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Il fallait s’y attendre, le Qatar, grand pays de tennis, a décidé de faire trembler la planète tennis. Sa cible, « notre » Roland Garros. Il faut dire qu’après l’OPA sur le football mondial, c’est presque logique. Alors faut‐il s’en étonner ? Ou crier au loup ? Ou alors tourner sept fois sa langue dans sa bouche avant de parler, puis se rétracter. Le dossier est plutôt lourd, et je pense qu’en écrivant ces lignes, je prends quelques risques. J’en suis conscient mais je n’ai pas peur, car le Qatar, comme destination de vacances, on fait mieux, beaucoup mieux.
Faisons comme si j’étais passionné de tennis, directeur d’un fond d’investissement sans souci de rentabilité, et fin stratège en communication et marketing. Mon premier souci est de cibler une date sur le calendrier où je pourrai défier les existants. Comme je vise le haut du pavé, car j’ai déjà plus ou moins experimenté le circuit ATP, alors il ne me reste plus que les tournoi du Grand Chelem.
Pour motiver mon équipe aux dents longues et au carnet de chèques bien fournis, quatre cibles, quatre histoires, quatre civilisations. D’abord Wimbledon, intouchable, historique, flamboyant, indéboulonnable, le joyaux, l’incroyable, l’insubmersible, toute la force encore existante du monde anglo‐saxon, de la City, en gros du Royaume Uni. Deuxième « target », l’US Open, le bordel, le bruit, l’illusion, le paradis perdu. Impossible, pour d’autres raisons, et juste impensable.Reste alors le lointain, le soleil et les kangourous, mais là , le challenge n’a pas de sens, pas assez d’impact, trop marqué, trop chaud, trop ringard aussi.
Finalement la piste idéale, c’est ce petit village gaulois qui a depuis longtemps perdu sa potion magique, il ne reste que les vestiges d’un temps passé s’appuyant sur une organisation qui rêve d’une splendeur jaunie par le temps et d’un avenir complètement incertain. Trop cocardier, trop franchouillard, en panne sèche d’idées, de joie. Donc point de Roi Soleil et un central sur fond de Château de Versailles, mais plutôt un agrandissement étroit où il faut chasser des plantes équatoriales. Bref, pas de vision, pire, un manque d’ambition.
La cible identifiée, il s’agit donc de poser des jalons, d’envoyer des émissaires, de laisser l’idée s’installer. Après tout, on est pas pressé, Rome ne s’est pas construite en un jour. Il faut aussi annoncer un chiffre histoire de mettre tout le monde d’accord. Alors, je pose 50 millions de prize money contre les 30 du tournoi. Comme ça, c’est pas la peine d’en rajouter. Et, à terme, ça excusera tout le monde : les joueurs, les perdants, et Roland Garros qui ne peut pas lutter.
Bref, my Qatari is rich. On est foutu, je vous le dis. Reste ce stade, cette terre, ce rouge, ce blanc, c’était il y a pas si longtemps. A Montréal, après les Jeux Olympiques de 1974, ils ont transformé le vélodrome en Biodome, on peut y voir gambader des pingouins. En 2020, il se peut qu’un projet soit proposé pour le stade Roland Garros abandonné. Il n’y n’aura toujours pas de toit, mais on sera bien obligé d’accepter d’accueillir le Jubilé de Bob Sinclar.
Bon vous l’avez compris, ça c’était pour essayer d’en rire. Le reste, c’est plus sérieux et cette offensive qatarienne n’a rien de terriblement drôle. J’espère juste que nos « leaders » charismatiques ont bien compris le message car il y a danger. Danger de se faire acheter, danger d’en rire, ou d’en pleurer.
Même si visiblement Dubaï est devenu une destination à la mode, que le Qatar accueillera la Coupe du monde de football, il n’y a pas de fatalité. Encore faut‐il avoir le courage, l’envie de se battre…Et c’est peut‐être là, le vrai problème. L’Europe est morte, la notre, surement. Celle que My Qatari est entrain de construire semble elle florissante, chercher l’erreur…
PS : Je précise quand même à ceux qui me prenne pour un ignare que je sais que Dubäi c’est pas au Qatar, j’ai fait sciemment un amalgame car j’estime que dans cette partie du monde il y a une certaine forme de « philosophie », et les Emirats Arabes Unis ont aussi oeuvré dans le sport, si vous êtes amateur de courses hippiques vous le savez bien..
PS2 : Vu les commentaires non conformes, j’ai décidé de fermer mon billet. Merci à ceux qui comprennent le sens de mes propos et qui respectent mon travail. Mon objectif n’est ni la provocation, ni battre le record de commentaires.
Publié le mercredi 2 octobre 2013 à 18:15