C’est dingue, mais c’est comme ça. L’événement, à Melbourne, n’était pas tant sur les courts que dans les travées : un homme, ou plutôt deux, et leur légende respective ont fait frémir le petit monde du tennis et sa presse internationale.
Retrouvez, chaque jour, la chronique de la Rédaction sur cet Open d’Australie 2014.
Les journalistes se pressent sous les 36°C de Melbourne. On joue vicieusement des mains et des coudes en bourrant des côtes un peu trop exposées, on pousse de l’épaule un collègue suédois monté comme un meuble Ikea, on se dresse sur la pointe des pieds pour voir une touffe de cheveux clairs, déclenchant l’ire d’un caméraman barbu à l’haleine douteuse… C’est l’événement du jour. Les trois sets de Novak Djokovic face à Lukas Lacko ? Pas vraiment passionnant. La défaite étonnante de Petra Kvitova face à l’obscure Luksika Kumkhum ? Etonnant, mais non. La conférence de presse de François Hollande et les révélations de ses parties de jambes en l’air avec Julie Gayet ? On s’en fout. Les clopes qui augmentent de 20 centimes ce lundi, faisant de nos amis fumeurs des nababs aux richissimes péchés ou de futurs clopivores qui devront se nourrir de mégots par manque de moyens financiers ? Vous n’y êtes pas. Non, l’événement du jour à Melbourne, c’est… la première séance d’entraînement de Roger Federer sous l’œil avisé de Stefan Edberg. Une séance qui a déclenché une véritable ébullition chez les médias de la presse internationale.
Parce que Roger Federer demeure Roger Federer. Parce que tout le monde attend de voir, avec une forme de curiosité malsaine, la direction que va prendre sa saison, comme on guette la fenêtre du voisin cocu pour voir si sa dispute conjugale va dégénérer en meurtre passionnel ou si elle va aboutir à un rabibochage sur l’oreiller (non, mais je suis un malade, moi)… Parce que Stefan Erberg jouit de l’aura d’un seigneur et que l’on se demande tous s’il va être aussi beau et bon coach que joueur, capable de conseiller un gars qui est déjà le plus grand de son sport.
Stefan Edberg greets the media after his 1st @AustralianOpen practice session coaching Roger Federer. #ESPNAO pic.twitter.com/j9qkdffEYr
— Darren Cahill (@darren_cahill) 13 Janvier 2014
Alors on s’arrache les premiers mots de l’un des derniers chantres du service‐volée : « C’est sympa d’être de retour à Melbourne. Je n’étais plus venu ici depuis la dernière fois que j’y ai joué, en 1996. C’est sympa d’y être et d’être présent sur le même court que Roger (Federer). » Oui, bla‐bla, c’est bien c’est émouvant, moi aussi ça me tripote le duodénum, mais dis‐nous, Stefan, comment ça s’est fait, avec Roger ? « Il m’a appelé en octobre. Il avait besoin de quelqu’un à ses côtés. Son équipe m’a demandé comment j’étais prêt à l’aider. » Et pourquoi n’as‐tu pas accepté tout de suite ? C’est un poste en or massif, un truc de seigneur ! « J’ai vraiment dû y réfléchir parce que c’est le genre de décisions qui changent votre vie. Mais, parce que c’est Roger, parce qu’il est un immense joueur et un grand ambassadeur pour son sport, après quelques semaines, je me suis dit : pourquoi pas ? Allons‑y. Et, maintenant, je suis vraiment heureux d’être ici. » Aaaaaah ! Bon, on savait déjà tout ou partie de ce scénario, mais tu sais ce que c’est, tu nous connais, on est des journaleux, on a des colonnes et du signe à gratter.
Venons‐en aux choses sérieuses… C’est quoi, le projet ? Il n’est pas assez mûr, Federer, il a encore besoin de conseils ? Fais‐nous marrer, il peut progresser, vraiment ? « Cela fait longtemps que Roger joue au tennis, il a beaucoup d’expérience, mais il y a toujours de la place pour progresser, oui, c’est sûr. Vous devez améliorer votre jeu chaque année parce que vos concurrents, tout le monde, eux, progressent. Je vois déjà deux‐trois choses à faire, même si l’objectif principal c’est de rester en forme et motivé. Vouloir être sur le court. Il a une super équipe à ses côtés et, désormais, j’en fais partie. J’espère pouvoir lui amener quelques idées et l’inspirer un peu. Roger a besoin d’être motivé. »
D’accord. Une seconde, alors, je ravale mon ironie, elle a le goût de la présomption mal placée – c’est amer, c’est dégueulasse. Mais, du coup, on imagine que l’objectif n’est pas de s’offrir une tournée d’adieu en présence de légendes du tennis, d’aller cueillir des pâquerettes et des fraises sauvages pour satisfaire Mirka ou de dévaliser les magasins de gosses, couches, turbulettes et hochets des zones industrielles… « Il possède toujours une superbe jeu et, s’il est motivé, il peut toujours jouer un formidable tennis. Je veux vraiment le voir aller de l’avant et remporter un Grand Chelem cette année, parce que je pense qu’il en est toujours capable s’il joue son meilleur tennis. » Un Grand Chelem ? L’objectif est de gagner un Grand Chelem ? Avec Novak Djokovic dans les parages ? Rafael Nadal ? Andy Murray ? Juan Martin Del Potro ? Gagner un tournoi du Grand Chelem ?
Bah oui. Et le pire, c’est qu’on y croit.
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Publié le lundi 13 janvier 2014 à 20:07