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Un grand Robert !

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C’est la perf’ du jour. Stéphane Robert, 140ème joueur mondial, issu des quali­fi­ca­tions, domine Tomas Berdych, tête de série numéro six, au terme d’un match fou, 3–6 3–6 6–2 6–2 9–7, après 3h20 de jeu.

Stéphane Robert se décrit comme « le tonton flin­gueur du circuit ». Aujourd’hui, autant vous dire que ce tonton flin­gueur s’est fait Parrain coupeur de tête. Le contrat ? C’est Tomas Berdych qui l’avait sur sa personne. Mais nul n’en savait rien… D’ailleurs, les deux premiers sets laissent imaginer un match sans suspens, de ces matches qui se passent, qu’on oublie peu après. Une exécu­tion sommaire. Mais, en face, le sieur Robert cachait bien son jeu… Semblable à l’eau qui dort, profi­tant de l’effet de surprise, il flingue son adver­saire dans les trois manches suivantes à coup de points gagnants (62) et de réus­site bluf­fante. Dans un court numéro deux en feu, Steph’ fait preuve d’un culot à toute épreuve, montant à la volée avec une belle effi­ca­cité (18÷22), et d’un mental d’acier, allant jusqu’à sauver une balle de match. Au final, son contrat est exécuté et Tomas Berdych, éliminé. 

Joueur atypique, au parcours impro­bable et chao­tique – la faute à des bles­sures et à une hépa­tite -, Robert arri­vait à Roland Garros avec une ambi­tion… en profiter. Redescendu dans les profon­deurs du clas­se­ment après une année dans le top 100, il s’était fixé, comme objectif, cette saison, la quali­fi­ca­tion dans chacun des tour­nois du Grand Chelem. Pari tenu, à Melbourne et Paris. Et telle­ment mieux ! Avec cette victoire sur le sixième joueur mondial, il se qualifie pour la première fois au deuxième tour de Roland Garros, pour la deuxième au deuxième tour d’un Grand Chelem, rempor­tant, pour la première fois, un match en cinq sets. Des deuxièmes, des premières… Le plaisir est immense, d’autant que Robert restait sur des mauvais souve­nirs de rencontres de ce type. En Australie, en 2010, il mène deux sets à zéro contre Albert Montanes, 32ème à l’ATP – lui est 104 – avant de s’écrouler et perdre en cinq. A Wimbledon, scénario inverse : il est mené deux sets à zéro face à Philip Petzschner, revient à deux partout, avant de s’incliner. A l’époque, son coach d’alors, Ronan Lafaix, nous avait confié sa frus­tra­tion et ses regrets. 

Le signe indien est désor­mais vaincu et c’est Berdych qui en fait les frais. Une énorme surprise, même si Robert n’en est pas à sa première bande­rille : rappelez‐vous, en janvier 2010, il s’était qualifié pour la finale du tournoi de Johannesburg, en domi­nant, en demie, David Ferrer, 18ème joueur mondial. Mais c’était en deux sets, à l’autre bout du globe. Pour Tomas, c’est la cata. Le voici qui va perdre ses 720 points de demi‐finaliste, avant de s’attaquer à une montagne : la défense de sa finale à Wimbledon. Evacuer la décep­tion, tel sera son maître mot. Pendant ce temps, Stéphane Robert pourra profiter et savourer, lui, un parcours déjà formi­dable. Il aura d’ailleurs l’occasion de se quali­fier pour le troi­sième tour face à Fabio Fognini. Ce contrat‐ci, par contre, il faudra l’exécuter à la lumière des projec­teurs, Mister Robert…