AccueilPadelAdrien Maigret : "Le padel est un sport qui me correspond bien"

Adrien Maigret : « Le padel est un sport qui me corres­pond bien »

-

Numéro 1 fran­çais et membre de l’équipe de France qui a terminé les derniers cham­pion­nats du monde à la quatrième place, Adrien Maigret a connu une progres­sion fulgu­rante dans le padel. GrandChelem Padel est parti à sa rencontre. Entretien.

Crédit photo : Padel Magazine

Adrien, comment es‐tu arrivé au padel, toi qui est aujourd’hui le numéro 1 français ?

Il y a plusieurs années, j’avais entendu parler du padel par un ami, Sébastien Ruiz de Conejo, qui m’avait invité à plusieurs reprises au club des Pyramides (Port‐Marly, Yvelines) où j’avais vu une partie de mon frère aîné Sébastien. En 2016, j’ai décou­vert le padel mais sur le terrain cette fois : j’ai joué une première fois à Carrières‐sous‐Poissy avec Benjamin (Tison), Fred (Pommier) et un autre ami Julien (Blot). Ils avaient déjà joué l’été précé­dent pendant leurs vacances au Portugal. J’avais joué avec les trois parte­naires, j’avais tout perdu et j’étais donc un peu frustré (rire). Sébastien Ruiz de Conejo me propose une deuxième partie à Champigny‐sur‐Marne et je sentais mieux la balle avec les vitres et les trajec­toires. Lorsque le Padel Club (à Bois d’Arcy, Yvelines) a ouvert, j’ai vrai­ment commencé à jouer car c’était à côté de chez moi. Julien, mon autre frère, s’y est mis et on a commencé à faire des tour­nois ensemble.

Te souviens‐tu de ton premier tournoi ?

À l’époque, les tour­nois n’étaient pas rangés dans les caté­go­ries comme aujourd’hui (P100, P250, P500 et P1000). J’avais joué avec Séb (Ruiz de Conejo) au club de foot en salle de Champigny‐sur‐Marne et on avait perdu en finale contre Quillet et Kosir. On avait battu la paire Fabien Veber et Fabrice Ortiz en demi‐finale, et ce dernier est depuis devenu mon coach (sourire). Le premier P1000 que je fais était à Bois d’Arcy avec mon frère Julien. On s’incline en finale face à Ferrandez/Salines après avoir battu des bonnes paires comme Scatena/Ritz.

Ton ascen­sion a été assez fulgu­rante, as‐tu senti un déclic ?

Il est vrai que j’ai commencé à gagner assez rapi­de­ment. D’ailleurs, dès mon premier P1000, qui comp­tait de très bonnes paires fran­çaises, on ne s’incline qu’en finale. À l’époque, je n’étais pas encore très à l’aise avec les vitres, je jouais avec mes qualités de joueur de tennis et je m’adaptais par rapport à ce que je voyais du padel. Après six ou sept mois de padel, dès notre premier gros tournoi, on fait finale. En voyant jouer les meilleurs joueurs fran­çais, je trou­vais que ça jouait vrai­ment bien, mais cela ne me parais­sait pas inac­ces­sible. Pour l’anecdote, avec Sébastien Ruiz de Conejo, on rigo­lait et je lui disais : « Tu verras, laisse‐moi un an et je serai numéro 1 fran­çais. » Il me disait que j’avais le boulard, que je devais commencer par gagner des tour­nois et que si j’étais en finale à Bois‑d’Arcy c’était en raison du manque de hauteur. C’était un petit jeu entre nous, mais fina­le­ment un an après, j’ai réussi à devenir numéro 1.

Comment expliques‐tu que tu aies aussi bien accroché avec le padel ?

C’est un sport qui me corres­pond bien. J’ai joué au tennis, mais sans être très investi pour atteindre le très haut niveau, car je faisais peu de tour­nois. J’étais un vrai joueur de club. Ma plus grosse saison était à 50 matchs maximum. J’ai été −4÷6 et long­temps à −2÷6. Mon seul projet dans le tennis était d’être coach et c’est vrai­ment ce qui m’a branché. J’en ai eu envie très tôt puisqu’à 1314 ans, je donnais déjà des cours dans mon club. Comme le padel se joue à deux, cela me rappelle les doubles au tennis et les matchs par équipes que j’adorais. C’est telle­ment convi­vial, on est proches entre les joueurs. Il y a beau­coup de volées, des coups en toucher, la recherche de petites zones, des smashs, de l’agressivité, ce que l’on trouve de moins en moins au tennis. Et puis, à Bois‑d’Arcy, on a tout de suite formé un bon petit groupe homo­gène, d’une dizaine de joueurs, ce qui nous a permis d’avoir une émulation.

« Il faut progresser, mettre des choses en place et se professionnaliser »

Comment a débuté ton asso­cia­tion avec Benjamin Tison qui semble si natu­relle aujourd’hui ? Un gaucher, Benjamin, et toi le droitier…

J’ai décou­vert le padel par « Ben », c’est lui le premier à m’avoir invité. On se connaît depuis long­temps, on s’est joué au tennis à plusieurs reprises et on était licen­ciés dans le même club. On a toujours eu une rela­tion amicale. Quand on se voyait, on avait le feeling. Quand j’ai commencé le padel en compé­ti­tion avec mon frère Julien, Ben (Tison) et Fred (Pommier) étaient nos rivaux (rires). Le padel créé des liens. Personnellement, j’avais envie d’aller faire tous les tour­nois et mon frère Julien bossait le samedi. Le premier tournoi joué avec Ben était à Perpignan en septembre 2017. Julien et Fred, nos parte­naires habi­tuels, ne pouvaient pas s’y déplacer. On gagne le P1000 en battant deux Espagnols, Salines et Closa. On a senti qu’on était à l’aise pour jouer ensemble. On se trou­vait assez faci­le­ment sur le terrain, sans se gêner. On a le même style de jeu en étant très agressif. Par la suite, j’ai encore gagné des P1000 avec Julien. Mais j’ai changé de parte­naire pour une ques­tion de dispo­ni­bi­lités, de moti­va­tion et d’investissement. Avec Ben, on a les mêmes envies. Finalement, Fred et Julien nous ont même conseillé de jouer ensemble avec Ben.

La parti­ci­pa­tion au mondial en fin d’année 2018 où vous terminez quatrième a‑t‐elle été un tournant ?

Un tour­nant dans la moti­va­tion, non. Avant le cham­pionnat du monde, avec Benjamin, nous avions battu des bonnes équipes. J’avais parti­cipé à mon premier tableau final de World Padel Tour en Suède avec Robin Haziza et avec Benjamin on fait trois sets sur des joueurs dans les 6070 mondiaux à Mijas. Autrement dit, avant les mondiaux, on sentait qu’on avait quelque chose à faire. Les mondiaux ont confirmé cette tendance et ont été une excel­lente expé­rience. On a pu baigner dans le monde du padel et on s’aperçoit qu’il y a des joueurs qui sont large­ment au‐dessus, mais qu’il y a un niveau acces­sible. Pour cela, il faut progresser, mettre des choses en place et se professionnaliser.

Justement, depuis avec Benjamin, vous avez mis en place une struc­ture d’entraînement en France ?

Depuis janvier, on s’entraîne avec Fabrice Ortiz. Avant, par rapport à nos contraintes profes­sion­nelles (tous les deux sont profes­seurs de tennis), on faisait simple­ment un match d’entraînement par semaine, le jeudi. Mais c’était simple­ment des parties, pas un entraî­ne­ment spéci­fique. C’est en enchaî­nant les tour­nois qu’on a pu progresser. Alors, on a voulu rajouter quelque chose. Au début, on avait pensé travailler avec Simon Boissé car on appré­ciait ses retours et analyses après nos matchs. Il y avait un bon feeling. Malheureusement, comme il est sur Laval, c’était diffi­cile à mettre en place. On a entendu parler de Fabrice (Ortiz) et toutes les personnes qui l’ont côtoyé nous ont expliqué que c’était un super coach. On s’entraîne indi­vi­duel­le­ment le mardi et on a rajouté un entraî­ne­ment physique.

As‐tu senti une évolu­tion dans ta façon de jouer depuis vos débuts avec Fabrice Ortiz comme entraîneur ?

Le discours de Fabrice a été simple : il ne veut pas changer notre jeu et nos qualités, car il ne veut pas nous déna­turer. En revanche, on va travailler d’autres aspects afin d’être capables de nous adapter à diffé­rentes situa­tions. Il a réussi à renforcer notre jeu offensif tout en y appor­tant des varia­tions pour être capables de gagner diffé­rem­ment. C’est ce que l’on a prouvé dans les premiers P1000 de l’année. On a réussi à s’imposer sans faire ce que l’on faisait habi­tuel­le­ment, à savoir mettre de la puis­sance et ne pas laisser de temps à l’adversaire. On a gagné en chan­geant notre style de jeu, ce qui nous permet d’avoir une palette plus étoffée.

Avec ces progrès, ça donne envie d’aller se tester sur le circuit mondial, non ?

Dans l’idée, je me pose des ques­tions. Je sens qu’on a le poten­tiel pour aller plus haut. Je dois encore plus m’entraîner physi­que­ment et me perfec­tionner dans mon padel. Même si cette année on en fait plus, on doit encore plus s’investir. J’ai bientôt 32 ans et je ne réflé­chis pas comme si j’avais 20 ans. Si j’avais eu ce niveau à 20 ans, je n’aurais même pas hésité une seconde et je serais parti m’entraîner avec les meilleurs joueurs. À 32 ans, tu réflé­chis diffé­rem­ment et il y a d’autres choses dans la vie. En tout cas, cette année, on va faire plus d’étapes du World Padel Tour en fonc­tion de notre struc­ture d’entraînement et de notre travail.

Néanmoins, as‐tu un rêve dans le padel ?

Il y a deux aspects. En tant que joueur, je dirais faire partie des meilleurs joueurs mondiaux et consa­crer tout mon temps au padel. Le deuxième serait à moyen‐long terme, j’aimerais travailler dans le padel et le déve­lopper en entraî­nant des jeunes pour les amener à un bon niveau. En fait, je réflé­chis à ces deux projets.

« Je rêve de faire partie des meilleurs joueurs mondiaux, mais aussi de travailler dans le padel et de le déve­lopper en entraî­nant des jeunes pour les amener à un bon niveau »

Tu parles de déve­lop­pe­ment du padel, tu te vois t’investir pleinement ?

L’investissement que j’ai mis dans le padel, je ne l’avais pas mis dans le tennis. Je kiffe vrai­ment ce sport. Il mérite d’être connu et déve­loppé. Le padel réunit tous les aspects pour être pratiqué. Je rêve aussi que le padel soit diffusé à la télé­vi­sion. Il y a des simi­li­tudes avec les autres sports de raquettes, mais quand on regarde les matchs de très haut niveau, on ne voit pas de gestes de joueur de tennis.

As‐tu un modèle dans le padel ?

C’est très basique, mais j’aime beau­coup Bela (Fernando Belasteguín). C’est la légende de ce sport parson palmarès et il a gagné avec tous ses parte­naires. Quand on écoute les autres joueurs, tout le monde dit qu’il est un peu moins impres­sion­nant que certains comme Paquito (Navarro). Mais il fait tout très bien et gagne avec tout le monde. J’aime aussi énor­mé­ment Stupa (Franco Stupaczuk), car il se passe toujours quelque chose avec lui. Il y a toujours des points fous. Il saute dans tous les sens et c’est ultra spectaculaire.

Pour finir Adrien, j’ai cru comprendre que tu avais un côté « geek »…

(Rires.) Je suis passionné de jeux vidéo. Comme beau­coup de monde main­te­nant, je joue à Fortnite. J’aime surtout les jeux rétro, les jeux auxquels je jouais dans mon enfance. Je suis assez nostal­gique de cela. J’adore me faire des sessions de Zelda sur la Super Nintendo… Ça prend du temps aussi (rires).