AccueilFederer : "J'ai ressenti une forme de panique"

Federer : « J’ai ressenti une forme de panique »

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Passé à deux doigts de l’éli­mi­na­tion au premier tour face au Colombien Alejandro Falla, Roger Federer s’est longue­ment confié en confé­rence de presse à l’issue de la rencontre. S’il a admis avoir été chan­ceux, le Suisse veut surtout retenir le fait d’avoir renversé une situa­tion bien mal embar­quée. Surtout qu’à l’heure d’at­ta­quer le second match, « les comp­teurs seront remis à zéro ».

Beau sauve­tage Roger. Vous êtes‐vous dit à certains moments que vous alliez perdre ?

Oui, quelques fois (Sourire). C’est normal. Il jouait très bien. Dans le troi­sième set lorsque je suis mené 0–40 sur mon service, c’est LE moment le plus dur parce que si je ne reviens pas dans ce jeu, je pense que je ne parviens pas à débreaker derrière. Dans le 4ème, j’avais bien plus confiance en ma capa­cité à débreaker et revenir. C’était un match diffi­cile. Il a très bien joué, je me suis pris les pieds dans le tapis très tôt dans le match mais je suis revenu et c’est le plus important.

Pourquoi étiez‐vous plus confiant dans le 4ème que dans le 3ème set ?

Je sentais que je commen­çais à taper la balle un peu mieux. Je me fais breaker bête­ment dans le premier jeu du 4e. Je n’au­rais jamais dû me faire breaker à ce moment là. Mais je commen­çais à sentir que mon revers reve­nait un peu. Je commen­çais aussi à mieux relancer ses services. Aujourd’hui, j’étais inca­pable de lire son service. J’ai été obligé de cher­cher long­temps avant de parvenir à le lire. Dieu merci, j’ai fini par y arriver.

Lorsque vous gagnez des matches comme cela, vous considérez‐vous chan­ceux, plus fort que l’autre, ou considérez‐vous que l’ad­ver­saire a tremblé et craqué au moment de conclure ?

Bon, je crois que j’ai été suffi­sam­ment malchan­ceux cette saison. J’avais besoin d’un match avec la chance de mon côté. Nous verrons l’im­por­tance que ça aura, par rapport à mon parcours ici. J’ai perdu plusieurs matches cette saison après avoir eu balle de match, 7–5 ou 7–6 au troi­sième. Et le match d’au­jourd’hui, c’est très clai­re­ment le genre de match dont j’avais besoin. Vous ne pouvez pas tous les gagner quand ils sont si serrés parce que ça se joue sur 2 ou 3 points ici ou là. Une chose que vous pouvez faire, c’est forcer le destin, aller provo­quer la chance pour qu’elle passe de votre côté. C’est quelque chose que je ne faisais pas assez ces derniers mois. Je suis content car aujourd’hui, je me suis donné une chance. Mais il a bien joué. Il n’est pas ordi­naire. On ne dirait pas comme ça, mais il est réel­le­ment très solide et vous met mal à l’aise dans le jeu. Je le savais dès le départ. Je n’al­lais pas le sous‐estimer en entrant sur le court, même si je l’ai battu 6–1 6–2 à Halle. Il a joué le feu aujourd’hui. Il m’a rendu la tâche bien difficile.

A quel point était‐ce étrange pour vous de vous retrouver si malmené dans un premier tour, surtout ici à Wimbledon ?
Cela n’est pas arrivé lors de ces 6 dernières années. Donc ce n’est pas une chose à laquelle je suis habitué. Vous vous sentez vrai­ment mal à l’aise. Si vous êtes habitué à tout le temps être mené, ce genre de situa­tion est fina­le­ment normale. Pour moi, ce n’est pas normal d’être mené 2 sets 0, parti­cu­liè­re­ment à Wimbledon et dans les premiers tours de Grands Chelems. Mais j’ai quand même été capable de trouver un moyen de revenir. C’est le plus impor­tant. Ce que j’ai ressenti quand j’étais mené ne compte pas. Mais je ne me sentais pas bien, ça c’est clair.


Comment sentez‐vous les choses pour le reste du tournoi maintenant ?

Les comp­teurs sont remis à zéro quand je commence un nouveau match. C’est une bonne chose. Donc nous verrons comment ça évoluera.

Que pensez‐vous du fait qu’il ait été capable de vous tenir tête à l’échange ?
Lorsque vous vous retrouvez embarqué dans des rallies, c’est vrai­ment diffi­cile contre lui. Il a un bon coup droit, un bon revers, il bouge bien. Je trouve qu’il a progressé au service aussi. C’est un bon joueur, un vrai talent. Il était bon chez les Juniors. Il a le poten­tiel. Et puis il a joué un grand match. Je lui ai d’ailleurs dit au filet à la fin du match. J’espère qu’il n’est pas trop déçu parce que je trouve qu’il a super bien joué. Peut‐être que je n’ai pas non plus joué le match de ma vie mais à certains moments je ne jouais pas si mal. Normalement, cela suffit pour que je gagne en 3 ou 4 sets. Mais aujourd’hui, il m’a vrai­ment poussé. C’était un adver­saire très difficile.

Vous disiez que la capa­cité à ne jamais pani­quer vous avait aidé à lancer votre carrière. Y a‑t‐il eu un moment où vous avez paniqué aujourd’hui ?

Bon, à 4 partout 0–40, j’ai ressenti une forme de panique. Je me disais aussi que les points qui m’avaient emmené à cette situa­tion, 0–40, n’étaient pas très rassu­rants pour moi. Je crois que j’ai loupé un coup droit, un revers et j’avais commencé par une double faute. Mon jeu tout entier était en désordre. J’espérais juste que je sorti­rais 3 gros services pour revenir. Mais j’ai dû revenir avec des passings, des coups diffi­ciles. Je n’ai pas toujours passé ma première. Il y a sans aucun doute eu une petite inter­ven­tion de la chance à ce moment‐là. 

Et vos nerfs dans tout ça ? C’était un premier match, votre nervo­sité a‑t‐elle joué quelque chose ?

Oui. Quand je marche dans le corridor qui mène au Centre Court, clai­re­ment, les nerfs s’en mêlent toujours. Finalement je ne demande que ça parce que pour moi, ouvrir le tournoi sur le Court Central, veut dire telle­ment… C’est un rêve pour chaque joueur de jouer le premier jour sur ce court en gazon tota­le­ment parfait. Après, mon premier jeu de service s’est bien passé. J’étais bien sur le court. Je n’étais pas parti­cu­liè­re­ment nerveux lorsque le match a commencé. Juste comme d’habitude.

Avez‐vous senti le public pani­quer pour vous ?

Pas tant que ça. Ils atten­daient que quelque chose se passe, que je fasse mon effort pour revenir. C’est géné­ra­le­ment comme ça que ça se passe avec le public lorsque je suis mené. J’étais content de réussir quelques beaux points pour revenir dans le match. Ensuite c’était clai­re­ment une atmo­sphère de thriller, ce qui était bon pour moi, ça me rendait un peu nerveux aussi. Je pense que j’étais capable d’aller cher­cher la victoire. Il ne me l’a juste pas donnée. C’est ce qui me permet aussi de me sentir bien ce soir parce qu’à la fin j’ai joué un super 5ème set. Personne ne parlera de ça, je le sais. Les gens diront « Falla était fatigué, il avait déjà craqué bien avant. » Je le répète, j’ai joué un très bon 5ème set ! J’étais enfin capable de lire son service. Mon revers commen­çait à très bien marcher. Tout s’est vrai­ment mis en place sur la fin. 

Qu’est‐ce que vous retenez de ce match main­te­nant que vous avancez dans le tournoi ? Ce 5ème set ou vos gros problèmes des premières manches ?

Je crois qu’on se doit d’être réaliste. Il y a une eu grosse menace aujourd’hui. J’ai été chan­ceux. C’est impor­tant de retirer les vrais choses de ce match, ne pas se cacher. Il y en avait des posi­tives et des néga­tives. Mais à nouveau, et Dieu merci, chaque joueur joue d’une certaine manière diffé­rem­ment. Le prochain adver­saire est droi­tier, c’est un gros serveur. Bref rien à voir avec le joueur que j’ai affronté aujourd’hui. D’avoir galéré aujourd’hui ne veut pas dire que je me pren­drai les pieds dans le tapis demain. C’est pareil lorsque vous gagnez tran­quille en trois sets. Cela ne veut pas dire que vous gagnerez le prochain match aussi faci­le­ment. C’est le tennis qui veut ça. 

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