donc, Fedex retrouvera le maillot suisse et le bonheur de jouer à nouveau à domicile, des années après son dernier match là‐bas. Face à la modeste équipe du Portugal, la formation helvétique est donnée largement gagnante, d’après les dires même du capitaine adverse, Pedro Cordeiro : « On va essayer de faire de notre mieux pour créer la surprise, mais la Suisse est clairement favorite ». Un constat terrible qu’il tente d’édulcorer maladroitement « Il arrive aussi que Federer et Wawrinka perdent un match de temps en temps ». Ouf ! Reste que pour les médias suisses et plus généralement la presse sportive, la victoire contre Frederico Gil et Rui Machado, respectivement 90 et 93ème joueur mondial, ne devrait être qu’une simple formalité. Une promenade de santé. En caricaturant à peine les avis de ces journaux, l’équipe rouge et blanc pourrait se passer de son leader pour s’imposer. Alors pourquoi ce retour en fanfare du héros local ? Le joueur avoue à demi‐mot son réel objectif : « Wimbledon, ce n’est certainement pas les JO. Je ne vais pas devoir attendre pendant quatre ans pour avoir une nouvelle chance ». Londres n’est que dans quelques mois…
Publié le mercredi 6 juillet 2011 à 11:16